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«Le Québec à l’unisson»: une fête nationale confinée mais chaleureuse

Ariane Moffatt, Richard Séguin, Pierre Lapointe et Lara Fabian pendant le spectacle Le Québec à l'unisson. Photo: Yan Turcotte / Collaboration spéciale

À défaut de pouvoir se rassembler pour célébrer, les Québécois à l’écoute du grand spectacle de la fête nationale ont eu droit à un show télévisuel chaleureux et rythmé, mardi.

Enregistré à l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières et diffusé simultanément sur Télé-Québec, Radio-Canada, TVA et V, le spectacle Le Québec à l’unisson a rassemblé sur scène une quarantaine d’artistes (à deux mètres de distance, évidemment!).

Même s’il était difficile d’imaginer une Saint-Jean sans concerts, sans feux de joie (la faute à la sécheresse et à l’interdiction de faire des feux à ciel ouvert) et sans public, les organisateurs auront réussi à créer un événement vivant, même devant des sièges vides.

D’une durée de 2h30, le spectacle animé par Ariane Moffatt et Pierre Lapointe aurait certes mérité d’être raccourci un tantinet.

Malgré tout, les moments forts ont été nombreux, le spectre de la pandémie donnant un sens nouveau à plusieurs classiques du répertoire québécois, de Amène-pas ta gang de Beau dommage à Danse dans ma tête de Céline Dion.

Non, on peut plus «veiller su’a galerie avec 12 de nos amis» comme le chantait Marie-Michèle Desrosiers, mais on peut rêver à un monde nouveau après la COVID-19, comme l’ont fait plusieurs artistes présents.

«On est issu d’un monde qui allait à la vitesse du son et qui a frappé un mur microscopique. Astheure, on peut revendiquer quelque chose de différent, de beaucoup plus lumineux, a dit le conteur Fred Pellerin en lever de rideau. J’ai la conviction profonde que ça commence, la certitude que c’est parti.»

Dans une formule qui remplaçait le traditionnel discours patriotique, le barde de Saint-Élie-de-Caxton a fait équipe avec David Goudreault, Elisapie, Christine Beaulieu et Gregory Charles pour offrir un conte moderne et politique sur un nouveau monde à bâtir.

Un monde que ces artistes veulent plus ouvert à la diversité et plus respectueux des premiers peuples et de l’environnement.

Moments forts

Si les interactions entre les artistes étaient malheureusement limitées, cette 186e fête nationale aura connu plusieurs moments forts, à commencer par le numéro d’ouverture qui promettait de Repartir à zéro.

On retient aussi le medley fort amusant qui a suivi, qui est parvenu à croiser Tout le monde en même temps de Louis-Jean Cormier et Bobépine de Plume Latraverse. Un exploit en soi.

Le segment «la Saint-Jean en papier», qui rendait hommage à la fois aux enfants qui ont subi les contrecoups de la COVID-19 et à la créativité des artisans de la télé jeunesse qui ont rendu l’âme pendant l’épidémie, a également touché la cible.

On retiendra les paroles de Lili, de Vincent Vallières : «C’est juste une passe, je te jure, fais-moi confiance, on va s’en sortir ensemble.»

Coiffée d’un lys blanc, Diane Dufresne a interprété avec classe sa pièce Vivre, accompagnée des musiciens de pas un, ni deux, mais trois orchestres symphoniques : l’Orchestre métropolitain, l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et de l’Orchestre symphonique de l’Estuaire, de Rimouski. Un exercice périlleux dont la diva s’est bien acquittée.

Dans un registre plus léger, le pot-pourri des meilleures chansons à boire québécoises, de Prendre un verre de bière mon minou à D’la bière au ciel et Arrête de boire, nous a fait sourire.

Même chose pour ce segment «chansons de feu de camp», qui nous a permis d’assister à de beau moment inattendu, comme celui d’entendre Roch Voisine chanter du Jean Leloup.

Et parce qu’une Saint-Jean sans Paul Piché n’est pas une Saint-Jean, le chansonnier de 66 ans est venu interpréter pour une millième fois Y’a pas grand-chose dans le ciel à soir avec un plaisir évident pendant qu’à l’extérieur une pétarade de feux d’artifice explosait.

Les sièges étaient peut-être vides, mais le ciel était rempli.

En douceur

Alexandra Stréliski a ramené un peu de douceur avec sa très appropriée pièce Le nouveau départ, avant d’accompagner au piano Elisapie.

Quarante-huit heures après la journée nationale des peuples autochtones, l’artiste inuit a offert un vibrant plaidoyer en appui aux langues et aux cultures des Premières Nations.

«Il ne faudra plus jamais laisser tomber personne en cours de route, les éloignés, les écorchés ou celles qui ne sont pas encore disparues. C’est de notre multitude que nait notre richesse», a-t-elle dit avec émotion.

La soirée a pris fin avec Quand on ne saura plus chanter, de Richard Séguin, entonné par la quarantaine de chanteurs présents.

Nul besoin de s’inquiéter, même s’ils ne peuvent se toucher, les Québécois savent encore chanter.

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