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Mara Tremblay: uniquement pour elle

Mara Tremblay
Mara Tremblay Photo: Andy Jon/Collaboration spéciale

Il y a beaucoup de choses sur Uniquement pour toi, huitième album solo de Mara Tremblay: des claviers, un peu de guitare, de la douleur, de la solitude, mais aussi de la résilience, de la maturité et beaucoup de bonheur.

Une chose qu’il n’y a pas sur l’album cependant, ce sont des chansons d’amour, au sens romantique du terme du moins.

C’est tout de même un fait à souligner pour l’auteure-compositrice-interprète qui a toujours chanté l’amour et les déchirements qui viennent avec.

«J’ai passé plus de trois ans toute seule et ç’a m’a fait beaucoup de bien, tout en étant très difficile. J’ai pu voir d’autres horizons, d’autres priorités. Le besoin de plaire, le besoin d’être en couple… il y a d’autres choses qui se passent un moment donné», explique-t-elle avec franchise depuis son confinement à Shefford, dans les Cantons-de-l’Est.

Uniquement pour toi est donc un album de paix, de résilience et d’acceptation de soi, de ses petits comme de ses gros travers. Bref, un album de self-love pour utiliser une expression à la mode.

«L’amour envers moi-même, c’est la première étape. Si je suis capable de m’aimer, je suis capable de donner cet amour aux autres, à mes enfants, et de les épauler et d’avancer avec eux.»

Dans le cas de Mara Tremblay, ça passe aussi par l’acceptation de ses troubles bipolaires, dont elle parle ouvertement depuis qu’elle a reçu son diagnostic il y a 10 ans.

«Je veux être bien, je veux faire du bien et je veux de la paix. Et que l’album se rende aux oreilles des gens.» Mara Tremblay, à propos de ce qu’elle souhaite pour ce nouvel album

Ces moments sombres reviennent la hanter périodiquement, comme sur l’éthérée On verra demain :«J’ai la chair de poule /Et c’est pas parce que tu fais tourner ma boule /C’est qu’il y a un fil /Qui ne tient plus très bien entre ma tête et son double».

«J’ai tellement dealé avec mes humeurs dans ma vie. J’ai vu la noirceur, je me suis battue avec la maladie, avec ou sans médicaments», admet-elle.

«On verra demain, c’est comme si je la prenais dans mes bras cette maladie. Il faut l’aimer, ça fait partie de moi. Je ne peux pas juste lui donner des coups de pied au cul. C’est en la comprenant et essayant de lui donner un peu d’amour que je vais aller mieux, je pense. C’est une chanson de repos d’une certaine façon.»

Détour par Music City

Uniquement pour toi contient tout de même son lot de déclarations d’amour. À ses deux enfants devenus grands, Édouard et Victor (qui vient jouer de la batterie sur quelques pièces). À Nashville, où a été composée la majorité des chansons, via Je reste ici, qui ouvre l’album.

«Je suis complètement amoureuse de cette ville-là. Ç’a été un coup de foudre. J’en suis revenue plus belle et avec plein de chansons dans mes bagages.»

Grâce à la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SOCAN), la chanteuse de 50 ans a pu séjourner à East Nashville, quartier de ses «idoles de tous les temps» Gillian Welch et Dave Rawlings, deux figures importantes de la scène country folk indépendante.

«Quand j’ai su qu’il avait une maison de la SOCAN là-bas, je me suis dit : pourquoi ne pas essayer de me retrouver moi, toute seule, dans cet environnement. De sentir qui je suis, comme femme, comme musicienne. J’y ai trouvé beaucoup de femmes, de bassistes, de guitaristes, de chanteuses, d’ingénieures de son. Ça m’a fait beaucoup de bien en tant que femme, je suis revenue de là beaucoup plus forte.»

Ne cherchez pas toutefois d’influence country sur Uniquement pour toi. Le style préféré des Américains est à peine évoqué par un piano vaguement honky tonk sur Je reste ici. Le violon et la mandoline qui peuplaient les premiers albums de Mara Tremblay ont également disparu depuis longtemps.

«Personnellement, je n’ai pas d’attache au côté commercial du country, zéro. Ça ne vient pas me chercher. Mais c’est une ville qui couvre tellement large en termes de style de musique, c’est incroyable! On l’appelle Music City et ce n’est pas pour rien. J’avais besoin d’aller m’y immerger.»

Retrouvailles

Ce sont plutôt les synthés qui sont à l’honneur sur ce huitième opus solo. En particulier sur la quasi-eighties Paris, qui tournent la page sur deux histoires d’amour qu’a vécues la Québécoise dans la Ville lumière.

Ces effets électros sont le fruit de ses retrouvailles avec Olivier Langevin (Galaxie), avec qui elle a réalisé ses albums, sauf l’avant-dernier, Cassiopée.

Mara Tremblay a choisi Olivier alors qu’il n’avait que 17 ans pour réaliser son premier album, le désormais mythique Chihuahua (1999). Vingt ans et sept albums plus tard, le courant passe toujours entre les deux complices.

«On a une amitié humaine d’abord, mais l’amitié musicale vient du fait qu’on aime tous les deux sortir de ce qui est conventionnel», explique l’artiste lorsqu’on lui demande ce qui fait durer le duo.

«J’aime beaucoup lui présenter quelque chose et qu’ensuite on fly tous les deux dessus. Il m’amène à des endroits où il ne pourrait peut-être pas aller avec d’autres artistes parce que c’est trop flyé. Moi, c’est là que j’allume, que j’ouvre mes yeux, que je me lève et que je tripe.»

«Les deux ensemble, on se motive à faire quelque chose de différent. Parce que je n’ai pas envie que ma musique ressemble à d’autres musiques, que ma voix ressemble à celle des autres. J’ai toujours voulu faire à ma tête.»

Ce n’est pas près de changer et c’est tant mieux.


Uniquement pour toi de Mara Tremblay: en vente dès vendredi

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