Eunice Bélidor: l’art de briser les plafonds de verre
En 2012, Eunice Bélidor recevait une lettre de refus d’une prestigieuse université canadienne pour sa maîtrise en histoire de l’art. «J’étais en grosse crise existentielle, je croyais que je n’avais pas d’avenir», se souvient-elle. Dix ans plus tard, elle est la première femme noire à occuper un poste d’envergure au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).
Comme quoi la persévérance porte fruit. Mais avant d’être nommée Conservatrice de l’art québécois et canadien contemporain au MBAM, elle a dû briser plusieurs plafonds de verre.
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«Les 10 dernières années ont été assez rocailleuses, ça n’a pas toujours été rose d’évoluer dans le milieu de l’art au Québec», répond-elle en toute franchise lorsqu’on aborde en entrevue son impressionnant parcours.
Celle qui a grandi dans le quartier Saint-Michel a particulièrement trouvé difficile de tailler sa place dans le milieu des arts visuels sans avoir de modèles auxquel.le.s s’identifier. Lorsqu’elle en a trouvé – à l’extérieur du Québec –, elle a connu un regain de motivation.
En brisant des plafonds de verre, j’espère montrer que les jeunes personnes noires ou racisées peuvent évoluer dans le milieu de l‘art.
Eunice Bélidor
L’absence de diversité dans le milieu muséal au Québec a longtemps fait croire à la Montréalaise d’origine haïtienne qu’elle n’y avait pas sa place; les seules personnes noires qu’elle voyait dans les musées étaient les gardien.ne.s de sécurité.
«Je ne pensais absolument pas avoir un jour cette opportunité, affirme-t-elle. Dans ma tête, ce n’était tout simplement pas une option.»
Elle fut donc la première surprise lorsque sa candidature au MBAM a été retenue l’an dernier. «J’ai appliqué sur ce poste en me disant que si mon nom apparaissait dans leur banque, peut-être qu’un jour, quand je serais plus vieille et expérimentée, ils allaient me reconsidérer!» raconte la trentenaire en riant.
Depuis près d’un an, Eunice Bélidor cumule d’importantes responsabilités. Parmi ses tâches: acquérir de nouvelles œuvres pour la collection du musée, organiser des expositions et, plus largement, réfléchir la représentation de l’histoire de l’art canadienne et québécoise.
Une tâche colossale qui lui permet d’en apprendre tous les jours, se réjouit-elle. «C’est difficile de faire plusieurs choses en même temps, mais je suis encore là, donc je pense que je me débrouille bien!»