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Greg Beaudin émerge du chaos 

Greg Beaudin Photo: Gracieuseté, Éléonore Côté-Savard

Greg Beaudin, membre du groupe de rap québécois Dead Obies et de la formation Brown Family, fait paraître ce vendredi un premier album solo fort personnel, Tiamat, mon amour, où il s’ouvre en toute vulnérabilité sur une difficile rupture amoureuse et tente de remettre un peu d’ordre dans le chaos de son existence.   

Le rappeur trentenaire, auparavant connu sous le pseudonyme de Snail Kid, a partagé sa vie pendant 10 ans avec son ex-copine avant de se séparer, une rupture survenue alors qu’il décidait de lancer un projet solo. Cet événement, avec le déménagement et la reconstruction qui ont suivi, a fortement teinté cet album qui l’a aussi aidé à guérir.  

Se confier en musique 

Crise de la trentaine, rupture, passe dépressive… les dernières années ont été assez chaotiques pour Greg Beaudin d’un point de vue personnel et émotionnel. Il s’est beaucoup intéressé au principe selon lequel l’ordre et le chaos sont deux forces qui s’opposent, l’humain devant trouver un équilibre.  

Or, l’artiste avait les deux pieds complètement du côté du chaos. Plus rien n’avait de sens, il pataugeait dans l’absurde et devait mettre de l’ordre dans sa vie, confie-t-il à Métro. Ainsi son album traite de sa séparation amoureuse, mais aussi de sa rupture avec Tiamat, cette divinité mythologique, maîtresse des forces du chaos, métaphore qui donne son titre à l’album: Tiamat, mon amour.  

«Faire de la musique, c’est pour moi la seule façon d’exprimer des émotions. Je ne suis pas quelqu’un qui parle beaucoup de ces affaires-là dans la vie, ça sort donc plus souvent dans ma musique que dans mes conversations», raconte celui qui, avec ses ami.e.s, est reconnu pour être le gars qui fait des blagues et qui contribue à créer une bonne ambiance. «La musique, c’est la meilleure automédication», poursuit-il. 

Le musicien avoue avoir d’abord eu peur de livrer un projet si intime, mais se dit aujourd’hui fier d’avoir osé plonger dans ces eaux plus profondes, d’autant plus qu’il trouve dommage que le rap s’en prive trop souvent, se confinant à ses thématiques phares d’égo et de party

Élargir ses horizons musicaux 

Ce n’est pas que thématiquement que Greg, fan de Tame Impala, Radiohead et des Beatles, s’éloigne des codes rigides du rap; il le fait musicalement aussi. Le soul, le jazz et le R’n’B sont à l’honneur sur l’album.  

De nouvelles rencontres et de nouvelles collaborations sont venues enrichir le son de Tiamat, mon amour. À titre d’exemple, Greg, voisin de studio de Les Louanges, a beaucoup écouté dans la dernière année l’album Crash de celui qui est devenu son ami. L’influence s’entend sur son projet. «C’est sûr que ça a teinté ma musique», reconnaît-il. Les deux artistes ont d’ailleurs collaboré sur l’extrait Pas toi encore.  

Ces rencontres ont aussi aidé le rappeur à bâtir la confiance nécessaire pour proposer quelque chose de différent. «Au début, j’avais le syndrome de l’imposteur, ça me stressait, je tassais tout ce qui n’était pas du rap, mais j’ai fini par assumer que ce genre de son pouvait aussi être moi.»  

Même si on reconnaît toujours le rappeur de Dead Obies et Brown Family, l’album Tiamat, mon amour permet de découvrir Greg Beaudin sous une autre facette, qui ressemble davantage à la personne qu’il est aujourd’hui.  

Encore plus de Greg 

Ce n’est cependant pas la fin de ses autres projets. Le groupe Brown Family, qu’il forme avec son frère et son père, travaille activement sur un troisième album, déjà bien avancé. Pour ce qui est de Dead Obies, ses confrères et lui sont en discussion pour éventuellement lancer le processus de création d’un nouvel opus.   

Parallèlement, Greg Beaudin poursuit une carrière de comédien. Il travaille présentement sur un projet de théâtre en laboratoire portant sur des jeunes en familles d’accueil. Il passe bien des auditions, apparaît dans des webséries ou des publicités par-ci par-là et rêve d’écrire un jour un projet de théâtre.  

En attendant, avec Tiamat, mon amour, l’artiste n’aspire pas au même succès qu’il a connu avec Dead Obies, qui était venu secouer, avec un vent de fraîcheur, d’originalité et de désinvolture, la scène culturelle québécoise il y a déjà une décennie, dans un esprit semblable à celui d’Hubert Lenoir aujourd’hui.  

Ce genre de succès était plus grand que lui, estime Greg Beaudin, qui ne croit pas qu’il pourrait le répéter de manière calculée. «Maintenant, je souhaite que les gens que je respecte le plus aiment mon album, que ma démarche soit entendue. Je veux aussi me présenter en spectacle. Pour le reste, je me laisse porter, je suis curieux de voir la réception.» 

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