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«Crash» ou la vie à fond de train de Les Louanges

Les Louanges
Les Louanges sort son nouvel album «Crash». Métro l'a rencontré. Photo: Josie Desmarais, montage Métro

Sur son très attendu nouvel album Crash, Vincent Roberge, alias Les Louanges, chante les grandeurs et désillusions de sa vingtaine à fond de train dans son irrésistible et incomparable mélange de pop groovy, de jazz, de R&B et d’électro. Une œuvre de haute voltige on ne peut plus incarnée.

«Je fais des entrevues et des photos depuis 9h, ça n’arrête jamais, mon affaire», lance Vincent Roberge mardi après-midi lorsque vient notre tour de lui parler.

C’est vrai que ça n’arrête jamais, son affaire. On le constate en écoutant les chansons de Crash, qui posent un regard doux-amer sur les années agitées qu’il a connues après le succès fulgurant de son premier album, La nuit est une panthère, sorti en 2018.

«Moi j’y vais à fond», répète-t-il sur la très jazzy et nerveuse Prologue, qui ouvre l’album. «Ça fait un bout que j’ai pu sommeil/Vivant au lever du soleil», entonne-t-il un peu plus tard sur Bolero.

Le jeune artiste a vécu le début de sa vingtaine à vive allure, enchaînant les tournées et cumulant les récompenses – notamment trois Félix et une sélection sur la courte liste du prix Polaris.

«Le 13 mars 2020, je faisais du bodysurfing sur 300 personnes à Paris», illustre-t-il. Vous connaissez la suite, un vilain virus a cassé le party et pas rien qu’un peu.

De retour au Québec, après avoir dû annuler son premier spectacle sold out au MTelus, Vincent se retrouve isolé dans un chalet avec ses instruments de tournée.

«J’ai transformé le chalet en studio et j’ai fait comme un bon vieux Don Draper, un bon vieux monsieur, et je me suis pitché dans le travail au lieu de réfléchir à mes sentiments!» raconte-t-il en échappant un rire.

Temps d’arrêt pour Les Louanges

Cet arrêt forcé l’a néanmoins obligé à prendre du recul par rapport au tourbillon des dernières années, qui ont «paru comme une vie entière, même si c’était deux ans et demi», souligne Les Louanges.

«De faire toutes ces prises de conscience et de repenser à des moments qui ont eu un impact dans ma vie a fait en sorte que je n’ai pas trop eu à réfléchir à ce que j’avais envie de dire et à où j’avais envie d’aller. Ça s’est fait un peu tout seul», dit-il, mentionnant s’être fié à son instinct tout au long du processus de création de Crash.

Crash, c’est la vraie vie qui m’a fessé dedans.

Vincent Roberge, alias Les Louanges

La maturité qu’a acquise le jeune homme de 26 ans s’entend particulièrement dans la poésie mélancolique de ses textes, auxquels il a consacré un soin tout particulier. «Le premier album, veut veut pas, je n’avais pas encore vécu grand-chose dans ma vie. Là, j’avais envie que ce soit super real», confie-t-il.

Cette quête de vérité a donné des chansons très introspectives. Comme Facile, une des plus belles de l’album selon lui (et selon nous aussi), qui relate avec une grande vulnérabilité une rupture amoureuse.

«C’est toujours plus facile de te cacher derrière 12 000 métaphores ou de faire des arrangements super complexes, dit-il. Ce qui est dur, c’est de trouver LA bonne affaire à dire, simple et forte.»

Perfectionniste, vous dites?

Ce qui n’a pas empêché le multi-instrumentiste formé en jazz de se dépasser pour composer des arrangements hétéroclites, audacieux et inventifs. «Quand vient le temps de travailler, je me demande toujours comment faire la meilleure affaire possible? Comment on la pousse plus haut?» dit-il.

Les Louanges serait-il un perfectionniste? «Des fois, je me tape sur les nerfs! répond-il en riant. Eh que je m’en pose des questions dans la vie! Maudit… C’est dur d’être vraiment satisfait, mais c’est le prix à payer pour avoir de quoi qui se tient.»

Lorsqu’il précise sa pensée, on comprend mieux pourquoi il met tout son cœur dans son art. «La musique est ce qui s’approche le plus d’une croyance religieuse dans ma vie. Je travaille à son service. Je suis un col bleu de la musique», illustre-t-il.

D’où son franc-parler et sa rafraîchissante absence de flafla lorsqu’il répond généreusement à nos questions. Vincent Roberge dit se reconnaître en Marc Séguin ou encore en Gaston Miron – qu’il échantillonne sur l’album –, des artistes débordants de passion qui sont, selon lui, dans la recherche de «ce qui est brut, ce qui est vrai» et qui ne se laissent pas distraire par le bruit ambiant.

Et le jeu en vaut la chandelle. Car Crash est un album abouti et assumé conçu avec soin. Une proposition artistique riche qu’on s’attend à retrouver dans nos palmarès de fin d’année.

Crash est disponible sur les plateformes d’écoute.

Deux chansons marquantes

Alors que la majeure partie de Crash est très personnelle, la chanson Chaperon en fin de parcours aborde la dure réalité des agressions sexuelles. «Je ne commencerai pas à expliquer aux gens comment vivre, prévient Vincent Roberge, qui ne donne pas dans la chanson engagée. Par contre, ce que je peux faire pour contribuer, c’est raconter une expérience que j’ai vécue de près. Il est arrivé l’impensable à une amie. Je ne peux pas parler pour elle, donc j’ai choisi de l’aborder de mon point de vue. Après, c’est la vie que j’essaie de dépeindre, avec ses bons et ses mauvais côtés.

Tout juste après vient la lumineuse pièce titre chantée en duo avec nul autre que Corneille dans des sonorités R&B hyper envoûtantes. Dans un refrain accrocheur, les deux artistes rappellent que «l’orage va bien finir par se tasser». Leur surprenante rencontre a eu lieu «par pur hasard» dans le stationnement d’un studio. «Je lui ai expliqué un peu le contenu de l’album et il a tout de suite compris», se réjouit Les Louanges.

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