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Francis Mineau est Oothèque

Photo: Cindy Boyce

Combinant et opposant «l’ultra complexe et l’ultra simple», Francis Mineau – également batteur de Malajube – nous présente sa Oothèque. Oo,Oo,Oo.

Oothèque, c’est le disque ovni d’un projet ovni. Jouant de tous les instruments, signant toutes les pièces, Francis Mineau nous plonge dans un univers pop imagé où il parle beaucoup d’animaux, chante un morceau en allemand et fait un tour dans le Downtown, sur des rythmes plus électro. «Je voulais travailler sur l’opposition nature-culture, mêler l’organique et le synthétique, combiner des instruments complètement opposés, comme la guitare acoustique et le synthétiseur. Disons que ce n’est pas un album de gratteux de guitare!»

Pour Francis, Oothèque est «un trip». Un trip qui lui permettait de tout faire tout seul : musique, textes, réalisation, production. «Ce n’est pas une fin en soi. C’est une étape de ma vie de musicien», dit-il.

Sur l’album enregistré et mixé par Pascal Shefteshy (Peter Peter, Rufus Wainwright), tous les instruments et tous les éléments se combinent idéalement. Il n’y a pas de hiérarchie d’instruments parce que, de toute façon, ce n’était pas dans ses plans. «Si j’étais un virtuose de la guitare, la guitare ressortirait plus. Si j’étais un grand chanteur, ce serait la voix. Mais ce n’est pas le cas. Je ne suis pas un virtuose; je suis capable de jouer de plusieurs instruments et d’avoir de bonnes idées.»

Une de ces bonnes idées consiste à ouvrir son «disque d’humain» par des gazouillis d’oiseau… émis par un oiseau véritable. «C’est fou hein? s’exclame-t-il. C’est un chant si complexe qu’on peut se demander s’il n’a pas été traité électroniquement! Mais c’est vraiment un micro mis devant un oiseau! J’aurais pu commencer par un chant normal, mais je me suis dit : je me suis assez entendu à mon goût, laissons parler ceux qui chantent mieux que moi!»

À ce sujet, il remarque que le titre de la pièce Les oiseaux faussent aussi, d’Avec pas d’casque, le laisse un peu perplexe. «Je suis tellement en désaccord avec Stéphane [Lafleur]! On pourrait faire un combat! s’amuse-t-il. Je sais que c’est une image, mais si je prends son titre au sens littéral, je ne peux que répondre NON! C’est impossible qu’un oiseau fausse! C’est encodé dans son ADN!»

Oiseaux, donc, mais aussi panthères, alligators, caïmans, ours… les bêtes se baladent dans presque tous les morceaux d’Oothèque. «À un moment donné, ça m’a frappé. J’en ai mis partout! C’est quasiment épeurant! Mais métaphoriquement parlant, je trouve que c’est un bon filon pour parler des humains.»

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Métaphoriquement ou pas, Francis Mineau sent-il qu’il s’est révélé avec ce projet? «Pas vraiment, répond-il avant un moment de réflexion. Bon, j’ai tout écrit, tout joué, donc c’est sûr que je me dévoile complètement. Et donner ce disque au monde, c’est un geste vraiment exhibitionniste… Je ne sais même pas si ça me tente… Mais je ne peux plus reculer.»

Et puis, dit-il, son «je» est un autre. «Je préfère le ‘‘je’’ à la Chris Martin. Quand il chante, il parle à la première personne, mais ce n’est pas sa vie qu’il me raconte. C’est imagé. Les Anglais utilisent beaucoup ce procédé en musique pop. En français, c’est beaucoup moins présent.»

Mentionnant qu’il se fait bombarder de questions au sujet de son projet depuis quelque temps, le musicien souligne qu’il préfère «donner des pistes plutôt que des réponses». «Plus il fait noir, plus je vois clair», chante-t-il d’ailleurs sur Lycanthrope. Et même si ce «je» n’est pas vraiment lui, Francis affirme, de façon assez mystérieuse, qu’il trouve que «moins les choses sont claires… plus elles sont claires». «Tout se cache dans les détails, dit-il. Et ce n’est pas vraiment important pour moi d’avoir la bonne réponse. Sauf quand je fais un quiz. Là, c’est vraiment important. Mais il n’y a pas beaucoup de quiz sur cet album.»

Oothèque, en direct
Sur la pièce Ligne ouverte, Francis Mineau chante : «Tu ne m’appelles pas souvent, mais j’écoute ta ligne ouverte.» Ce morceau, le moins complexe sur le plan du texte selon le principal intéressé, est précédé d’une chouette anecdote. «Avant, j’écoutais beaucoup Pierre Maisonneuve à Radio-Canada, confie-t-il. Depuis qu’il n’anime plus son émission, je m’ennuie de lui!»

Certes, M. Maisonneuve n’est pas présent dans la chanson. Mais ces lignes ouvertes, qui génèrent chez le musicien un sentiment d’ambivalence dont il parle fréquemment en lien avec son disque, y sont mention­nées. «Maisonneuve en direct, j’étais capable de l’écouter, mais sinon, ça me rend trop mal à l’aise. La conversation m’attire et me rebute à la fois. Et cette chanson, c’est un peu ça. C’est dire à quelqu’un : tu me plais, mais j’ai des choses qui me retiennent ailleurs.»

Oothèque
En magasin mardi

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