Soutenez

Un cinéma sous l’influence de la pandémie à la Berlinale

Un cinéma sous influence de la pandémie à la Berlinale
Dans «Bad luck banging or loony porn», fiction tournée en pleine pandémie, le réalisateur Radu Jude intègre la contrainte des mesures sanitaires. Photo: Collaboration spéciale Silviu Ghetie / microFilm

La pandémie, qui bouleverse l’industrie du cinéma et prive le public de grand écran, inspire aussi les réalisateurs: plusieurs films de la Berlinale évoquent des ambiances de fin du monde ou abordent frontalement la crise sanitaire.

Du concours principal aux sections parallèles, voici un aperçu des différentes façons dont le Covid-19 imprègne la 71e édition du festival de cinéma qui se tient en ligne jusqu’à vendredi.

Acteurs masqués

Des clients d’une pharmacie, tous masqués, débattent de l’intérêt des mesures sanitaires prises en Roumanie: dans Bad luck banging or loony porn, fiction tournée en pleine pandémie, le réalisateur Radu Jude intègre la contrainte des mesures sanitaires.

Une double raison, selon lui: «Le film devait être contemporain et les masques font partie de notre vie quotidienne. Je voulais capturer ce moment, trouver l’aspect anthropologique du port du masque. Ensuite je me souciais aussi de la santé des personnes concernées».

«Aucun film au monde ne vaut la peine que quelqu’un attrape ne serait-ce qu’un simple rhume, et mes mauvais films encore moins», ironise le réalisateur pour qui le cinéma est un «marqueur du temps».
Il dit avoir choisi les masques «comme des costumes», ornés de slogans ou de smileys, volontairement en décalage avec cette comédie acide sur l’histoire d’une enseignante rattrapée par la fuite d’une vidéo intime.

Ambiance apocalypse

Tourné avant la crise du coronavirus, le thriller de science-fiction germano-suisse Tides, présenté dans la section «Berlinale Special», évoque une Terre en partie désertée par les humains réfugiés dans une immense station spatiale en raison de l’apparition… d’une pandémie mondiale meurtrière.

Dans son deuxième long-métrage aux paysages spectaculaires, Tim Fehlbaum voulait «davantage offrir une expérience visuelle que scénaristique», explique-t-il à l’AFP, sans se douter que le réel pouvait «rattraper (sa) fiction».

Il se demande néanmoins si son oeuvre ne rebutera pas les spectateurs «si la dernière chose qu’ils veulent voir est un film leur rappelant cette période déprimante». A moins qu’il suscite la curiosité: «Peut-être qu’après l’avoir vu, le public discutera encore de choses structurantes sur la situation que nous vivons».

Une situation similaire pour le drame poétique District terminal (section «Encounters»), de l’Iranien Bardia Yadegari. Frappée par la pollution et un virus mortel, Téhéran vit dans la peur avec une population forcée à émigrer ou à vivre en quarantaine.

«Le tournage s’est déroulé juste avant la pandémie (…) La tragédie devait se produire dans un avenir lointain, mais soudain, la pandémie est apparue. La catastrophe est plus proche de nous que nous ne le pensons», prévient-il.

Zoom à l’honneur

Le Covid-19 et la façon dont il contraint les individus à des adaptations radicales a servi de source d’inspiration directe au Canadien John Greyson.

Son court-métrage International Dawn Chorus Day fait converser des oiseaux du monde entier sur l’application Zoom, plébiscitée depuis un an pour cause de distanciation sociale.

En s’appuyant sur un rapport accablant de l’ONG Human Rights Watch, les volatiles accusent le pouvoir égyptien de prendre le Covid-19 comme prétexte pour mettre en place des mesures d’exception visant notamment à bâillonner toute opposition au président Abdel Fattah al-Sissi.

«Le contraste entre les oiseaux qui volent librement autour du monde, alors que nous subissons tous diverses formes de confinement, a été une inspiration initiale. Ensuite, le contraste a été aggravé par l’incarcération extrême que subissent tous les prisonniers égyptiens», explique son réalisateur.

Filmer l’histoire

La réalisatrice chinoise Shengze Zhu, auteure de A River Runs, Turns, Erases, Replaces (section «Forum»), a elle fait le choix de traiter frontalement du Covid.

Son documentaire sans dialogue livre un portrait ambivalent de la ville de Wuhan, avant et après l’apparition des premiers cas de Covid-19 en décembre 2019.

La réalisatrice est née et a grandi dans cette mégalopole du centre de la Chine et travaillait sur ce projet depuis 2016.

«Je ne pense pas que ce film soit capable de réhabiliter l’image d’une ville ou autre chose (…) Ce qui s’est passé l’année dernière a eu de profondes répercussions sur beaucoup, beaucoup de choses. Je ne peux pas l’éviter dans ce film», explique-t-elle à l’AFP.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.