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«La Frugalité du temps»: retour vers ses ancêtres 

Sylvie Bérard lors du lancement de son roman «La Frugalité du temps» à la librairie Saga dans Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. Photo: Jason Paré, Métro

Avec son nouveau roman de science-fiction, La Frugalité du temps, Sylvie Bérard propose un voyage dans le temps et une incursion dans le monde de la généalogie. 

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Pendant longtemps, les seuls moyens de retracer ses ancêtres étaient de récolter les témoignages des plus âgé.e.s ou de fouiller les archives. Si, depuis quelques années, il est également possible de faire analyser son ADN pour connaître les origines ethniques de nos arrière-arrière-arrière-grands-parents, Sylvie Bérard propose dans La Frugalité du temps une nouvelle technologie qui permet de rencontrer directement ses ancêtres. 

C’est du moins ce que va tenter Annick, une passionnée de généalogie, qui est intriguée par la publicité d’une firme du nom d’Algorithme. L’entreprise offre à sa clientèle la possibilité, à travers une simulation, de rencontrer ses aïeux. Affectée plus qu’elle ne le croyait par ses immersions dans le passé, Annick s’interroge progressivement sur la nature réelle de ces simulations. 

Une autofiction? 

Sylvie Bérard s’est inspirée de ses propres ancêtres – les Robinson/Robertson – pour l’écriture de son roman. Cet intérêt remonte à loin, mais ne se considérant pas comme une autrice de romans historiques, elle a cherché une manière d’explorer sa généalogie à travers un récit de science-fiction. 

«Il y a un élément d’autofiction dans le roman. Même si le personnage ne porte pas le même nom que moi, il y a quand même des expériences communes», raconte-t-elle en entrevue avec Métro

Ce qui l’a particulièrement interpellée dans sa lignée, c’est la présence d’ancêtres afro-américain.e.s. Des origines taboues qui, quoique reconnues à une époque, ont été un peu enfouies avec le temps. 

«Ce n’est pas vraiment un secret de famille, mais il y a un mystère autour de mes origines, confie l’autrice. C’est une espèce de non-dit. On ne pose pas de questions.»  

Le travail de l’une de ses cousines sur leurs ancêtres Robinson/Robertson, Renée Gauthier, a d’ailleurs été essentiel pour la réalisation de son roman La Frugalité du temps

Ce que j’aime de la science-fiction, c’est son aspect rationnel. Quand j’en lis, je peux croire à ce qu’on me présente, même si c’est complètement extrapolé par rapport à ce qu’on vit maintenant.

Sylvie Bérard, autrice

Racine et identité 

En revanche, cet intérêt pour l’identité n’est pas nouveau dans l’œuvre littéraire de Sylvie Bérard. 

«D’un roman à l’autre, je me dis que je vais faire quelque chose de complètement différent. Finalement, je reviens avec les mêmes obsessions, admet Sylvie Bérard. Je suis très intéressée par l’expérience de l’autre. J’ai ce fantasme d’écrivaine de me mettre dans la peau de l’autre.» 

Dans le roman, Annick est interrogée par sa conjointe, intriguée par l’obsession particulière de sa partenaire pour ses ancêtres noir.e.s. Une obsession qu’on observe chez certaines personnes qui cherchent à prouver qu’elles n’ont pas seulement des ancêtres de racines européennes.  

«C’est une question que je me suis posée: jusqu’où je peux aller dans cette histoire? En même temps, ce sont mes ancêtres, rétorque l’autrice. J’enseigne les littératures autochtones et je suis très sensible à l’appropriation culturelle et au fait de se découvrir soudain d’une lignée autochtone ou autre.» 

Au-delà de ces questions d’appropriations identitaires, ce qui l’intéressait avant tout, c’est son histoire familiale, soutient Sylvie Bérard.    

«Ce que je veux faire, surtout, c’est me concentrer plus sur la petite histoire que la grande histoire.» 

Le roman La Frugalité du temps, publié par les éditions Alire, est en librairie depuis le 20 avril.  

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