À bout de souffle, la culture applaudit à la réouverture des salles
Alors que le gouvernement annonce la réouverture des salles à partir du 7 février, les réactions du milieu culturel sont mitigées. Après deux ans de pandémie et de nombreuses contraintes, celui-ci réclame notamment une vision à long terme.
«C’est une bonne nouvelle. On peut reprendre ce pour quoi on existe. On aurait cependant souhaité rouvrir avec les mêmes modalités que celles dans lesquelles nous avons été fermés, c’est-à-dire à pleine capacité», dit David Laferrière, président du conseil d’administration de l’association RIDEAU.
Avec une capacité d’accueil limitée à 50% pour un maximum de 500 personnes, «il faut s’attendre à ce que certains spectacles soient annulés pendant l’hiver et au printemps», prévient-il.
Énième réouverture des salles
Les multiples fermetures et réouvertures des salles depuis 2020 font, par ailleurs, regretter à David Laferrière le manque de vision des autorités. Face à beaucoup d’incertitude, celui-ci souhaite «un plan à moyen terme, au moins». «On aimerait que la santé publique s’engage un peu plus, se projette dans le temps avec un horizon pour que l’on puisse s’adapter. Les mesures sont encore importantes», poursuit-il.
Même s’il reconnaît le geste de bonne volonté du gouvernement, Michel Sabourin, porte-parole de l’Association des salles de spectacles indépendantes du Québec (ASSIQ) et président du Club Soda, sollicite aussi plus de prévisibilité.
«Une date d’ouverture, ça aide pour la programmation et la gestion du personnel. C’est mieux que rien. Mais nous, ce qu’on veut savoir, c’est si les mesures d’urgence vont continuer. Est-ce qu’on peut le savoir maintenant, et pas la veille du budget? Ça change tout pour nous», affirme-t-il.
Aude Renaud-Lorrain, codirectrice du Cinéma Public, salue ce «support de la part des gouvernements». «Je suis confiante, mais le milieu culturel va tout de même rester fragile. Il faut nous redonner de l’espoir», confie-t-elle. Ses équipes, tout comme l’ensemble du milieu, ressentent en effet un épuisement général et une lassitude face à cette pandémie qui n’en finit pas.
Vouloir soutenir la culture, c’est prendre des décisions importantes et se commettre clairement.
David Laferrière
Regagner la confiance du public
Toujours selon Aude Renaud-Lorrain, le défi, à l’approche du 7 février, est de redonner confiance au public. «Certains sont encore réticents à l’idée de retourner dans les salles. Il y a une communication à mettre en place sur nos mesures.»
À ce titre, l’Association des propriétaires de cinémas du Québec, dont les membres vont rouvrir leurs salles à partir du 11 février, insiste sur l’aspect sécuritaire de celles-ci. «Nous avons des protocoles d’entretien complet, des espaces vastes et une ventilation efficace. De plus, les gens sont tous vaccinés, distancés, assis dans le même sens, en silence. Aucun équivalent en termes de gestion des risques», certifie ainsi Éric Bouchard, son coprésident.
Michel Sabourin rappelle également que, jusqu’à présent, «nous n’avons pas eu d’éclosion dans les salles de spectacles».
«On aimerait que la santé publique embrasse l’importance des lieux culturels pour la santé mentale de la population. On entend souvent le premier ministre parler de sport, tant mieux si c’est ce qui l’allume, mais on aimerait que le discours suive pour la culture», conclut enfin David Laferrière.