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«Quand la nuit tombe»: Louis-Jean Cormier, engagé et engageant

Quand la nuit tombe
Quand la nuit tombe, nouvel album de Louis-Jean Cormier, sera disponible sur toutes les plateformes dès demain. Photo: Maude Chauvin/Collaboration spéciale

Louis-Jean Cormier avait hâte à la sortie de son troisième album solo, Quand la nuit tombe. À tel point que ce n’est pas une pandémie mondiale qui va l’empêcher de se réjouir.

«J’ai l’impression que ce virus-là va amener plein de bons changements dans la population. Profitons du fait que les gens sont à la maison et ont un peu plus de liberté pour mettre ce qu’ils veulent dans leurs oreilles durant le télé-travail ou le gardiennage», explique en rigolant le leader de Karkwa, qui se qualifie «d’éternel optimiste».

Jamais l’idée de retarder la parution de l’album n’a traversé l’esprit de LJC, d’autant plus que, contrairement aux arts de la scène ou au cinéma, la musique peut encore se rendre jusqu’au public. Il a reporté les premiers spectacles de sa tournée d’une centaine de dates, qui devait s’amorcer le 27 mars.

«On va retourner à ce qu’on faisait à l’époque lorsqu’on sortait un disque. Généralement, on ne partait pas sur la route immédiatement, on laissait la promotion et la vente faire un bout de chemin avant.»

Les deux mains dans le réel

Quand la nuit tombe est l’album de Cormier le plus ancré dans le réel. Après avoir beaucoup exploré l’intimité et l’intériorité, l’auteur-compositeur-inter­prète a les deux mains dans le présent, dans ce qu’il a de beau et de moins beau.

Ainsi, il aborde de front des enjeux comme le racisme (Les poings ouverts, enregistrée avec David Goudreault), la haine sur les médias sociaux (Je me moi) et la masculinité toxique (Toi aussi).

«C’est mon album le plus clair dans le propos, résume le chanteur. C’est celui dans lequel je me mets le plus à nu, autant dans mes émotions que sur le plan de mes valeurs. Ça donne un disque qui est très ancré dans son époque. Sans lourdeur. Il y a quand même une prise de conscience et une prise de position plus grande qu’à l’habitude. Je mets mes tripes sur la table.»

Cette évolution est le reflet d’une transformation qui s’est opérée lors des cinq dernières années, depuis la sortie de son dernier album Les grands artères.

«Si, pendant la crise, les gens ont besoin de se changer les idées, l’art est là pour ça.» Louis-Jean Cormier, à propos de l’importance de l’art en cette période difficile

Une rupture, une nouvelle compagne (l’animatrice Rebecca Makonnen) qui l’a introduit à un nouvel univers musical, une année sabbatique, des enfants qui grandissent et une foule de projets, comme la musique du film Kuessipan ou sa collaboration au spectacle du cirque Éloize Serge Fiori – Seul ensemble: les événements charnières n’ont pas manqué et ont façonné l’homme autant que l’artiste.

«J’ai beaucoup changé depuis cinq ans, et ma vie personnelle a beaucoup changé. La vie nous amène ailleurs, la sabbatique, qui a finalement duré deux ans, m’a fait grand bien. Ça m’a fait voyager beaucoup et m’a permis de remplir la baloune à idées. Cet album, c’est un peu la convergence de tout cela.»

On pourrait ajouter à cela la controverse qui a éclaté en 2018 lorsque, dans la rubrique «Pour ou contre» de La Presse +, il s’était prononcé maladroitement contre la parité hommes-femmes en musique.

«Ça m’a fait me remettre en question, avoue-t-il. Mon amie Brigitte Poupart (comédienne et réalisatrice) m’a ouvert les yeux. On parle beaucoup de parité et de faire des efforts, mais au final, il faut savoir pourquoi et connaître le problème auquel on veut s’attaquer: le manque de représentativité de la gent féminine dans les arts.»

«Je veux faire un effort dans ma vie professionnelle. Dès qu’un des membres de mon band décide de rester en studio et de ne pas faire de tournée, c’est sûr que je me tourne vers une musicienne.»

Une (r)évolution musicale

Ce cheminement s’est également opéré sur le plan musical. Exit les guitares, Quand la nuit tombe place le piano, son premier instrument, au centre de tout. Sa sabbatique lui a permis de se rassoir sérieusement devant son clavier, ce qu’il n’avait pas fait depuis 20 ans.

«J’ai eu le temps de désapprendre à jouer, explique le musicien. Je n’avais plus de faux pli académique. Ça m’a donné accès à une source d’idées complètement inépuisable. J’ai joué avec mon cœur et mon instinct.»

Résultat, un Louis-Jean nouveau est apparu. Beaucoup plus groovy, voire dansant par moments.

«Veut, veut pas, quand ton cœur change et que ta compagne de vie t’amène vers une autre dimension, ça te fait évoluer. J’ai plongé dans le hip-hop et la musique électronique, deux styles que je ne connaissais pas, et ça m’a beaucoup nourri.»

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