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Des nouvelles d’Agnès

Photo: Chantal Levesque/Métro

Après que sa première œuvre de fiction eut reçu un chaleureux accueil, la chroniqueuse et reporter de La Presse Agnès Gruda récidive avec un second recueil de nouvelles, Mourir, mais pas trop.

Grand Nord où se côtoient l’horreur et «toute la beauté du monde», amoureux aux multiples vies rencontrés sur un site internet, mère porteuse en Inde, attentat-suicide islamiste: la chroniqueuse internationale qu’est Agnès Gruda ne semble jamais bien loin de celle qui publia en 2010 Onze petites trahisons, sa première œuvre de fiction, parue aux éditions Boréal.

«Je travaille à La Presse depuis 30 ans, je touche à toutes sortes de sujets, et le journalisme fait partie de moi. Certains thèmes sont inspirés de reportages, mais très peu au total, en fait. Celui sur les mères porteuses, je l’ai abordé en octobre 2014 pour La Presse et cela m’a beaucoup touchée du point de vue humain. J’avais l’impression que le reportage ne permettait pas de rendre tout ce que cela charrie comme émotions et comme questionnements», explique Agnès Gruda avant de répondre en polonais à la propriétaire du café où se déroule l’entretien, qui lui dit la confondre souvent avec la journaliste de Radio-Canada Alexandra Szacka. Normal, c’est sa demi-sœur, précisera-t-elle en cours de discussion. Retour à l’entrevue.

Si Agnès Gruda, qui n’exclut pas d’écrire un jour un roman, aime tant le genre de la nouvelle littéraire, c’est qu’elle lui permet d’extrapoler un sujet dans le temps et d’imaginer ce que pourrait être la suite des choses, comme dans le cas de ces mères porteuses et des embryons dont on avait perdu la trace… Ce que ne permet évidemment pas le reportage. Un travail qui s’inscrit dans le moment présent et selon un angle précis.

C’est en se baladant que, la plupart du temps, cette grande marcheuse voit jaillir des paragraphes qu’elle écrit à son retour à la maison. Puis, à un moment donné, une histoire s’esquisse qu’elle accole au paragraphe en question et, ô magie, la juxtaposition fonctionne.

«Plusieurs nouvelles ont un point de départ, mais ensuite, je pars, je flye dans mes propres démons et mes propres névroses.» – Agnès Gruda

Bien qu’elle se soit décidée sur le tard à publier de la fiction, Agnès Gruda est tombée dans la marmite littéraire lorsqu’elle était petite puisque ses parents étaient, dit-elle, d’excellents conteurs. «Mes deux sœurs et moi écoutions nos parents et nous nous demandions: “Que pourrions-nous raconter, nous dont les vies sont tellement plates?”» se souvient la journaliste, dont la mère fait partie d’une organisation judéo-polonaise qui a édité une vingtaine de témoignages de survivants de la Shoah.

«Puisque je n’ai pas vécu des événements aussi extraordinaires que mes parents, je me suis dit que j’allais en inventer», sourit Agnès Gruda, qui poursuit ainsi une tradition familiale avec ce recueil où la Dame à la faux plane continuellement, comme une menace que l’on doit défier en sublimant la vie.

Art Agnès Gruda Mourir mais pas tropMourir, mais pas trop
Éditions Boréal

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