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Le dep: survivre à tue-tête

Photo: Stéphanie Lachaine/collaboration spéciale

Production modeste s’il en est une, Le dep de Sonia Bonspille Boileau parle de sujets importants avec sincérité et authenticité.

Environ 10 jours de tournage dans un seul lieu avec moins de 150 000$ de budget: les contraintes étaient nombreuses dans l’élaboration de ce premier long métrage. Et pour Sonia Bonspille Boileau, c’était important que le rôle principal soit défendu par une femme autochtone.

«Elles ont leur place à l’écran, affirme la rayonnante cinéaste d’origine mohawk, lors d’un entretien téléphonique. Et on a des comédiens autochtones qui sont vraiment très bons, qui pourraient jouer n’importe quel rôle si on leur donnait la chance.»

Inspiré d’histoires survenues aux gens de l’entourage de la metteure en scène, Le dep s’intéresse à une jeune femme innue (Ève Ringuette, connue grâce à Mesnak) qui travaille au dépanneur de son père dans une communauté autochtone du Québec et qui se fait braquer par un homme cagoulé. Au lieu de lui donner l’argent, elle commence à discuter avec le voleur…

Cherchant à se tenir loin des clichés qui touchent parfois certains essais autochtones, le récit universel parle néanmoins de pauvreté, d’intoxication et de violence familiale. «C’est difficile de les éviter, concède la réalisatrice et scénariste. Je ne voulais rien faire de folklorique. Je voulais des personnages autochtones multidimensionnels. Et je voulais que l’action de mon film se déroule dans une communauté. Mais aussitôt que tu mets ces éléments-là ensemble, on dirait que l’aspect problématique et social ressort. Je ne voulais pas plaquer les problèmes sociaux. Je voulais plutôt qu’on voie le résultat des problèmes sociaux dans les personnages.»

«J’imagine que, dans pas long, on pourra faire des films où on n’aura pas besoin de parler des problèmes sociaux. Mais on n’est pas rendu là. Il faut encore qu’on les dépasse.» – Sonia Bonspille Boileau, réalisatrice de Le dep

Vers la réconciliation
Avec les sorties récentes de 3 histoires d’indiens, Rhymes for Young Ghouls, Uvanga, Maïna, Standstill et maintenant Le dep, le «cinéma autochtone» a le vent dans les voiles et, s’il faut en croire la cinéaste Sonia Bonspille Boileau, ce n’est qu’un début.

«Avant, on faisait plus des films pour nous. On faisait aussi beaucoup de documentaires où on racontait un problème pressant. Ça fait peut-être juste cinq ans qu’on a des films avec des personnages autochtones forts que le grand public est intéressé à voir. Pendant tellement d’années, on n’en a pas eu, des histoires, alors il faut qu’on se rattrape!»

«Depuis peut-être 25 ans, il y a plus d’occasions, rappelle la réalisatrice. Il n’y en avait pas avant, des programmes qui s’adressaient uniquement aux artistes autochtones. Toutes ces choses-là font en sorte que les jeunes autochtones voient une ouverture pour leur art et leurs façons de s’exprimer. Je vais postuler et je vais voir où ça me mène. Ça donne de grands cinéastes, de grands musiciens.»

Le dep
En clôture de Présence autochtone
Au Cinéma Beaubien mercredi à 19 h
En salle vendredi

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