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Le budget fédéral aidera-t-il les artistes?

OTTAWA – Le gouvernement conservateur ne veut pas imposer une taxe pour le secteur canadien des arts de la scène, mais qu’en est-il d’une redevance?

Les peintres, sculpteurs et autres artistes visuels du pays espèrent que le ministre des Finances, Jim Flaherty, accueillera favorablement les propositions pré-budgétaires qui leur permettraient de recevoir un certain montant lorsque leurs oeuvres sont revendues sur le marché.

Les chanteurs et auteurs de pièces musicales reçoivent une somme d’argent à chaque fois que leur oeuvre est diffusée ou utilisée, et les producteurs de cinéma et de télévision peuvent obtenir des redevances de licence, mais le même système n’a pas été étendu aux arts visuels.

Pour Mary Pratt, une artiste terre-neuvienne dont les oeuvres sont très en demande, une redevance pourrait lui avoir rapporté quelques milliers de dollars lorsque l’une de ses pièces a été vendue 50 000 $ lors d’un encan récent. Mme Pratt dit avoir vendu l’oeuvre à son ancien propriétaire pour moitié moins cher.

Bien qu’elle ne soit pas dans le besoin, l’artiste de 78 ans dit faire partie d’une minorité. Peu d’artistes professionnels peuvent compter sur un régime de retraite, ou ont les moyens de subvenir à leurs besoins lorsqu’ils ne peuvent plus travailler — Mme Pratt elle-même a souffert de maux de dos.

«Lorsque vous êtes vieille et que les toiles que vous avez peintes lorsque vous aviez 35 ans — et pour lesquelles vous avez reçu 35 $, à moins que vous ne les ayez données — se vendent soudainement pour de très grosses sommes, c’est lorsque vous êtes vieille que vous devez bénéficier de cela», a-t-elle déclaré.

«Lorsque vous êtes jeune, vous pouvez aller travailler chez Tim Hortons, vous pouvez faire quantité de choses pour arrondir vos fin de mois, mais lorsque vous êtes vieux, c’est impossible.»

Les redevances offertes à la revente fonctionneraient de cette façon: outre la vente initiale et les échanges entre personnes, chaque fois qu’une oeuvre d’art est vendue sur le marché, un pourcentage de la somme serait remis à l’artiste. Un regroupement collectif approuvé par le gouvernement recueillerait et distribuerait les fonds.

Le Front des artistes canadiens (CARFAC) fait pression depuis des années auprès de députés et de responsables pour mettre un tel système sur pied, suggérant des redevances de 5,0 pour cent lorsqu’une oeuvre se vend plus cher que 1000 $. Les coûts seraient répartis entre le propriétaire de l’oeuvre et le négociant.

«À partir du moment où ils créent leurs oeuvres, les artistes continuent à bâtir leur carrière, leur réputation, et, en un certain sens, ajoutent de la valeur à leurs oeuvres en continuant de créer tout au cours de leur vie», a déclaré Grant McConnell, président du CARFAC.

«Un artiste pourrait tout d’abord vendre une oeuvre pour un montant de 500 à 2000 $ et, plus tard dans sa vie, cette oeuvre peut se vendre plusieurs fois ce montant — parfois pour plus de 200 000 $.»

Des programmes de redevances à la revente sont en place dans des dizaines de pays, y compris en France, au Royaume-Uni et en Australie.

Le système australien a été mis en place en 2010, et a été principalement conçu pour aider les artistes aborigènes. Entre sa mise en place, en juin 2010, et janvier 2013, le programme a distribué des redevances de plus de 1,4 million $.

Au Canada, les oeuvres d’art provenant du Nord finissent souvent par être revendues en Europe et dans d’autres marchés. Le gouvernement du Nunavut a récemment publié une étude sur les droits de revente des artistes, et déterminé que les artistes de ce territoire auraient le plus à gagner.

L’une des oeuvres de l’artiste graveur Pitaloosie Saila, représentant une Inuite en «Tenue d’été», est actuellement à vendre à l’encan sur le site Internet de Waddingtons. Mme Saila habite à Cape Dorset, au Nunavut, lieu d’origine d’une grande quantité d’oeuvres exportées hors du pays.

«Cela serait bien si elle pouvait recevoir des redevances», a dit sa fille Lau Saila, qui a ajouté que sa mère était rarement au courant du moment où ses oeuvres étaient revendues.

Au dire de M. McConnell, «dans une économie où il n’y a pas beaucoup d’argent à gaspiller, il s’agit d’un domaine où le gouvernement pourrait agir sans que cela lui coûte vraiment quelque chose, en plus de bénéficier aux membres du secteur culturel.»

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