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Pamela E. Witcher, poète en langue des signes

Photo: Copyright Daphne Caron

Ce n’est pas parce qu’elle n’entend pas qu’il n’y a pas de musicalité dans sa poésie. Pour le plus grand bonheur des sourds, Pamela fait de la poésie en langue des signes.

On associe la poésie à l’oralité. Qu’est-ce qui vous a poussée à faire de la poésie en langue des signes?
Depuis que la langue des signes existe, il y a toujours eu de la poésie signée. C’est une langue à part entière. Il y a aussi des chansons en langue des signes – on appelle ça de la musique visuelle. Il y a toute une grammaire de la langue des signes, et il peut y avoir un mouvement, un rythme. On peut même faire des jeux de mots.

Est-ce qu’il y a une culture des sourds?
Oui. Depuis les années 1985-1990, les linguistes ont commencé à se pencher sur la poésie en langue des signes. Mais avant ça, au Québec, il y a eu toute une culture théâtrale issue de la pantomime. D’autres se sont donné pour mandat de traduire la chanson ou la poésie en langue des signes.

Ceux qui ne connaissent pas la langue des signes ne comprennent pas votre poésie. Avez-vous envie de la traduire?
Il y a des personnes qui adaptent leur poésie à d’autres langues, c’est un choix artistique. Parfois, c’est assez complexe à adapter, un poème en langue des signes. C’est sûr que ce n’est pas accessible pour les personnes entendantes, parce que la langue est différente.

Est-ce que la poésie en langue des signes s’apparente un peu à la danse?
Certains entendants vont comparer ça à de la danse, vont trouver ça très beau, mais c’est plus complexe que ça. Il faut vraiment avoir la langue des signes en soi pour interpréter un poème.

Quels genres de thèmes abordez-vous dans votre poésie?
Ce qui m’intéresse le plus, c’est l’identité et la culture des sourds. Le vécu, les frustrations qu’on vit en tant que personne sourde m’intéressent. Je veux faire la promotion d’une plus grande égalité, d’une meilleure accessibilité. Souvent, les personnes entendantes ne tiennent pas compte de l’accessibilité des personnes sourdes. On parle de plus en plus d’audisme.

De quoi s’agit-il?
C’est un mot qui a été créé aux États-Unis pour décrire la discrimination dont sont victimes les personnes sourdes. Par exemple, parce qu’on ne parle pas, certains croient que nous sommes moins intelligents. Ça nous marginalise.

Ressentez-vous ça souvent?
Oui. Tous les jours.

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