Le milieu du cinéma dénonce une décision injuste
Fermées comme tout le reste du milieu du divertissement, les exploitants de salles de cinéma dénoncent ce qu’ils jugent comme une décision injuste, et s’inquiètent pour l’avenir.
«On ne comprend pas. On faisait tout ce qu’il fallait pour avoir une situation exemplaire. Je m’attendais à un resserrement des mesures; par exemple, de revenir à 50 personnes par salle et d’obliger le port du masque en tout temps», se désole, à court de mots, Mario Fortin, président de direction et directeur général des cinémas Beaubien, du Parc et du Musée.
L’annonce était totalement inattendue pour lui, et fait particulièrement mal. Bien qu’il comprenne que les cas de COVID soient en recrudescence, il rappelle qu’aucune éclosion n’est survenue dans des salles de cinéma, où les exploitants faisaient leur possible pour respecter les mesures sanitaires.
Propriétaire de la chaîne de cinéma homonyme, Vincenzo Guzzo révèle avoir également été pris de court par l’annonce. D’autant que ses sources l’assuraient que les cinémas pourraient rester ouverts.
«C’est totalement illogique. En mars dernier, on n’avait pas de bases à partir desquelles se baser. Cette fois, on a l’expérience de trois mois d’opérations en pandémie, et il n’y a eu aucun cas en salle. Au lieu de punir ceux qui n’ont pas respecté les règles, on punit tout le monde», lance-t-il, frustré.
Les deux dénoncent un illogisme des nouvelles mesures gouvernementales, alors que les gyms et centres commerciaux pourront pour leur part rester ouverts malgré tout.
«Je crois qu’il y a une incompréhension de comment fonctionne le milieu du cinéma», avance M. Guzzo.
Des fermetures difficiles
«Aujourd’hui, notre priorité est de mettre sur le chômage 50 personnes. Ça me crève le cœur» s’attriste M. Fortin. Il ajoute être encore dans l’inconnu pour la suite.
«En 6 mois, je n’ai rien vu qui nous a aidés. On est [1 M$] en perte, et il n’y a pas une cenne pour nous compenser. On ne gueule peut-être pas aussi fort que les restaurants et bars, mais nous aussi, on est en perte!», exprime Mario Fortin.
Au Cinéma Moderne, la nouvelle est un coup particulièrement dur. La direction s’inquiète de ne pas être en mesure de rouvrir à nouveau ses portes, rappelant que les salles de cinéma n’étaient pas admissibles à la plupart des programmes d’aide.
«On était déjà dans une situation financière critique, mais nos prévisions budgétaires prévoyaient quand même une refermeture pour la deuxième vague à l’automne. On ne sait pas si on va pouvoir survivre à cette crise-là», révèle Aude Renaud-Lorrain, co-directrice du cinéma.
De son côté, M. Guzzo craint que d’autres salles puissent ne jamais rouvrir. Il souligne que certains cinémas ont d’ailleurs été vendus depuis la pandémie.
«Ça n’augure pas bien pour le milieu de l’industrie créative. On perd de l’argent qu’on ne retrouvera jamais.»
Les différents exploitants espèrent que le gouvernement entendra leur appel et qu’ils pourront rouvrir à nouveau au bout des 28 jours.
Avec la collaboration d’Amélie Revert