Henry Cavill, le nouveau Superman
Le film Man of Steel est consacré au nouveau Superman – vulnérable, moderne, humain. «Nous voulons croire que notre héros pourrait perdre, mais il finit quand même par gagner», résume l’acteur Henry Cavill.
Iron Man a les meilleures blagues. Batman a les meilleurs films. Wonder Woman a le meilleur avion : il est invisible! Et Hulk, lui, il écrase. Mais c’est Superman qui est à l’origine de tout ce beau monde. Aujourd’hui, 75 ans après sa première apparition, le Kryptonien le plus célèbre de la galaxie est de retour dans Man of Steel, film réalisé par Zack Snyder, qui nous propose un traitement réaliste du légendaire personnage. Dans ce long métrage – portant sur les origines de Superman –, le jeune extra-terrestre est envoyé vers la Terre, grandit, rencontre une fille (Amy Adams) et défend notre planète contre le malveillant Général Zod (Michael Shannon).
Et il broie également du noir. Beaucoup de noir. Adoptant le même ton que The Dark Knight, le film nous montre un héros qui a des sentiments. Ceux-ci donnent au personnage une dimension qui, espèrent les créateurs (dont le producteur Christopher Nolan), le rend moins terne et plus actuel.
Et c’est Henry Cavill, acteur britannique connu pour son rôle dans la série télévisée Les Tudors, qui incarne l’Homme d’acier. Nous l’avons rencontré.
Nous sommes passés des demi-dieux à la mâchoire carrée à des héros qui montrent une certaine vulnérabilité ou qui ont un défaut. Que pensez-vous de cette évolution?
Et bien, à l’époque où ils ont été inventés, nous avions désespérément besoin qu’ils soient des super-héros à la mâchoire carrée – inébranlables, avec les mains sur les hanches et les balles qui rebondissent sur eux. Rappelez-vous, quand Superman est apparu la première fois, la Première Guerre mondiale n’était pas bien loin, et surtout, la Deuxième était imminente. Nous avions donc besoin de ces gars-là, de ces types capables de voler et d’accomplir des choses formidables. Cela permettait aux gens de croire que les problèmes du monde pouvaient être résolus.
Et aujourd’hui?
Les super-héros ont évolué, ils sont devenus plus modernes. Ils sont pour ainsi dire de leur temps, ce qui permet aussi aux histoires de demeurer captivantes. De nos jours, les gens ne trouvent pas intéressant ce qui est inflexible – les choses inatteignables ou les héros qui gagnent toujours. Nous voulons croire que notre héros pourrait perdre, mais il finit quand même par gagner. Nous devons pouvoir nous identifier à lui. Il est devenu moins un idéal qu’un modèle d’humanité à poursuivre.
Selon vous, qu’est-ce que le public demande des super-héros?
Ce qu’il demande depuis toujours : une raison d’espérer. Il y a sans cesse quelque chose qui va mal dans le monde. Les changements dans la conception des héros se font en fonction des générations. Mais il est toujours sympathique de croire que quelqu’un susceptible de tout résoudre existe. Cela défie la logique. C’est ce qui s’est passé avec les personnages mythologiques depuis la nuit des temps, depuis que nous avons inventé les dieux – les bons comme les mauvais. Rien n’a changé dans la psyché humaine. Nous avons encore besoin de croire à ça.
Comment Man of Steel nous permet de nous identifier à Superman?
Nous avons donné au personnage une nature très humaine. Autant il est exempt des faiblesses physiques de l’être humain, autant il en a les faiblesses psychologiques. Et c’est précisément ça qui nous permet d’établir des liens avec autrui, qui nous permet de comprendre sa douleur ou sa joie. C’est toute cette dimension que nous avons développée dans le personnage de Superman.
Le réalisateur de The Dark Knight, Christopher Nolan, est le producteur de Man of Steel et a fait en sorte que le monde de DC Comics se rattache plus à la réalité qu’à la BD.
Le film reflète l’évolution suivie par les super-héros. Nous avons besoin de les voir dans un cadre plus réaliste. Cela nous permet d’être plus attentifs à l’histoire et d’y prendre davantage part. Cet aspect du long métrage est important pour moi. Je n’ai jamais joué le genre de personnage qui [il modifie sa voix, qui devient basse et grave] «s’adresse à un auditoire et demande à être écouté». Si j’entendais quelqu’un parler de cette façon, je le regarderais d’un air amusé et lui dirais : «Vous vous sentez bien? Désirez-vous vous asseoir? Un peu d’eau, peut-être?» Ces gens-là donnent l’impression d’être des fous. J’ai toujours évité ce ton en interprétant mes personnages. Et je n’ai pas joué Superman différemment. J’ai voulu l’interpréter comme un être réel, même s’il est doté de pouvoirs incroyables – ce que rend très bien l’imagerie informatisée. (Rires)
Il y a eu beaucoup de discussions au sujet d’un éventuel film sur la Ligue de Justice. Sentez-vous une certaine compétition à l’égard des Avengers, qui appartiennent à la compagnie rivale Marvel?
Évidemment qu’il y a une certaine compétition parce qu’il s’agit de deux groupes de super-héros. Il reste que je n’aime pas considérer ces choses en termes de compétition. Je sais cependant que les gens vont naturellement considérer les deux comme des concurrents.
Il devrait y avoir une Coupe du monde des super-héros?
Tout à fait. (Rires)
Qui l’emporterait?
Aucune idée. La différence entre les héros de Marvel et ceux de DC, c’est que ceux de DC ressemblent plus à des dieux, tandis que les héros de Marvel, si on omet Thor, sont tous très humains. Donc, dans un face à face… qui sait?
Vous pouvez choisir votre camp?
Non, je ne ferai aucun choix. Je ne pense pas que cela serait juste, tout pourrait arriver. Toute théorie subit immanquablement des modifications au contact de la réalité. Donc… je ne sais pas. Mais ce serait vraiment chouette.
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Henry qui?
- Âge. 30 ans.
- Né à. Jersey, au large des côtes de la Normandie (il est Britannique).
- A été vu dans. Les Tudors.
- A été pressenti pour. Le rôle de Cedric Diggory dans Harry Potter, d’Edward Cullen dans Twilight, de James Bond dans Casino Royale et de Superman dans Le retour de Superman.
- Parallèle entre la carrière d’acteur et l’interprétation de Superman. «C’est une existence solitaire, et cette expérience m’a servi à composer le personnage de Superman, qui est marqué par la solitude. Et il y a aussi la quête s’approbation.»
- Super-lectures essentielles. «Les BD que je préfère sont La mort de Superman, Le retour de Superman et Red Son, répond Henry Cavill. J’aime aussi beaucoup certaines de celles où on retrouve Superman et Batman ensemble. À cet égard, la BD qui m’est restée en mémoire est The Search for Kryptonite. On y voit un Batman irrité par Superman, qui essaie par tous les moyens de se rendre utile parce qu’il a une force inouïe et peut faire des choses dont Batman est incapable, mais à la fin du livre, on découvre que Batman a toutes les sortes de kryptonites imaginables dans une pièce, et on se dit : “Oh merde!” J’adore l’interaction entre les deux super-héros.»
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