Gémeaux: «Unité 9», contre vents et marées
MONTRÉAL – En théorie, les artisans de la série dramatique «Unité 9» ne devaient pas monter sur la scène du Théâtre Maisonneuve dimanche, boycott oblige. Mais les filles de Lietteville ont gravi les marches deux fois plutôt qu’une, histoire de recevoir, d’abord, une ovation bien sentie de leurs pairs, puis un hommage du public.
«Unité 9» n’a pas été soumise au jury de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision (ACCT), puisque la productrice Fabienne Larouche continue de boycotter le gala des Gémeaux.
Les téléspectateurs ont décidé de les récompenser en leur décernant le prix Coup de coeur du public.
«C’est inattendu… c’est le ‘fun’, on n’était même pas inscrits et on a gagné!», s’est exclamée Micheline Lanctôt quelques minutes après avoir accepté le prix.
Quelques instants auparavant, dans la salle de presse, sa camarade de jeu Guylaine Tremblay avait candidement lancé que l’équipe «aurait certainement gagné une couple (de trophées) ce soir» si elle avait été inscrite au gala.
«Ce n’est pas notre combat. Ce n’est pas notre affaire. Le bonheur infini qu’on a, c’est qu’il y a presque deux millions de personnes qui nous suivent et nous écoutent», a-t-elle cependant tenu à préciser.
L’autre grand gagnant de la soirée aura été — sans grande surprise, celui-là — Claude Legault.
L’acteur est reparti de la Place des Arts avec deux prix d’interprétation pour ses performances dans les séries «Mon meilleur ami» et «Un sur 2». Cela porte à quatre son nombre total de récompenses pour un rôle principal depuis le début de sa carrière — et à 14 le nombre de Gémeaux à s’entasser sur le manteau de sa cheminée.
M. Legault s’est dit heureux de recevoir un honneur pour son rôle humoristique dans «Un sur 2», après quelques années passées à incarner des personnages torturés dans des séries dramatiques.
Sur scène, Claude Legault a parlé d’un virage vers la comédie, mais dans les faits, il s’agissait plutôt d’un retour aux sources pour celui que l’on a notamment vu dans l’oeuvre «Dans une galaxie près de chez vous».
«C’est un retour par la force des choses, par un hasard. Un beau hasard, a-t-il lancé dans la salle de presse. Je choisis toujours en fonction de la qualité des textes et de la gang. Si c’est une comédie et que c’est vraiment très drôle, je vais le faire. Même chose pour une série dramatique.»
L’émission «19-2», dans laquelle Claude Legault tient l’affiche aux côtés de Réal Bossé, n’a pas été en reste, remportant les statuettes de la meilleure série dramatique et de la meilleure réalisation (Podz).
Le téléroman «O’» s’est également démarqué lors de la cérémonie de remise de prix. Il a été sacré meilleur téléroman, et pour une seconde année consécutive, Guy Nadon a gagné le prix de la meilleure interprétation pour un premier rôle masculin.
Quant à la comédie «Les Parent», elle a confirmé sa domination dans sa catégorie, remportant un trophée pour une cinquième année consécutive.
Règle générale, les honneurs ont été répartis de façon assez équitable lors de cette soirée pilotée par René Simard, qui succédait à Joël Legendre à la barre de la cérémonie des Gémeaux.
Dans les catégories d’interprétation féminine, Marie-Thérèse Fortin a hérité de la statuette du meilleur premier rôle dans le téléroman «Mémoires vives».
Elle s’est montrée émue de recevoir ce prix et a d’ailleurs tenu à souligner qu’elle était toujours touchée, même après des années de carrière.
«Ça fait déjà un certain nombre d’années que je roule ma bosse, j’ai déjà gagné d’autres prix, mais des fois, les gens peuvent penser que ça devient quelque chose d’un peu banal. Mais on se demande toujours si ce qu’on fait plaît encore, si les gens s’intéressent encore à ce qu’on fait», a confié l’actrice dans la salle de presse.
À l’animation, l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision a notamment salué le travail de Patrick Lagacé et Richard Martineau («Les Francs-Tireurs»), de Stéphane Bellavance («Arrange-toi avec ça») et de Stephan Bureau, pour l’entrevue qu’il a menée avec Benoît Brière.
Clin d’oeil à la Charte
Quelques artistes ont profité de la tribune qui leur était offerte pour décocher quelques flèches à l’endroit du projet de Charte des valeurs québécoises.
Pierre Brassard est monté sur scène avec un couvre-chef «ostentatoire», Louis Morissette a lancé un «Oh my God!» en acceptant son trophée et Marie-Josée Taillefer a lancé un appel au respect et à la dignité — le tout sous le regard attentif de la première ministre Pauline Marois, qui assistait à la cérémonie de remise de prix.
Le ministre de la Culture Maka Kotto, qui était également sur place, a jugé que c’était de bonne guerre.
«Moi, je prends ça avec un brin d’esprit. C’est le lieu pour faire des blagues; les circonstances le permettent. Personnellement, ça ne me choque pas. Je viens de ce milieu-là et je sais prendre les choses avec distance», a-t-il expliqué en coulisses.