Les p’tits nouveaux de l’humour: entrevue avec Korine Côté
Le gala Les Olivier, qui aura lieu dimanche, couronnera du titre de Découverte de l’année un de ces humoristes de la relève. Métro a posé quelques questions à l’un des cinq finalistes.
Selon toi, qu’est-ce que tu apportes de différent au monde de l’humour québécois?
Du sarcasme et ma vision des choses. Comme je suis la seule à voir à travers mes yeux, personne d’autre que moi ne peut le faire. À moins que quelqu’un me vole mes yeux et se les pose, mais il faudrait vraiment être motivé.
Qui, parmi les autres finalistes de ta catégorie, serait ton coup de cœur de l’année?
François Bellefeuille. Un gars plein de talent avec un personnage de scène éclaté qui fait autant rire le public que les humoristes. Moi, il me fait rire à en avoir mal à la face.
Crois-tu qu’on laisse assez de place aux femmes humoristes au Québec?
Oui. La place est là, il faut juste la prendre. Et ça, c’est bon pour tous les humoristes, gars ou fille. Les gens passent leur temps à vouloir séparer en deux catégories les humoristes gars des humoristes filles, contrairement à beaucoup d’autres métiers. On ne sépare pas les dentistes, médecins, préposés à l’entretien et conseillers en assurance. D’ailleurs, le Gala les Olivier est l’un des seuls qui remettent des prix tout sexe confondu. Il n’y a pas de catégories homme ou femme et c’est bien comme ça. Humoriste contient un « e » à la fin et selon moi, c’est un nom unisexe qui s’accorde seulement en nombre, et non en genre. Bien sûr, ça, c’est ma vision à moi. C’est sûr qu’il y a encore certains « bookers » qui hésitent à engager des filles de peur que ça ne rie pas. Selon moi, c’est très dépassé comme mentalité et pour apprécier l’humour, il faut être de son temps.
Trouves-tu qu’on laisse assez de place aux humoristes de la relève au Québec?
Je trouve que oui. Même si les places sont limitées sur les galas des festivals d’humour, il y a tout plein d’autres occasions. Je pense à Un Gars le soir et Cliptoman qui donnent la chance à beaucoup d’humoristes de la relève de travailler à la télé. Les Soirées Juste pour Rire à Vox aussi. Les galas Grande Première du Grand Rire de Québec et le Grand Rire Comédie Club. Sans compter toutes les soirées d’humour dans les bars. Le web aussi offre une belle visibilité. C’est certain qu’il y a des moments où le travail manque, mais il ne faut pas cesser de travailler. Il faut continuer d’écrire et se créer des opportunités. Comme je le mentionnais plus haut, il faut prendre sa place. Des fois pour ouvrir une porte, il faut juste pousser dessus. Les portes ne sont pas toutes automatiques comme à l’épicerie.
Complète la phrase : Je serai complètement satisfait de ma carrière le jour où …
Je vais arrêter de travailler. Je crois que je ne serai jamais complètement satisfaite pendant que je travaille. Ok, là je sais que ça sonne défaitiste, mais ne vous méprenez pas, je ne suis pas une fille torturée qui râle d’amertume du matin au soir! Je m’explique: Le métier d’humoriste nous oblige à toujours à se renouveler et à retravailler des textes encore et encore. À les apprendre, à les répéter et à les livrer en espérant que le public, les critiques et nos collègues apprécient. Après de bonnes réussites, comme un one woman show, une série télévisée ou un roman, je serai sûrement grandement satisfaite, mais jamais complètement. On pourrait peaufiner à l’infini. C’est comme une course : on pourrait toujours courir, mais à un moment donné, il y a une ligne d’arrivée. Ou un tendon déchiré, c’est selon.