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Là où Atilla passe: ici et ailleurs

Photo: K-films Amérique

Chronique douce-amère empreinte de solitude et de nouveaux départs, Là où Atilla passe unit le personnel et l’universel à la même enseigne.

Là où Atilla passe ne pouvait sortir à un meilleur moment. Alors que le Québec accueille son lot de réfugiés syriens, le film traite du déracinement et de l’aliénation d’un jeune homme (Émile Schneider) d’origine turque, de ses parents adoptifs (Roy Dupuis, Julie Deslauriers) et de leur entourage. Un mal-être latent qui pourrait bien être généralisé.

«J’ai beaucoup d’amis haïtiens, russes, allemands et français qui se sont installés ici avec leur famille, raconte en entrevue le verbomoteur Émile Schneider, qu’on verra plus tard cette année dans Le rang du lion. Les deux, trois premières années, c’est une découverte, c’est merveilleux. Mais plus ça avance, plus l’isolement et la solitude se font sentir. Je pense qu’il y a des moyens qu’on pourrait prendre pour que l’intégration soit un peu plus facile et généreuse.»

Malgré son côté turc, sa musique enivrante, ses soirées de danse sans fin et ses repas qui font saliver, Là où Atilla passe troque rapidement sa spécificité pour une universalité qui est la bienvenue.

«Il ne s’agit pas pour autant d’un film multiculturel, précise rapidement son réalisateur et scénariste turc, Onur Karaman, qui habite le Québec depuis 1990 et qui en est à son second long métrage, après La ferme des humains. Je fais un film sur l’émotion, sur la personne elle-même.»

Une œuvre sensible où les deuils, les ruptures et les adieux sont au premier plan, mais qui demeure lumineuse dans sa poésie furtive inspirée de celle de Terrence Malick. Son rythme contemplatif amène d’ailleurs une atmosphère assez salvatrice qui se répercute sur le jeu des acteurs.

«On est une terre d’accueil qui va devenir de plus en plus colorée. Ça fait partie de la réalité, et on ne le voit peut-être pas assez dans le cinéma québécois.» – Émile Schneider, acteur de Là où Atilla passe

«Je pense qu’on avait le droit de se permettre les silences et les non-dits, avoue Julie Deslauriers, qui fait une rare incursion au cinéma. Onur encourageait ça. Le silence dans la vie, dans les dialogues, ça ne lui faisait pas peur. On a l’habitude de croire que les scènes doivent avoir du beat pour avancer, mais ce n’est pas un film comme ça, ce n’était pas écrit comme ça. Le silence témoigne du temps qui passe, du drame et de la solitude de chacun.»

C’est ce ton unique qui a immédiatement séduit Roy Dupuis, qui aime depuis quelques années prendre des risques en participant à des créations de jeunes cinéastes. Il renoue ainsi avec une figure de père attachant qui prêche par l’exemple, à l’image de celui qu’il incarnait dans Le bruit des arbres.

«Je n’ai plus beaucoup le goût de jouer, confie le populaire comédien. Il me faut un peu plus de danger, il faut qu’on sorte un peu plus des sentiers battus. Ce scénario-là le fait. »

Là où Atilla passe
En salle dès vendredi

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