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L’avant et l’après-Machu Picchu

Photo: Collaboration spéciale
Michael-Oliver Harding - Métro

Jusqu’au 16 juin, le Musée des beaux-arts de Montréal réalise un exploit de taille en présentant le Pérou sous un jour nouveau.

Une exposition entièrement conçue et produite par le Musée des beaux-arts, présentée en exclusivité au Canada, qui propose un regard inédit sur le Pérou, en abordant la question identitaire et le mouvement indigéniste dans le cadre d’une commémoration du passé? C’est le défi que se sont donné les commissaires du musée, voulant mettre en lumière un pays dont la culture – mis à part les Incas et leurs précieux trésors – demeure méconnue à l’étranger, et même à l’intérieur de ses propres frontières.

Pour Victor Pimentel, archéologue, conservateur de l’art précolombien du MBAM et commissaire de l’exposition Pérou : Royaumes du soleil et de la lune, il était important de poursuivre le développement du volet Amérique latine du musée, amorcé en 2008 avec l’exposition ¡Cuba! Art et histoire de 1868 à nos jours. «C’est la première fois qu’on présente une section entière consacrée à l’indigénisme dans le cadre d’une expo importante sur le Pérou dans le monde.»

Le Pérou célébrait récemment le 100e anniversaire de la découverte de Machu Picchu. Le parcours de l’expo utilise d’ailleurs ce moment marquant comme point de départ pour explorer son riche passé. Plus de 370 œuvres – des découvertes archéologiques, des bijoux de l’ère préhispanique, coloniale et même de l’indigénisme – figurent au menu de ce fascinant condensé de plus de 3 000 ans d’histoire.

«L’exposition montre la complexité et la grande diversité du pays, affirme Pimentel. C’est un pays qui a de nombreux groupes ethniques et culturels qui sont tous sous un même toit, celui de la nation péruvienne. Cette grande diversité est bien ancrée dans le temps. On met l’accent sur les événements les plus marquants de ces sociétés anciennes, précolombiennes, mais qui sont reliées à cette constante commémoration du passé.»

En entrevue avec Métro, le commissaire a présenté trois des nombreux chefs-d’œuvre de l’expo, issus de l’empire inca, du monde colonial et de l’indigénisme péruvien.

Habitant de la cordillère au Pérou. Francisco Laso
Pimentel considère cette œuvre de 1855, annonciatrice d’un futur nationalisme culturel péruvien, comme son plus grand coup de cœur, ce qui expliquerait (en partie!) pourquoi le tableau figure à l’entrée de l’exposition.

«Il représente un autochtone des hautes terres du centre-sud du Pérou qui porte dans ses mains un vase mochica précolombien. Pour moi, c’est la plus belle métaphore pour illustrer l’esprit des autochtones qui se redécouvrent et qui se basent sur leur propre passé.»

Coffre de la Nativité. Anonyme, École de Cuzco
Pimentel est fasciné par tous ces objets d’art produits par l’Église catholique pour transmettre ses croyances aux peuples andins, comme ce coffre peint du XVIIIe siècle, illustrant plusieurs scènes évangéliques. «Quand les Espagnols arrivent au Pérou, au temps des Incas, ils font face à des populations indigènes qui ne savent ni lire ni écrire. L’image devient alors un véhicule de transmission d’idées très important. On voit une série d’œuvres qui sont très didactiques, pour faire passer un message. Comme ce coffre colonial qui illustre différents passages de la Bible.»

La «Mona Lisa» du Pérou. 100-800 après J.-C.
Ce poulpe en or mochica datant de 100-800 après J.-C. est, selon Pimentel, un symbole de la lutte contre le trafic d’art.

«Ce bel objet en or, en plus de sa valeur esthétique, représente une divinité marine majeure de la civilisation mochica, un personnage clé qui est plus souvent associé à l’obscurité, explique-t-il. Cette pièce, dont le corps rayonne avec ses huit tentacules, faisant ainsi penser au soleil, est considérée par le gouvernement péruvien comme une figure emblématique de la lutte contre la destruction et le trafic des biens culturels. C’est notre cerise sur le gâteau. On veut vraiment sensibiliser les visiteurs au fait que, très souvent, ces beaux objets sont saccagés…»


Pérou : Royaumes du soleil et de la lune
Au Musée des beaux-arts
Jusqu’au16 juin

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