Soutenez

Conservateur du patrimoine buandier

Photo: Daphné Caron/Urbania

Dans l’est de la ville, Nadjib Deliba, le propriétaire de la Bendix, a décidé de transformer sa buanderie en véritable musée du lavage.

D’où vient le nom de votre buanderie?
Je ne sais pas, c’est les vieux du coin qui l’appelaient «la Bendix», j’ai décidé de garder le nom quand j’ai acheté le commerce il y a 15 ans. À l’époque, j’avais eu droit à toute une page dans La Presse. Nathalie Petrowski avait vu les deux jardinières que j’avais installées dans des bains sur pattes et elle a écrit que ça voulait dire que les artistes commençaient à s’installer dans Hochelaga-Maisonneuve.

C’est vrai qu’il y a un côté artistique à votre commerce?
C’est moi qui ai peint le décor! Je m’amuse. Je ramasse des vieilles laveuses depuis le début. Chaque fois que j’en ai l’occasion, j’aime m’arrêter dans les marchés aux puces et acheter des machines anciennes. Pour le plaisir et pour l’histoire.

Quelle est votre plus vieille machine?
J’ai des machines ici qui datent d’avant l’électricité. Je n’ose pas dire d’avant 1890, parce que je ne suis pas expert, mais il y en a qui sont très vieilles. Ça nous apprend comment les gens lavaient à l’époque. Regarde celle-là, par exemple, le linge passait entre deux planches: ils n’avaient pas encore compris que le linge devait tourner!

Votre commerce lui-même est assez vieux, non?
Oui, on lave du linge ici depuis au moins 70 ans. J’ai trouvé une vieille pancarte qui indique le prix d’un lavage à l’époque – 25¢ – et qui précise que la machine essore et s’arrête automatiquement. C’était un exploit à l’époque!

De plus en plus de personnes ont une machine à la maison. Est-ce que ça met votre commerce en péril?
J’ai des clients qui ont des machines à la maison, mais qui n’ont pas le temps de faire leur lavage. Pour 8 à 10$, ils déposent leurs sacs ici, et Raymond s’en occupe. Ils ramassent leurs vêtements propres et pliés le soir.

C’est pas cher!
Non. Ce n’est pas avec la buanderie que je gagne ma vie! C’est un à-côté. Je la garde parce que j’aime ça. J’aime que les gens viennent ici et se sentent chez eux. Et j’aime le quartier. Quand je suis arrivé, ce n’était que drogue et prostitution, mais j’étais impressionné par la largeur des rues, la grandeur des appartements et la concentration d’éléments historiques. Avant, c’était un quartier riche. Ça s’est dégradé avec les années, mais il y a encore ici des maisons qui sont comme des châteaux.

Est-ce que vous avez un truc pour enlever une tache de mon t-shirt si je l’ai déjà lavé?
Malheureusement, une tache déjà lavée, c’est fini! Mais pour le reste, et il y a des tas de produits de tous les jours, comme la fécule de maïs ou le Coca-Cola, qu’on peut utiliser pour enlever une tache.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.