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Zoothérapeute en milieu carcéral

Photo: Daphné Caron/Urbania

Quand elle a changé d’emploi pour devenir zoothérapeute, Isabelle Saint-Onge ne pensait pas qu’il était possible d’être à ce point comblée par son travail. Aujourd’hui, sa meute de thérapeutes à quatre pattes et elle apportent un peu de réconfort à ceux que l’on considère souvent comme des parias.

Comment se passent les séances de zoothérapie en prison?
Je me rends dans une salle conviviale de l’établissement avec cinq chiens de 3 à 125lb, et là, les gars s’approchent des chiens. C’est mon outil de contact pour qu’ils me parlent.

Qu’est-ce que ça peut apporter aux détenus, la zoothérapie?
Tout le monde pense qu’on va là pour les désennuyer, mais c’est pas juste ça. Ça nous permet de travailler beaucoup de choses, comme l’estime de soi, la colère, la communication avec les autres.

Comment?
Premièrement, ils savent qu’aller en zoothérapie est un privilège et que s’ils sont agressifs, ils vont perdre ce privilège. Mais aussi, le chien le sent si un gars est agressif. Il ne se laissera pas approcher. Quand les gars sont doux, les chiens vont plus vers eux, et ça, c’est bon pour leur estime parce qu’ils se sentent compétents. C’est aussi un autre moyen d’apprendre le respect: quand les chiens dorment dans le coin, il faut respecter ça. J’ai travaillé avec des enfants, avec des personnes âgées, mais c’est avec les détenus que je trouve que la zoothérapie a les effets les plus positifs.

Pourquoi?
Parce que les animaux ne jugent pas. Donc, que le gars soit grand, beau, laid, musclé, qu’il sente bon ou qu’il sente pas bon, le chien va l’aimer. Et il peut se passer des choses très spéciales entre les animaux et les détenus. L’autre jour, un gars feelait pas, et Big, mon bullmastif, l’a senti et a grimpé dessus. Le gars s’est accoté sur le chien et s’est laissé pleurer.

Est-ce que ça prend une formation pour faire de la zoothérapie?
Oui, on ne s’improvise pas zoothérapeute! Moi, je suis diplômée et je continue à suivre des formations à la Corporation des zoothérapeutes du Québec. Les gens pensent que je m’en vais jouer, mais c’est pas juste emmener des chiens. C’est vraiment de la thérapie. Ça prend des notions de psychologie canine et de psychologie humaine.

Pensez-vous que c’est bon pour les chiens?
Je pense que oui, parce qu’ils sont équilibrés. Je le sens quand on arrive en auto à l’établissement de détention: mes chiens sont excités, ils ont hâte. Ils savent par quelle porte passer.

Les détenus ont-ils un préféré?
Tout le monde pense que c’est mon bullmastif qui les attire, mais la plus populaire, c’est ma petite chihuahua Pixel. Les gars veulent la réchauffer, la cajoler, la protéger. Quand je pars, ils veulent tous la garder dans leur cellule!

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