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Korine, la fille d’à côté

Photo: Denis Beaumont / Métro

Elle a gagné un Olivier pour son numéro sur les gens «qui deviennent automatiquement frais chiés et gossants avec tout leur entourage» sitôt qu’ils achètent un Mac. Elle fait de la radio, de la télé, et adore Ty Pennington, l’animateur légèrement énervé des Anges de la rénovation. Aujourd’hui, la tordante Korine Côté s’apprête à monter sur scène avec son premier one woman show, qu’elle a intitulé simplement Mon show, évitant ainsi un titre fait d’un mauvais jeu de mots (on s’excuse d’ailleurs pour celui qui coiffe cette entrevue).

On vous a connue entre autres avec les webséries Rénove ton couple, où vous nous donniez des «conseils» amoureux, et Simple comme Korine, où vous nous offriez de savants trucs de grand-mère (pour nous débarrasser des taches sur nos vêtements par exemple). À la radio de CKOI, où vous collaborez à Debout les comiques!, vous nous avez entre autres appris comment bien choisir notre costume d’Halloween. Avec votre premier one woman show, est-ce que vous êtes là pour nous aider?
Euh… (Rires) Non, je ne pense pas! Tant mieux si ça aide, mais je n’ai pas de p’tits trucs. C’est vraiment du «directement de moi». Je n’essaye pas d’éduquer, rien.

Non? Parce que d’habitude vous êtes une personne très altruiste, qui nous apprend plein de choses!
Oui, je pratique le don de moi! (Rires)

Ce don de vous se traduit ici dans le titre très concis de votre spectacle, Mon show.
Je voulais que ce soit simple. Mon show, ça l’était. Ça dit ce que ça a à dire. C’est mon spectacle. En gros, ça va être moi sur la scène qui parle. (Rires) Je n’ai pas vraiment de thèmes qui relient les numéros entre eux, donc je me suis dit «Bon. Vu que c’est plutôt du stand-up, je vais y aller avec quelque chose qui me ressemble.» Faque c’est Mon show.

Vous évitez aussi, comme ça, les jeux de mots qu’on regrette après.
Ou les mauvaises critiques qui peuvent faire un jeu de mots décevant sur ton spectacle en déformant ton titre. C’est mon show. Ils «dealeront» avec ça.

Est-ce qu’il y aura des moments émouvants?
Non. S’il y en a qui sont touchés, je trouve ça ben l’fun pour eux, mais je ne vais pas très profondément en moi. Peut-être que, plus tard dans ma carrière, je le ferai, mais là, j’y suis allée avec les sujets qui me motivaient assez pour pouvoir en parler sur une scène. J’ai un numéro sur la Coors Light qui est quand même assez long – j’en avais long à dire! (Rires) Je parle aussi des émissions de cuisine, des restaurants et un peu de ma mère, de moi et de comment je me perçois. Ce n’est pas un show ultra personnel, en fait, mais comme ça passe par mon cerveau, c’est sûr que ça me ressemble!

Ça fait huit ans que vous travaillez en humour. Dernièrement, à C’est juste de la TV – émission à laquelle vous avez aussi collaboré –, MC Gilles se désolait du fait qu’on le considère encore comme «un jeune de la relève» et qu’on ne laisse pas assez de place à la vraie jeune relève. Vous, est-ce une chose qui vous préoccupe?
On est toujours la relève de quelqu’un. Tant que les personnes plus connues et plus expérimentées sont là, c’est sûr qu’on sera leur relève. Et puis «la relève», c’est relatif selon les personnes. Par exemple, les Chick’n Swell ont été longtemps dans la relève, selon certains! Mais oui, les gens peuvent utiliser ce mot pendant un bon moment…

Est-ce que vous vous sentez représentante de ce mouvement?
(Rires) Quand j’ai gagné l’Olivier [du Numéro d’humour de l’année] en 2013 et que je suis arrivée sur la scène, les applaudissements ont été longs. Les gens établis étaient contents aussi, mais je sentais que toute la relève était derrière de moi et qu’elle a fait «Yé!» J’ai vu qu’il y a eu un p’tit mouvement. J’ai aimé ce moment-là. J’ai trouvé ça vraiment cool.

Vous qui donnez toujours de bons conseils, est-ce que les jeunes humoristes vous en demandent souvent?
Oui, surtout les filles, quand elles sortent de l’École [nationale de l’humour]. Les gars sont peut-être un peu plus orgueilleux… pas nécessairement orgueilleux, mais peut-être moins à l’aise pour dire comment ils se sentent émotivement. Parce que c’est un métier qui est difficile, humoriste, côté émotions! C’est autant le fun que difficile. Si tu veux devenir maniaco-dépressif, ça serait le temps de pratiquer ce métier-là. (Rires)

Vous-même, avez-vous eu un mentor à travers votre parcours?
Euh… mon dieu, je cherche. Mentor un peu plus expérimenté? Non, pas tant. Mais les humoristes sont toujours disponibles pour jaser. Il y en a beaucoup qui traînent avec la relève. Mais pas «traînent» dans le sens péjoratif, dans une ruelle, en prenant de la drogue, là! (Rires) Tu peux facilement parler à Mike Ward, qui est un gars très accessible (et qui m’a d’ailleurs invitée à participer à trois de ses galas de suite). Que tu sois le président des États-Unis ou un itinérant, t’es la même personne à ses yeux. C’est ce que j’aime de ce gars-là : son intégrité. C’est facile de parler avec lui et de lui demander des conseils.

L’humour, c’est mystérieux. Il y a des gags que je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi ça rit. Je ne sais pas, peut-être parce que ça va chercher un mot, ou une syllabe… Côté sonorité, des fois c’est mieux de dire «seize» que «treize», de dire «gauche» que «droite». C’est vraiment de la musique, et il faut trouver la bonne.

Dans une récente entrevue publiée dans Clin d’œil, vous parlez du fait que sur scène, vous aimez vous habiller très simplement parce que, selon vous, les gens jugent les vêtements avant de vraiment écouter. Qu’est-ce que vous pensez des humoristes comme Amy Schumer [qu’on aime au demeurant beaucoup] qui jouent sur leur look?
Si ça va avec le propos, je pense que c’est parfait! J’ai vu Florence Foresti en robe bustier et je trouvais ça super beau! Moi, avant [de faire de l’humour], je travaillais dans un atelier. Je portais des jeans sales, des camisoles sales et quand la fin de semaine arrivait, j’avais hâte de mettre une robe et des boucles d’oreilles! Là, quand je vais à la télé, il faut que je m’habille propre et qu’ils me mettent du maquillage, donc dans ma vie plus personnelle, j’ai moins le goût d’en mettre. On répond à ce qu’on vit, et sur scène, je ne veux vraiment pas compliquer la chose.

Dans un show, que l’humoriste soit un gars ou une fille, son costume, est-ce une chose que vous regardez d’emblée?
En fait, c’est niaiseux, mais je regarde même le décor! S’il ne «fitte» pas avec le propos, je vais le regarder super longtemps et essayer de comprendre pourquoi on a mis ça. Aussitôt que t’amuses mon œil, mon mental n’est pas amusé.

On en déduit que votre décor sera simple?
J’en ai pas! (Rires) J’ai un tabouret. Que j’ai fait. Mon ami Jean-François m’a aidée, mais j’ai sculpté les pattes au tour à bois, je l’ai huilé, on a acheté de la bonne colle… il a des petits défauts, mais je suis bien contente du résultat. Il est solide, il n’a pas encore fendu, je me suis mis un beau p’tit rack pour mettre ma gourde…. il est tout pratico-pratique. Pis c’est la seule chose que j’ai sur scène.

Sur scène, est-ce que vous vous sentez aussi à l’aise que vous en avez l’air?
Oui! La scène, c’est tellement libérateur! Si tu faisais de l’angoisse dans la vie, il y a de bonnes chances que ça la réduise. Un show, ça peut guérir. Des fois, ça m’est arrivé, pour aucune bonne raison, d’avoir un p’tit cafard d’hiver, mais j’ai fait mon show, j’ai parlé pendant une heure et demie et ça m’a changé les idées. C’est un bel exutoire.

Question classique : qu’est-ce qui vous fait rire et riez-vous facilement?
Je ris TRÈS facilement! Je suis bon public. Il y a beaucoup de choses que j’aime. J’aime les anecdotes de mes amis, qui sont très drôles et me font rire à en pleurer. J’adore le sarcasme, j’adore François Pérusse, Louis CK, les Chick’n Swell… Les Denis Drolet me font mourir à chaque gala Juste pour rire, je les trouve tellement bons! J’aime aussi le monde qui plante. Ça me fait rire, des gens qui tombent. Il y a plein de choses qui me font rire; je ne suis pas difficile, mais il faut que ça me surprenne.

Votre première montréalaise aura lieu le 26. Votre show idéal, il a l’air de quoi?
Des gens qui rient fort. Qui rient bien. Et qui n’ont pas trop chaud dans la salle avec leurs manteaux.

Vous dites «rire bien». C’est quoi pour vous, «rire bien»?
C’est rire de façon simple. Juste se laisser aller. Moi-même des fois je vais rire parce que j’ai trouvé ça drôle, mais ça ne m’a pas surprise, j’ai fait «haha, c’est bon». J’aimerais que ça fasse «HA! HA! MON DIEU! Je ne l’ai PAS vue venir celle-là!!!»

Lisez aussi notre entrevue avec Mike Ward.

Korine Côté
Les 27 et 29 janvier
Au Théâtre Corona

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