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«Bon matin Chuck»: le visage zéro glamour de la dépendance 

Nicolas Pinson incarne le rôle-titre de la série «Bon matin Chuck (ou l'art de réduire les méfaits)». Photo: Crave

C’est difficile d’aborder la toxicomanie avec honnêteté et transparence. Quand on ne la glamourise pas à grands coups de fêtes pailletées, on la démonise en oubliant l’humain derrière la dépendance. La nouvelle série de Jean-François Rivard, Bon matin Chuck (ou l’art de réduire les méfaits), dont les deux premiers épisodes seront déposés mercredi sur Crave, réussit à naviguer dans ces eaux sombres avec tendresse et humour.   

Il faut dire que les personnes qui sont derrière le projet ont pratiquement toutes un lien avec la dépendance, pour l’avoir vécue ou pour l’avoir côtoyée de près à travers leur entourage.  

Nicolas Pinson, qui incarne Chuck, l’animateur de l’émission matinale Bon matin, un café? dont la vie va basculer après une nuit de débauche médiatisée, est lui-même un ex-toxicomane, tout comme deux de ses partenaires de jeu, Amélie B. Simard et Sylvain Marcel… qui l’a même parrainé durant sa deuxième cure.  

Nageant en plein déni face à sa consommation, Chuck se fera prendre les culottes baissées (littéralement) et perdra tout: son émission, ses contrats, sa blonde, ses amitiés. Acculé au pied du mur, il recevra une offre de la Dre Marie Chagnon (Chantal Fontaine), qui l’invite à passer trois mois dans sa maison de rétablissement pour personnes dépendantes, à Sherbrooke. Il pourra ainsi se racheter auprès de ses proches, tandis qu’elle pourra obtenir le financement dont elle a besoin.  

Une série sur la dépendance, pas sur le vedettariat  

«Un morning man, c’est accueillant, c’est là pour bien partir ta journée. À la base, on a choisi ce métier-là parce qu’on ne s’attend pas à ça [des gens qui le pratiquent]», raconte aux médias Jean-François Rivard, qui réalise la série avec Mathieu Cyr et l’a écrite en collaboration avec ce dernier, Sarianne Cormier, Patrick Dupuis et Émilie Lemay-Perreault. 

«Que ce soit une personnalité publique – même si ce n’est pas un show qui va parler de la télé –, c’est la pression de la famille qui est quintuplée. Il a la pression du Québec au complet», ajoute celui qui a fait sa marque avec les séries Les Invincibles, Série noire et C’est comme ça que je t’aime.  

Dans la Maison L’Aube, Chuck va fréquenter des gens ordinaires, des gens qui pourraient être votre tante, votre cousin, votre frère ou votre mère. Il y a Lionel (Sylvain Marcel), dépendant à l’alcool et au jeu, Nathalie (Amélie B. Simard), accro aux antidouleurs, ou encore Thalia (Lyna Khellef), qui cherche à mettre un terme à sa consommation de crack. Et il y a la maison elle-même, qui nous parle avec ses planchers qui craquent.  

En résulte une série de 10 épisodes qui est touchante, parfois crève-cœur, mais aussi drôle et franchement niaiseuse par moments. Les blagues de vomi et de caca ne quittent pas l’univers comique de Jean-François Rivard, quel que soit le sujet! 

En noir et blanc 

Bon matin Chuck, qui assume parfaitement l’anglicisme de son titre en l’adressant (oui, on fait exprès d’en glisser un ici!) dès son premier épisode, est une série en noir et blanc. C’est un fait assez rare en télé, puisque cette esthétique, quoique soignée, peu parfois rebuter des téléspectateur.trice.s et des diffuseurs.  

«Peu importe qui tu es, ta classe sociale ou ton environnement, il n’y a pas de pardon pour la dépendance, a indiqué Jean-François Rivard durant le visionnement de presse. On est tous pareils. Je trouvais que le noir et blanc unifiait nos personnages, qu’ils étaient tous égaux face à la dépendance.» 

Ce choix, que le réalisateur qualifie de narratif et non uniquement d’esthétique, il l’a aussi fait parce que, lorsqu’il a arrêté de boire, il a eu l’impression de «voir en couleurs», comme si l’alcool venait avec «un filtre».  

Le noir et blanc permet également «d’atténuer le visage» et «d’aller chercher les yeux», «l’essence des comédiens», croit-il. Et c’est vrai qu’une bonne part du jeu de Nicolas Pinson passe par ses yeux. C’est par son regard que l’on saisit ce qu’il ressent, que l’on est témoin de tout le mal-être qu’il n’ose exprimer à voix haute. 

«Au départ, j’avais peur de jouer ça, a avoué le comédien devant les médias. Je m’étais fait l’image de me ramener dans mes années de consommation et de déchéance. […] Finalement, la beauté de ce qu’on a réussi à faire, c’est qu’on n’a pas joué la toxicomanie chez aucun des personnages. Je suis un petit gars cassé, triste. C’est ça qu’on a travaillé.» 

Les deux premiers épisodes de Bon matin Chuck (ou l’art de réduire les méfaits) seront disponibles le 24 mai sur Crave. Deux autres suivront le mercredi suivant, puis un épisode sera rendu disponible chaque semaine.  

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