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«Les châteaux du ciel»: le récit féérique d’un roi queer

Dany Boudreault et Mikhaïl Ahooja incarnent respectivement le roi Louis II et son aide de camp et amant, Paul. Photo: Gracieuseté, David Ospina

Mais qui était le roi Louis II de Bavière? La nouvelle pièce présentée au théâtre Denise-Pelletier et intitulée Les châteaux du ciel nous propose de découvrir ce personnage excentrique à l’origine des plus beaux palais d’Europe.  

Couronné en 1864 à l’âge de 19 ans, Louis II de Bavière a régné pendant une vingtaine d’années sur cette région de l’Europe jusqu’à sa mort tragique. Suicide ou assassinat? L’événement demeure mystérieux. 

C’est à la fin de son adolescence et dans un jeu vidéo – Gabriel Knight 2: The Beast Within – que l’autrice Marie-Claude Verdier a découvert le roi Louis II. «C’était un jeu fantastique et historique où on allait visiter des châteaux», se remémore-t-elle, châteaux qu’elle est allée visiter en personne par la suite dans le cadre d’un programme d’apprentissage de la langue allemande.  

Pacifique et queer 

Disons-le d’entrée de jeu, quoique d’une facture classique, la proposition de Marie-Claude Verdier et du metteur en scène Claude Poissant est brillante, voire enchanteresse, à l’image du personnage principal. 

«[Louis II] est un personnage qui m’a happée par sa quête d’absolu, sa volonté de se propulser dans un monde imaginaire, de le créer, d’y vivre, de le mettre en scène, explique l’autrice. Cette figure très romantique et tragique m’a tout de suite intriguée.» 

Il est d’ailleurs plutôt inusité dans la dramaturgie québécoise qu’une pièce emprunte à l’histoire de l’Europe. Avec ce récit, l’objectif de Marie-Claude Verdier était de suivre la vie assez remarquable d’un dirigeant politique. 

«Il est monté sur le trône très jeune, à la mort de son père, raconte l’autrice. Il décide comme politicien d’être quelqu’un de pacifique qui va mettre de l’avant les arts et l’éducation. Je ne pense pas qu’il y a une personne aujourd’hui dont la plateforme électorale se rapproche de ça.»  

Le monarque est formidablement interprété par Dany Boudreault, qu’on a notamment pu voir dans Le songe d’une nuit d’été, pièce ayant également été présentée au théâtre Denise-Pelletier. «En tant qu’auteur-poète, il a très bien saisi le sens du texte et la nature du rôle; un personnage très complexe à jouer», explique l’autrice au sujet du comédien. 

Et comme toute bonne adaptation historique, Les châteaux du ciel relate une histoire d’amour interdite. 

«[Louis II] ne fitte pas du tout dans les conventions de l’époque, soutient-elle. Il était queer avant que le mot existe. Il avait des amants et un rapport complexe avec la sexualité.» 

Photo: Gracieuseté, David Ospina

L’un de ses amants, son aide de camp Paul, est interprété par Mikhaïl Ahooja, lequel a entre autres tenu le rôle-titre dans le film La maison du pêcheur d’Alain Chartrand. 

«Mikhaïl Ahooja amène une vulnérabilité vraiment touchante», mentionne avec justesse l’autrice.   

Même si cette relation interdite aurait pu être davantage exploitée, la tension amoureuse entre les deux hommes est palpable tout au long de la pièce. 

Un mécène 

Sans Louis II, l’opéra L’Anneau du Nibelung de Richard Wagner n’existerait pas, selon Marie-Claude Verdier, ce qui aurait pu avoir un impact dramatique sur l’œuvre de J.R.R. Tolkien qui s’est beaucoup inspirée de celui-ci.  

En effet, le compositeur allemand – interprété avec intensité par Daniel Parent dans la pièce – s’amusait à jouer avec les codes de l’opéra de l’époque, une démarche qui était très controversée, explique l’autrice. «Wagner va d’ailleurs connaître de nombreux échecs, jusqu’à ce que Ludwig [Louis II] devienne son mécène.»  

Photo: Gracieuseté, David Ospina

Entre histoire et science-fiction 

Marie-Claude Verdier a écrit auparavant deux pièces de science-fiction, Cosmos et Seeker. Elle a d’ailleurs remporté le prix Michel-Tremblay pour cette dernière. Que ce soit à travers l’histoire ou la science-fiction, son objectif demeure le même: parler du présent. 

«Avec Seeker, j’utilisais le futur pour parler du présent. Là, j’utilise le passé pour parler du présent. J’aime beaucoup la littérature de genre, quelque chose qu’on utilise peu au théâtre, mais qui peut servir à parler de sujets contemporains à travers les codes d’un genre particulier.»   

Quoi qu’il en soit, la mise en scène de Claude Poissant, les somptueux costumes de Marc Senécal ou encore la scénographie d’Odile Gamache propulsent Les châteaux du ciel à la hauteur du faste de l’époque et des rêves féériques du monarque. Face à un tel spectacle, on ne peut faire autrement que d’être à la fois bouleversé et ébloui. 

Les châteaux du ciel est présenté au théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 15 avril

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