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Le festival Under Pressure sort de la rue

Festival Under Pressure
À défaut de pouvoir se tenir en pleine rue comme lors de ses éditions précédentes, la 25e édition du festival Under Pressure aura lieu en ligne dès samedi Photo: Under Pressure/Collaboration spéciale

Après 24 années de rassemblements festifs dans la rue, Under Pressure – le plus ancien festival d’arts urbains de Montréal et possiblement du monde – devra renoncer à ses traditionnels block parties et célébrer son 25e anniversaire virtuellement.

Le festival qui célèbre le graffiti, la musique et la danse urbaine a connu une impressionnante évolution en un quart de siècle. Ce qui devait être un événement ponctuel à l’époque est devenu le plus ancien festival d’art urbain au monde, selon la directrice générale d’Under Pressure, Melissa Proietti.

«Il y a 25 ans, le monde avait une perception du graffiti très différente de celle qu’on a aujourd’hui, résume celle qui est impliquée au festival depuis 13 ans. L’idée au départ était de démontrer que les gens qui font du graff, ce sont nos voisins et non juste des teenagers!» dit-elle en riant.

D’abord marginal, le festival a réussi à démystifier la culture des arts de la rue et à gagner des adeptes au fil des ans. Si l’événement ne s’est pas dénaturé malgré sa forte croissance – une première édition d’Under Pressure aura lieu en Nouvelle-Calédonie à l’automne! – c’est qu’il n’a jamais renoncé à son principe de base: être organisé par la communauté, pour la communauté.

L’ensemble des organisateurs travaillent bénévolement, tout comme les artistes invités, souligne Melissa Proietti. «Beaucoup des participants achètent leur propre billet d’avion. Et ils viennent de partout dans le monde pour être au festival.»

«Nos liens avec certains artistes durent depuis un quart de siècle, c’est spécial! C’est rare que des créateurs restent aussi longtemps attachés à un événement.» -Melissa Proietti

Under Pressure repose sur une recette simple, mais qui fonctionne: la rencontre d’égal à égal. C’est ainsi que des jeunes néophytes intéressés par les arts urbains ont chaque année l’occasion de rencontrer des pionniers de cette culture au détour d’un coin de rue. «Ce n’est pas du networking, de vraies amitiés se créent», insiste la directrice.

Ces échanges au cœur de l’événement sont d’ailleurs ce qui a inspiré l’enseignante à l’Université St. Lawrence, dans l’état de New York, à s’investir au sein du festival.

«C’est un événement très positif pour les jeunes, dit-elle. Ils se reconnaissent dans quelque chose de positif, ça leur permet d’entrer en relation avec des mentors dans ce domaine, ce qui est super important. C’est un endroit sécuritaire où ils peuvent expérimenter, essayer des choses.»

Ces rencontres sont inoubliables pour la relève et souvent déterminantes dans leur parcours artistique. «Tout cela se passe très organiquement, on n’organise pas de meet and greet. Ça se passe sur la rue, dans un contexte de block party

Pandémie de COVID-19 oblige, ces rencontres se feront dans un cadre très différent en cette année anniversaire du festival. C’est d’ailleurs pourquoi Under Pressure a décidé d’étendre ses festivités sur une période d’un an.

«C’est tout un apprentissage pour nous de voir ce qu’on peut faire, et comment on peut intégrer nos participants dans un monde virtuel», lance Melissa Proietti en échappant un petit soupir.

L’avantage de présenter des performances en arts visuels, en danse et en musique en ligne et sur les réseaux sociaux est que des artistes de partout dans le monde pourront y prendre part.

Les Montréalais devraient aussi garder l’œil ouvert dans les prochaines semaines, puisqu’il est possible que des œuvres murales voient le jour. «Ce n’est pas encore confirmé!» prévient la directrice d’Under Pressure en riant, rappelant que les règles de santé publique sont «plus importantes» que son événement.

Documenter l’art de rue

Melissa Proietti n’est pas artiste visuelle, mais elle est passionnée par le milieu de l’art de rue. En plus d’enseigner cette culture, elle complète présentement un doctorat sur son histoire à l’Université McGill.

C’est pourquoi parmi l’offre variée de la programmation de cette édition, elle a un faible pour les conférences. «Tout ce qui s’y dit est très important, parce que ça documente cette culture d’une façon qui ne se fait vraiment pas beaucoup.»

Elle affection particulièrement les témoignages des artistes dont le cheminement a pris une direction inattendue. À ce propos, elle cite le cas du maire suppléant à la Ville de Montréal, Sterling Downey, qui a cofondé Under Pressure en 1996 à l’époque où on le connaissait sous le pseudonyme Seaz.

«On peut voir comment son parcours en graffiti l’a mené à faire quelque chose qu’il n’aurait peut-être jamais pensé faire!» dit-elle en riant.

Après avoir démystifier l’art de rue auprès du grand public, que reste-t-il à accomplir à l’équipe d’Under Pressure? Sans hésiter, Melissa Proietti souligne qu’il faut continuer les efforts pour assurer une meilleure représentation des femmes dans les arts urbains.

C’est d’ailleurs pourquoi elle a fondé le volet Queens Creation, qui se tient chaque année en marge du festival. «Les stéréotypes et préjugés envers les femmes en graffiti, en danse et en musique urbaine existent toujours, affirme-t-elle. Ça s’est beaucoup amélioré, c’est sûr : il y a davantage de participation féminine, beaucoup de femmes fortes sont là et c’est super impressionnant, mais il y a toujours du travail à faire.»


Cinq façons de célébrer virtuellement les 25 ans d’Under Pressure:

Baston – Tournois d’illustrations numériques
Huit illustrateurs réaliseront en direct des œuvres sur tablettes numériques dans une série de sept duels. Le public est invité à proposer des thématiques et à voter pour leurs créations favorites. Du 1er au 6 aout à 19 h sur la page Facebook d’Under Pressure

25TOLIFE – 25 ans de cultures urbaines
Dans cette exposition hommage, des artistes de la grande famille Under Pressure exprimeront leur vision du festival en images. Dès le 8 août

Pimp ton vinyle
Depuis 2016, le festival présente à la galerie Fresh Paint des œuvres visuelles sur vinyles. Ces créations d’une vingtaine d’artistes seront exposées en ligne. Dès le 8 août

Performances musicales
Depuis sa fondation, le festival promeut l’avant-garde des scènes hip-hop et électro montréalaise. Il le fera encore cette année dans le cadre d’une série de concerts diffusés en direct depuis Les Foufounes Électriques. Y participeront notamment les deejays Daddie Maysr et OverflowMTL ainsi que les emcees Basics, Kayiri et Urbn Logix. Les 8 et 9 août

Danses urbaines
Que serait Under Pressure sans compétitions de danses urbaines? Préenregistrées dans un parc et diffusées en ligne, elles se déclineront à travers une dizaine de thèmes, dont Solitary Confinement, No Laces On, Kids Of The City (pour les moins de 18 ans) et la bien nommée Up Yours 2020. Les 8 et 9 août

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