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Retrouver l’essence de Maria Chapdelaine

Maria Chapdelaine
Sara Montpetit en Maria Chapdelaine dans le film de Sébastien Pilote Photo: Collaboration spéciale

Sébastien Pilote retourne aux sources de Maria Chapdelaine pour offrir une version unique du roman qui a marqué le Québec en entier.

Il y a pourtant déjà eu trois transpositions cinématographiques de ce classique littéraire qui se déroule au début du 20e siècle. «Je n’ai été capable d’en revoir aucune, avoue le cinéaste en entrevue, dont les précédents films Le vendeur et Le démantèlement baignaient déjà dans l’univers de Louis Hémon. Je me suis concentré sur le roman. En le relisant, il me semblait que l’essentiel du livre avait été laissé de côté dans les autres adaptations.»

La romance entre Maria Chapdelaine, une jeune fille de 17 ans qui travaille sur la terre de ses parents, et François Paradis, un ancien voisin et coureur des bois, a longtemps été exacerbée. Trop, si l’on se fie au créateur de La disparition des lucioles, qui fait rapidement disparaître le personnage masculin («Est-ce qu’il existe réellement?», se questionne le scénariste en souriant) au profit de ses thèmes de prédilection que sont la famille et le devoir.

Il y a toujours deux prétendants qui s’offrent à l’héroïne. Mais encore là, leurs rôles diffèrent des interprétations passées. «L’espèce d’opposition qu’on a accordée au roman qui confronte le conservatisme au progrès ou à la vie nomade et sédentaire est une mauvaise piste de lecture, affirme le réalisateur. Elle doit vraiment choisir entre rester ou partir, être ou disparaître.»

L’histoire de départ n’est qu’un prétexte à faire du cinéma. On peut raconter 1000 fois la même histoire: ça ne fait que l’enrichir.

Sébastien Pilote, réalisateur et scénariste de Maria Chapdelaine

Sara Montpetit est Maria Chapdelaine

Puis il y a Maria elle-même, qui est enfin incarnée par une actrice qui a l’âge du personnage. Discret et en retrait, celui-ci doit souvent s’exprimer autrement qu’avec les mots. Sébastien Pilote louange à cet égard l’intuition bressonienne de la comédienne Sara Montpetit.

«C’est un personnage qui me fait penser à ma grand-mère, qui ne parlait pas et regardait les gens avec un sourire en coin. Tu es le rôle central, tout tourne autour de toi, mais tous les autres acteurs ont des monologues hyper longs et toi tu restes là. Ce n’est pas évident à défendre… Mais elle laisse énormément de liberté aux spectateurs qui vont pouvoir amener leurs rêves et leurs désirs dans le personnage.»

À la fois huis clos à ciel ouvert qui donne beaucoup d’importance au hors champ, western classique à la John Ford et mélodrame domestique, Maria Chapdelaine est une fresque généreuse qui ne manque pas d’ampleur. Le long métrage tourné dans un format 6K – l’équivalent du 70 mm ou du IMAX – en impose visuellement, alors que le rythme posé permet une métamorphose des saisons et des individus au détour d’un récit plus long que la moyenne (158 minutes).

«J’avais le goût de faire du cinéma, concède son cinéaste. J’avais besoin d’un gros cadre. J’espère avoir fait un film qui va durer dans le temps.»

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