Notre jour viendra: la revanche des roux
En 2010, Romain Gavras réalisait pour le compte de la chanteuse M.I.A. le clip Born Free dans lequel on pouvait voir une bande de jeunes rouquins exploser dans un champ de mines. Le clip avait alors fait scandale, mais le jeune cinéaste, qui avait déjà baigné dans la controverse avec le clip Stress du groupe Justice, n’avait pas voulu émettre de commentaires.
Il y a quelques semaines, lors de son passage dans la métropole pour y faire la promotion de son premier long métrage, Notre jour viendra (en salle dès vendredi), Romain Gavras a accepté de parler de son travail avec Métro, à qui il a entre autres confié que c’est cette comédie noire qui lui avait inspiré l’idée du clip polémique de M.I.A.
Tiens, tiens…
Mettant en vedette Vincent Cassel et Olivier Barthelemy, Notre jour viendra relate la quête impossible de Patrick et de Rémy, un psy et un ado mal dans sa peau, tous deux roux, qui quittent tout pour se rendre en Irlande et ainsi, pensent-ils, atteindre la liberté.
«Le clip de M.I.A. s’est tourné après le film, alors il a, en quelque sorte, été inspiré par lui, explique le cinéaste. En fait, la vidéo raconte ce qui aurait pu se passer si Patrick et Rémy avaient réussi à aller en Irlande et à créer un pays. Le clip pourrait être la suite du film, mais il pourrait ne pas l’être aussi…»
Zones grises
Romain Gavras n’aime pas donner toutes les clés au spectateur. Tout comme ses vidéoclips, son premier film contient des séquences dérangeantes qui ne sont jamais expliquées.
Par exemple, celle où le personnage de Patrick urine dans un jacuzzi où un couple, dont la femme est handicapée, se baigne.
«C’est que moi, quand je vais voir un film, j’aime bien, à la moitié du film, ne pas savoir comment l’autre moitié va finir, confie-t-il. J’aime être bousculé, être mal à l’aise, rigoler de trucs horribles, pour ensuite être ému. Du coup, c’est ce que j’ai voulu retranscrire dans mon film. Je préfère que le spectateur se pose des questions parce que ça le rend vivant. J’aime bien le maltraiter!» Et ce, au risque de s’attirer des critiques partagées, comme ç’a été le cas en France à la sortie de Notre jour viendra.
«Il y a des gens qui se laissent déstabiliser par les mauvaises critiques, mais moi, j’en ai tellement eu avec mes clips que ce qui m’a le plus surpris, ce sont les bonnes critiques de journaux qui avaient détesté mes clips comme Libération et Télérama, souligne-t-il. Cela dit, à l’étranger, il y a eu plus de compréhension par rapport au film, qui y a été bien reçu.»
Cette reconnaissance à l’extérieur des frontières françaises lui donnerait-elle l’envie d’aller tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique?
«J’ai eu plusieurs offres, mais ça m’horrifie, révèle celui qui fignole le scénario de son prochain long métrage. Un film, c’est deux ou trois ans de ma vie, alors je préfère faire un projet que j’aime vraiment plutôt que de le faire pour l’argent. Je fais déjà de la publicité qui m’amuse; comme ça, j’ai la liberté de ne pas faire des films pour l’argent et de continuer à pouvoir faire des films dans la lignée de celui-ci : à petit budget et comme je l’entends.»
Notre jour viendra
En salle dès vendredi