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Une nena à l’énergie contagieuse

Photo: Yves Provencher/Métro

Dominique Pinto, alias Dom la Nena, a réussi son baptème musical montréalais jeudi à l’Astral. Sous ses airs de gamine, la chanteuse et violoncelliste brésilienne a créé avec brio une ambiance féérique, avec une humilité puissante, à l’écoute du public qu’elle a totalement conquis de sa candeur lumineuse. Puisant dans son premier album tout juste lancé, la jeune femme de 23 ans s’est également risquée à interpréter de nouveaux morceaux, dont un ou deux en français, avec une timidité charmante et un peu maladroite, mais certes contagieuse…comme une nena, une enfant.

Tantôt spontanée, tantôt posée, le débordement de joie de l’artiste de se présenter dans la cadre du Festival international de jazz de Montréal transparaissait dans sa voix, à la rondeur chargée d’émotion, où chaque son était comme un vin fruité et explosif qu’elle aurait voulu laissé mûrir dans sa bouche. La brésilienne, qui a déjà travaillé avec Piers Faccini, en plus d’avoir côtoyé sur scène Jane Birkin, a même avoué avoir en sa possession, depuis qu’elle est «toute petite», un DVD de Jobim – connu notamment pour Desafinado – live au Festival de jazz, et que pour elle «c’est gros».

En créant une atmosphère musicale, où, assise sur son banc, jambes écartées pour laisser place à son violoncelle, elle alterne d’instrument d’une pièce à l’autre, allant des grelots au mini-clavier et au ukulélé. C’est presque comme si elle laissait entrer le public dans son atelier, son espace de création. Elle entame deux ou trois notes et laisse l’écho continuer, enchaînant au archet avec un second rythme, puis allant aux percussions et à la voix, jusqu’à ce que tous les éléments se fondent. Dom la Nena a tout de suite eu en poche son auditoire, à qui elle réussit même à faire accepter un son de fond d’oiseaux qui piaillent, le temps d’une chanson.

Dom la Nena chante principalement en portugais, même si elle parle plus couramment le français et maîtrise parfaitement l’anglais. Des sonorités intimistes qui ont la verve pour qu’elle nous raconte le déracinement, entre le rêve et la mélancolie. Sa musique rappelle celle de Lhasa de Sela, qui l’a d’ailleurs influencée. Presqu’a capella, la scintillante nena a mis de côté sa naïveté dans une touchante interprétation de Con toda palabra, à en donner des frissons. Si elle écoute son public, emprunte des passages plus cérébraux et intimes comme pour No meu pais ou Saudade, n’empêche qu’elle sait doser les choses et n’égare jamais sa charismatique spontanéité bien loin. D’un regard amusé, elle demande aux spectateurs de se dandiner sur son siège pendant qu’elle chante dans une courte ballade l’histoire d’une jeune femme qui tente malencontreusement de danser la samba, Sambinha, ou alors elle s’aventure entre les gens attablés, ukulele en gaine, pour déclamer dans sa langue maternelle «Je suis l’enfant».

Définitivement, Dom la Nena a séduit les montréalais, qui ont déjà hâte de voir l’enfant grandir, puisqu’ils ont vu jeudi soir un diamant brut prometteur.

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