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Catherine Gaumerd, relieuse

Photo: Daphné Caron/Urbania

À son atelier-reliure, Catherine Gaumerd travaille pour que les livres durent 300 ans.

Comment êtes-vous devenue relieuse?
J’ai commencé par un bac en histoire et un certificat en archivistique. À un moment donné, on a eu une conférence sur la reliure. Je suis retournée au cégep deux ans pour apprendre ça! Ça combine ma passion pour l’art et mon attrait pour le travail manuel. Je suis aussi passionnée que lorsque j’ai commencé il y a 25 ans.

Y a-t-il des applications contemporaines à la reliure?
Oui. Je relie les archives des journaux comme le vôtre, et ces temps-ci, je suis en train de relier la BD d’un garçon de 11 ans. Son père a fait imprimer les planches chez Bureau en Gros, et moi je leur assemble un produit qui ressemble à une vraie bande dessinée. Et bien sûr, il y a toujours des livres anciens à restaurer.

Comment faites-vous?
Je commence par découdre le livre et je refais la couture comme au Moyen-Âge, avec un cousoir. On repasse le fil dans chaque cahier. Après, on refait la couverture. Il y a deux écoles de pensée pour ça: les institutions, qui veulent que ça paraisse, pour éviter que l’ouvrage soit revendu comme s’il s’agissait d’un livre dans son état d’origine, et certains particuliers, qui préfèrent que ça ne paraisse pas. Dans ce cas-là, on peut même faire de la patine pour reproduire l’aspect vieilli.

Ça prend plusieurs aptitudes, donc.
Oui. Ça comporte plusieurs métiers. En France, ils ont des relieurs, des enlumineurs et des doreurs pour faire les titres. Nous, ici, il faut tout faire. En même temps, c’est valorisant.

Quel est l’avantage d’une reliure cousue?
Ça s’ouvre bien mieux et c’est plus durable. Mais je n’ai rien contre les reliures collées: ça donne du travail aux relieurs! La colle, c’est une technique moderne beaucoup moins chère, mais ça se brise facilement. Pour garder un livre à reliure collée en bon état, le mieux est de ne pas l’ouvrir plus qu’à 90°.

Vous avez plusieurs spécimens de vieux ouvrages. Quel est votre livre le plus ancien?
Celui-ci date de 1672. Mozart n’était même pas né à l’époque! La reliure était super solide, et le papier était fait de chiffon (souvent un mélange de coton, de lin ou de chanvre). C’est ma grand-mère qui me l’a donné.

Et vous nous laissez le manipuler sans gants?!
Oui. Il y a deux écoles de pensée pour ça aussi: certains disent qu’il ne faut pas salir les vieux livres, mais quand on met des gants, on a une moins bonne dextérité, donc on fait moins attention.

Qu’est-ce que vous aimez le plus de votre métier?
J’aime le résultat final. Vous savez, la satisfaction qu’on éprouve quand on fait le ménage et que c’est très poussiéreux? C’est la même chose quand je répare un livre très amoché.

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