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La douceur des sœurs Boulay façon pop

Les sœurs Boulay présentent ce vendredi leur nouvel album, « Échapper à la nuit ».
Les sœurs Boulay présentent ce vendredi leur nouvel album, «Échapper à la nuit». Photo: Josie Desmarais/Métro

Se concentrant sur le beau et laissant un houleux passé derrière, les sœurs Boulay présentent ce vendredi leur nouvel album, Échapper à la nuit, constellé de claviers scintillant délicatement, telles des Lumières dans le ciel.  

Jamais leurs vies n’ont été aussi différentes l’une de l’autre, constatent Stéphanie, l’aînée, et Mélanie, sa cadette de quelques années, en entrevue avec Métro au café des Habitudes, dans La Petite-Patrie.  

Stéphanie demeure en campagne où elle pratique l’agriculture, l’apiculture et le jardinage; Mélanie a adopté Longueuil avec ses deux garçons et son chum, s’adonne aux arts visuels et étudie l’ostéopathie.  

Malgré les aspirations qui ont changé depuis Le poids des confettis, paru en 2013, et la distance géographique les séparant aujourd’hui, les créatrices qui remportaient il y a 10 ans les Francouvertes sont toujours indéfectiblement unies par ce désir de créer ensemble. 

Mélanie et Stéphanie Boulay, 10 ans après avoir remporté les Francouvertes, sont toujours indéfectiblement unies par le désir de créer ensemble.  Photo : Josie Desmarais/Métro

Douce synth-pop 

En studio, le tandem a échappé à la nuit aux côtés d’un noyau de personnes qu’elles chérissent, dont le réalisateur prisé Connor Seidel (qui a notamment travaillé avec Charlotte Cardin et Matt Holubowski, en plus d’être derrière le collectif 1969, sorti plus tôt cette année), « pratiquement le troisième membre des sœurs Boulay », lance Stéphanie. 

« C’est un génie qui n’écrase pas par son savoir. Il a beaucoup d’écoute, il est doux. Il sait mettre notre talent en valeur », dit Mélanie à propos de celui qui a également réalisé leur précédent album, La mort des étoiles. « Il a une grande intelligence émotionnelle, il comprend notre vulnérabilité. J’ai rarement ressenti autant d’admiration envers quelqu’un », ajoute Stéphanie. 

Il a accompagné ses complices dans leur désir d’explorer encore davantage les territoires pop et d’intégrer de nouvelles sonorités. Soulignons le délicat marimba en filigrane sur Faire à la tête de l’eau pour lequel les filles ont fait appel à Robbie Kuster, le percussionniste au service de l’enveloppant Easy Morning de leur grand ami Elliot Maginot.  

Les guitares folk dépouillées, longtemps centrales à leur musique, ont été presque entièrement évacuées au profit de claviers soyeux, la tangente synth-pop de l’album atteignant son apogée sur Les lumières dans le ciel.  

Par leur délicatesse, ces inclinations plus pop ne dénaturent en rien le son des sœurs Boulay tout en reflétant leur désir de ne pas se complaire dans des formules gagnantes.  

Malgré la gravité de certains sujets qu’abordent sans fard les parolières — pensons au mutisme face à la violence dans T’as gardé le silence —, les arrangements voilent l’album de douceur. 

Regarder vers l’avant 

Tournées se soldant par des burnout, déboires judiciaires avec leur ancienne maison de disques, emportée par les dénonciations de #MoiAussi, messages hargneux sur les réseaux sociaux… ces dernières années auront été éprouvantes pour les deux sœurs, originaires de la Gaspésie. Ce n’est pas pour rien que, s’adressant à elles-mêmes, Stéphanie et Mélanie s’exhortent de ne pas lire les commentaires sur Surtout, surtout.  

Plus d’une fois, elles ont songé à abandonner l’industrie de la musique — et elles ne manquent certainement pas de passions et de champs d’intérêt pour faire autre chose.  

À l’approche d’un nouveau cycle, celui d’Échapper à la nuit, si elles affirment ne pas être à l’abri de chuter, elles ont néanmoins mis en place des astuces « pour mieux vivre ».  

Hors de question de se ruer en tournée après le lancement du disque : elles s’accorderont le temps de créer le spectacle à la hauteur de leurs idées. Les verra-t-on troquer leurs guitares contre seulement des claviers sur scène? Fort possible, avance Stéphanie. « J’aimerais qu’on ne soit pas tout le temps en train de faire mille affaires sur scène », confie celle qui a fait paraître un album solo, Ce que je te donne ne disparaît pas, il y a quelques années. 

Elles pareront certainement les chansons de leurs albums précédents (qu’elles sont « tannées d’entendre d’une certaine façon ») de nouveaux habillages.  

Afin de préserver la vie de famille, elles réduiront le nombre de concerts. « C’est un privilège qu’on a acquis au fil du temps. On a la chance de pouvoir dire non et d’éviter les zigzags sur la carte du Québec », reconnaît Stéphanie. 

Elles s’écoutent, en outre, beaucoup plus qu’avant — gracieuseté de la maturité — ayant longtemps pensé que les autres savaient mieux qu’elles-mêmes ce qu’elles voulaient, ce qui est évidemment faux, rappelle l’aînée. « Ça a l’air niaiseux, mais on l’a appris avec le temps. » Tout comme mettre leurs limites et les respecter, renchérit Mélanie.  

Bien que la colère ne se soit pas évaporée, elles regardent de l’avant avec espoir. Garde ta lumière, se disent-elles dans Laisse aller la vie

Les sœurs Boulay 
Échapper à la nuit 
Simone Records 

Après des tournées s’étant soldées par des épuisements professionnels, les sœurs Boulay ont mis en place des astuces « pour mieux vivre ». Photo : Josie Desmarais/Métro

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