Casse-Noisette: un demi-siècle de Pas de deux

Vendredi soir, 18 h. En cette froide soirée de novembre, jeunes danseurs et professionnels se réunissent rue Gilford, à deux pas de la station Laurier, pour les ultimes répétitions du ballet Casse-Noisette avant la première montréalaise du 12 décembre.

Casse-Noisette n’a plus besoin de présentations. Depuis 1964, les Montréalais goûtent à la magie de Drosselmeier. Les représentations de cette année prennent d’ailleurs un tour particulier, puisque cette adaptation du célèbre conte de Hoffmann par le Québécois Fernand Nault fêtera ses 50 ans en 2014.

Que ce soit à travers la musique de Tchaïkovski ou l’histoire en tant que telle, chacun a ses souvenirs liés à cette tradition de Noël. «La première fois que j’ai vu Casse-Noisette, j’avais sept ans, se souvient le danseur Jean-Sébastien Couture, dans la production depuis une quinzaine d’années et qui interprète notamment le rôle-titre cette année. Je me rappelle avoir particulièrement aimé la partie des Espagnoles à cause de leurs belles robes [rires].»

Clara Corbo, 11 ans, joue Clara pour la deuxième année consécutive.

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Depuis le mois de septembre, l’élève de l’École supérieure de ballet du Québec répète tous les soirs après l’école et les samedis matins en vue du marathon d’une trentaine de représentations.

Comme son compagnon de classe Lucas Coutin-Beaulieu (Fritz), la jeune fille ne se formalise pas trop de son emploi du temps chargé durant le temps des Fêtes. «On a quand même congé les 24 et 25!» rappellent-ils. Il faut savoir que même si chaque danseur a au moins une doublure, les quatre enfants qui ont été choisis pour les rôles de Clara et de Fritz, le petit frère turbulent, doivent être présents chaque soir de spectacle «même quand on ne danse pas, au cas où quelqu’un se blesse», précise le garçon de 11 ans, qui danse dans le spectacle Casse-Noisette depuis maintenant quatre ans.

Du côté des danseurs professionnels, on compte jusqu’à cinq personnes pour un même rôle, précise Jean-Sébastien Couture. «On alterne, continue le membre des Grands Ballets Canadiens. Chaque soir, on ne fait pas les mêmes rôles. Ça évite non seulement la monotonie, mais surtout les blessures, qui seraient encore plus fréquentes si, par exemple, on sautait toujours sur le même pied pendant 30 spectacles!»

Les jeunes danseurs sélectionnés en audition plus tôt cet automne pour faire partie de la distribution de Casse-Noisette cette année, dont Clara Corbo (à droite), qui tient le rôle de Clara, répètent plusieurs soirs par semaine depuis le mois de septembre sous l’œil attentif de leur répétiteur, André Laprise./Jean-Laurent Ratel

Tout un rituel est mis en place pour, justement, éviter les blessures, et s’assurer que les danseurs sont bien échauffés avant de monter sur scène. «Contrairement à ce que les gens peuvent penser, on n’arrive pas au théâtre quelques minutes avant le spectacle», souligne-t-il. Les jours de représentations, les danseurs ont droit à une classe d’environ une heure, avec exercices à la barre entre autres, puis la préparation pour le spectacle commence vraiment. S’ils ont un peu d’aide pour les costumes – celui du Roi Bonbon est apparemment très lourd –, les danseurs se maquillent et se coiffent eux-mêmes.

La routine pré-spectacle ne stresse quand même pas trop les enfants danseurs. «Je ne suis pas tellement stressé, explique Lucas Coutin-Beaulieu, mais je ressens quand même le petit stress de rater un pas parce que je suis trop excité!»

«Je pense que ma mère est plus stressée que moi!» renchérit Clara Corbo avant de rejoindre le reste du groupe pour finir la répétition.

En chiffres
Casse-Noisette est une imposante production. La preuve :

• 2 000 000. Nombre de spectacteurs ayant assisté à la version de Fernand Nault depuis 1964.
• 300. Plus de 300 costumes ont été créés pour le spectacle. Un costume coûte en moyenne 2 000 $ et celui du Roi Bonbon est évalué à 10 000 $.
• 100. Chaque année, une centaine d’enfants jouent l’un ou l’autre des rôles.
• 34. Une trentaine de danseurs des Grands Ballets Canadiens et 28 danseurs surnuméraires y participent chaque année.
• 65. Un orchestre composé de 65 musiciens joue en direct les pièces composées par Tchaïkovski.

Casse-Noisette
À la Place des Arts
Du 12 au 30 décembre