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La danse pour documenter les changements climatiques 

Cinq danseur.euse.s et une pellicule d'aluminium sont sur scène dans le spectacle «MWON'D». Photo: Kevin Calixte

La chorégraphie documentaire, vous connaissez? Cette approche, qui est celle de la danseuse et chorégraphe afro-contemporaine Rhodnie Désir pour ses spectacles, dont MWON’D, est bien différente de ce qu’on connaît à l’écran ou au théâtre. Ici, aucun texte, aucune statistique, que du mouvement.  

«Il n’y a pas de fait cités et je ne pose aucune donnée dans le programme de la soirée non plus; c’est volontaire», explique à Métro la récipiendaire du prix danseuse de l’année au dernier Gala Dynastie. «Ma démarche de chorégraphie documentaire, elle est principalement pour que l’interprétation soit authentique et non romancée. On ne tente pas d’imaginer les changements climatiques, on le vit.» 

Avant de présenter son spectacle MWON’D, qui joue actuellement à l’Agora de la danse, l’artiste s’est entretenue avec bon nombre de spécialistes de la question environnementale afin de bien saisir les enjeux, question de mieux en témoigner sur scène.  

«C’est la mémoire de ces conversations qu’on retrouve dans mes spectacles et non les conversations elles-mêmes, précise-t-elle. À partir de ça, pour moi, naissent des gestes: des gestes rythmiques, chorégraphiques, d’espace, de costume…» 

Le sixième passager 

De ses entrevues avec des scientifiques, Rhodnie Désir a particulièrement réalisé la difficulté pour l’être humain de comprendre les proportions. Un peu comme on peut avoir l’impression qu’un siècle est une éternité, alors qu’il s’agit d’une poussière dans l’histoire de l’humanité, on saisit mal l’importance que peut avoir un degré de plus pour la température planétaire ou encore les impacts quand on sème une plante plutôt qu’une autre.  

«On rapporte les chiffres à nous-mêmes plutôt qu’à un ensemble, analyse l’artiste. Quel est l’impact de chacun de nos gestes sur l’ensemble du monde? On est l’espèce la plus destructrice, mais pas celle qui vit le plus longtemps, et on agit comme si on était la seule.»   

C’est avec cette notion de proportions en tête que la chorégraphe a eu l’idée d’avoir une sixième interprète dans le spectacle, en plus des cinq danseur.euse.s qui participent à MWON’D: une pellicule d’aluminium gigantesque et sonore qui surplombe la scène.  

«La pellicule, qui est mécanisée, vient resserrer l’espace pour amener des moments de contention, de drame, explique Rhodnie Désir. Elle devient aussi complètement translucide pour laisser apercevoir autre chose. Elle devient tellement fragile qu’elle arrive à nous chercher émotivement. Elle n’a pas juste un message, tout comme une forêt n’a pas juste un message.» 

Un peu comme l’eau peut purifier ou détruire et que le feu peut réconforter ou anéantir, la pellicule joue sur les grands pouvoirs à double tranchant de la nature, tout en étant un appel à la conscientisation environnementale et à l’urgence de la situation.  

«Le problème, c’est l’accélération des changements climatiques à une vitesse hyper accélérée parce qu’on n’a pas pris le temps d’attaquer les dimensions environnementales, soutient la chorégraphe, qui croit que le changement doit venir de l’intérieur de chacun.  

MWON’D est présenté le 9 décembre à 19h et le 10 décembre à 16h.  

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