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Albert Dupontel: «Les marginaux me touchent»

Photo: Jérôme Prébois
Mehdi Omaïs - Métro France

Acteur et réalisateur hors norme, Albert Dupontel se met en scène dans 9 mois ferme.

Dans cette comédie loufoque, Dupontel partage l’écran avec Sandrine Kiberlain, une nouvelle venue dans son univers. Entretien à bâtons rompus avec un personnage à part dans le cinéma français.

Il paraît que vous ne considérez pas vos films, 9 mois ferme inclus, comme des comédies? 

Je préfère parler de drames rigolos. Le mot «comédie» est un peu fourre-tout, voire péjoratif. Pour moi, la comédie telle qu’elle est formatée aujourd’hui correspond souvent à une machine de guerre audiovisuelle. Je ne suis pas là-dedans. Je ne fais ni du Cannes, ni du Astérix et Obélix. Je suis entre les deux. Alors, ce territoire existe-t-il dans l’inconscient du consommateur? Je ne sais pas.

Votre intrigue prend racine dans les tribunaux. Vouliez-vous faire une critique de cet univers dans votre récit?

Cet univers constitue un lieu pour la rencontre de mes deux personnages: une juge et un jugé. La justice n’a pas besoin de moi pour faire des erreurs ou être grotesque. Médecins, journalistes, hommes politiques… Chaque milieu a son ridicule. Le propos n’est pas là. Depuis l’enfance, on est tous dans une posture sociale: les bons élèves, les mauvais élèves. Quelque part, on est discriminés mentalement et socialement. Le grand quiproquo qui mène le monde à sa perte vient de là. On nous uniformise dans une volonté qui confine aujourd’hui à une mise en valeur de l’avidité et de la cupidité.

Sandrine Kiberlain est excellente dans la peau d’une jeune juge. Était-elle votre premier choix?

Non, puisqu’à la base je voulais faire un film en anglais. Terry Gilliam m’avait dit: «Un échec en anglais voyage plus qu’un succès en français.» J’étais sur le point d’y arriver avec Emma Thompson, mais ça ne s’est pas fait. Vers mai 2012, alors que j’étais désespéré, j’ai appris que Sandrine Kiberlain avait lu et aimé le scénario. On s’est rencontrés, je lui ai proposé de faire des essais. Elle a dit oui avec beaucoup d’humilité.

Vous lui donnez la réplique en jouant un personnage loufoque…

C’est une sorte de cousin germain de Bernie. Il est perdu, décalé, naïf, touchant, très spectaculaire dans son phrasé et dans son raisonnement. C’est un rebut, mais ce n’est pas de sa faute.

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D’où vient votre tendresse pour les marginaux?

Ces gens-là me touchent. J’ai du mal à expliquer pourquoi… (Réflexion) Peut-être parce qu’ils sont spectaculairement rejetés. Un mec qui n’est pas bon à l’école devient adulte avec une mésestime de lui. Et si la structure de l’école n’était pas bonne pour lui? Et s’il n’était pas encadré comme il devrait l’être?

Vous êtes réputé pour être franc du collier… Est-ce que ce trait de caractère change avec le temps?

En vieillissant, je me dis parfois que ce n’est pas la peine d’ouvrir ma gueule. C’est pour ça que je ne fais pratiquement pas de télé. On peut y être tous les jours si on veut. Or, c’est un foutoir d’informations. Et ce que retient surtout le téléspectateur, c’est le côté anxiogène de tout ça. Quand on est en bonne santé et qu’on a un boulot, on se sent limite
coupable de ne pas être malade ou au chômage!

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=YFJ1XAZh2OI&w=640&h=360]
9 mois ferme
En salle dès vendredi

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