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«Surtout Anas»: une fraternité d’humoristes 

« On est unis par l’amitié et par notre passion pour les blagues » - Anas Hassouna Photo: JF Galipeau/Metro

Les humoristes Anas Hassouna, Oussama Fares et Charles Brunet sont collègues, certes, mais avant tout, ils sont de meilleurs amis. C’est donc dans un esprit de fraternité et de franche rigolade qu’ils s’apprêtent à arpenter les routes du Québec au cours de la prochaine année avec leur spectacle commun, Surtout Anas

Anas et Oussama, deux humoristes d’origine marocaine ayant grandi à Montréal-Nord, se sont rencontrés durant leur première année de secondaire. À l’époque, des amis communs des deux jeunes disaient à chacun d’eux connaître quelqu’un de plus drôle qu’eux, ce qui leur paraissait impossible. Jusqu’à ce qu’ils se rencontrent et qu’une amitié naisse.  

Plusieurs années plus tard, en 2018, ils entendent parler d’un jeune humoriste d’à peine 18 ans qu’on dit encore plus drôle qu’eux. Ils font alors la connaissance de Charles Brunet, et le duo d’amis se transforme en trio.  

« On est unis par l’amitié et par notre passion pour les blagues », résume Anas, en entrevue avec Métro, sur la terrasse de l’espace de coworking qu’ils partagent, tout près d’Hochelaga.  

Anas Hassouna, Charles Brunet, Oussama Fares. Photo: JF Galipeau/Metro

Le traditionnel pour éclairer l’alternatif 

Des trois, Anas Hassouna est probablement le nom qui sonne le plus une cloche au grand public. C’est que l’humoriste, qui est sorti de l’École nationale de l’humour en 2015, roule sa bosse depuis un moment déjà. On a pu le voir dans divers galas et émissions, notamment récemment à Club Soly ou Big Brother Célébrités.  

D’où le titre très ironique du spectacle du trio, Surtout Anas, durant lequel les humoristes se partagent le temps de scène de manière égale, avec les numéros de stand-up de chacun ainsi que des sketchs communs. 

L’industrie plus traditionnelle de l’humour n’est pas ce que préfère Anas: celui qui a déjà un peu exploré ce créneau souligne que ce sont plutôt les projets qu’il réalise avec ses amis qui l’allument véritablement. 

« Pour rejoindre le grand public, il faut davantage se conformer, ce qui permet moins d’être 100% soi-même, confie l’humoriste. Notre trio de crétins sur une scène laisse place à plus d’authenticité et nous permet d’aller au fond de qui on est. » 

Ainsi, chacune de ses apparitions dans des émissions destinées au grand public ne sert qu’à donner de la visibilité aux projets qu’il mène avec ses amis.  

« Anas utilise sa notoriété pour nous mettre en lumière », confirme Oussama Fares. 

Charles Brunet, dont la carrière est en ébullition, partage la vision de son ami : « Le mainstream n’est pas la finalité. Il y a des gens qui aiment passer à la télé. Pour nous, être une vedette est un effet secondaire d’être hyper drôle. Tant mieux si on devient des vedettes, mais ce sera toujours pour faire un spectacle. » 

Des gars de gang 

Si le spectacle Surtout Anas met en scène ces trois humoristes, le trio fait partie d’un collectif plus large encore, comprenant des humoristes issus pour la majorité de ce qu’on appelle la diversité culturelle. Plusieurs sont d’origine maghrébine ou haïtienne, d’autres sont des Blancs de Longueuil ou de Rimouski. 

« Ce sont des gars comme nous, qui allaient tomber entre les craques du sofa, personne n’allait les calculer », explique Anas, qui a recruté cette super équipe d’humoristes avec son ami Oussama. 

Anas et Oussama aiment donner une vitrine à leurs amis, mais ne poursuivent pas une quête de diversité ou une mission de représentation culturelle. Cette même idée s’applique à leur type d’humour qui, oui, a une touche engagée, mais qui est d’abord et avant tout axé sur le désir de faire rire. 

« Ce sont d’autres gars drôles qu’on aime beaucoup. On partageait un amour pour le même art et on s’est retrouvés ensemble », dit Oussama. 

Le collectif crée ses projets avec son propre studio. Si Anas et Oussama font ce choix, c’est pour ne pas être divisés s’ils sont recrutés individuellement par des canaux traditionnels. « On s’aime beaucoup et on veut rester ensemble, être représentés ensemble au plan professionnel », explique Anas. 

« Mais au début, on dérangeait », poursuit Anas. Les gens se plaignaient de voir débarquer Oussama et Anas avec leur gang. « On arrivait dans la loge, huit gars qui chillent bruyamment pour juste un gars qui monte sur scène, pendant que d’autres humoristes essayaient de se concentrer pour préparer leur numéro. Les gens n’aimaient pas ça », continue Charles. « C’est vrai qu’on déplace de l’air », lance Oussama en souriant.  

Reste que cette fraternité et le soutien qu’ils s’offrent mutuellement sont super motivants pour eux. « Le 20 $ qu’un de nous fait pour un show, on le dépense à la gang », rigole Charles. « La réussite de ton ami devient ta réussite », poursuit-il, ce à quoi Oussama ajoute : « Et son échec, c’est ton échec aussi. »  

Un collectif d’humour unique 

Charles est convaincu que cette union, très organique, dans laquelle le chilling est bien présent, est une des raisons de leur succès. « Ça ne s’était jamais fait en humour, un collectif de gars drôles qui chillent ensemble. » 

Un spectacle du collectif est ce qui se rapproche le plus d’un spectacle de hip-hop en humour, par le côté cru, l’importance accordée au groupe et même les sujets abordés. « On veut montrer nos réalités. On parle du hood, des différences de classes. Quand on a commencé, on vivait la réalité des rappeurs, on vient d’endroits où il y a des conflits. Sauf que nous avons choisi le rire à la place du rap », explique Oussama. 

Charles, caucasien de la Rive-Sud de Montréal, n’a pas grandi dans le même milieu que ses confrères, mais il estime que sa rencontre avec eux a été enrichissante. « Il y a tellement de choses que je n’aurais jamais apprises si je n’avais pas chillé avec ces gars-là. Des manières de faire, mais aussi des valeurs qui m’ont fait grandir. »  

Un sentiment partagé par Anas et Oussama. « On a appris la ponctualité », rigole Oussama. Plus encore que le fait de pouvoir faire des spectacles, ce sont ces rencontres et les mixages culturels qui en découlent qui constituent leur plus grande victoire.  

Depuis la pandémie, durant laquelle chacun a su rayonner sur le web (Charles est d’ailleurs parmi les humoristes d’ici les plus suivi.e.s sur TikTok), le groupe remplit des salles d’un public bien à lui, un public qui lui ressemble.  

« Avant, je jouais juste devant des publics de trentenaires caucasiens, affirme Anas. J’avais l’impression de devoir faire beaucoup d’adaptation. Maintenant, je fais des shows devant un public qui résonne à 100% avec ce que je dis. » 

« Et quand tu joues devant ton public, tu es complètement libre », conclut Charles. 

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