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Le cauchemar musical de Fuudge 

David Bujold, maître d'œuvre de Fuudge. Photo: Jason Paré, Métro

Le groupe montréalais Fuudge récidive avec un troisième album studio, disponible dès aujourd’hui. Et, comme dirait votre ami français, c’est du lourd! 

Intitulé …qu’un cauchemar devienne si vrai, ce troisième album long a été lancé le 11 mai au Quai des brumes lors d’un spectacle qui a électrisé la foule.  

Portant plusieurs chapeaux, le maître d’œuvre de Fuudge, David Bujold, signe entre autres les paroles, la musique, la réalisation, la voix, la prise de son, le mixage et même la conception de la pochette de …qu’un cauchemar devienne si vrai. Et ça, c’est sans compter qu’il a joué de la majorité des instruments pour l’enregistrement de l’album. 

Métro l’a rencontré dans la cuisine de son appartement situé dans Rosemont–La Petite-Patrie. 

Créer en solo 

«Je suis quelqu’un de très sauvage dans la création, avoue l’artiste pour justifier son omnipotence sur l’enregistrement des albums. Je me le fais reprocher parfois. Certaines personnes pensent que ce serait mieux si j’intégrais le band et qu’on enregistrait tout ensemble.» 

Le groupe Fuudge est composé depuis ses premiers EP d’Olivier Laroche (batterie), Pierre-Alexandre Poirier-Guay (basse, arrangements et transcription, voix additionnelle) et Vincent LaBoissonnière (mellotron).  

Pierre-Alexandre Poirier-Guay, David Bujold, Vincent LaBoissonnière, Olivier Laroche: le noyau dur de Fuudge.
Photo: Gracieuseté, Charline Clavier

Un noyau solide, soutient David Bujold, et dont la chimie sur scène est indéniable. Mais puisqu’il est du genre impatient et control freak, il préfère travailler en solo lors des enregistrements afin d’éviter les conflits.  

«J’ai peur pour l’avenir du band le jour que je vais décider de rentrer en studio pour faire un album avec les gars», explique David Bujold, précisant qu’il les invite tout de même à enregistrer certaines pistes. 

Stoner grunge psychédélique 

Cherchant à l’époque à se démarquer, David Bujold a injecté dès le départ à Fuudge un son qui décoiffe. 

«J’avais envie d’avoir un projet de rock psychédélique, mais je voyais qu’il y en avait beaucoup qui se faisaient. Dans une recherche d’originalité, j’ai pensé que ce serait pertinent et intéressant de mettre un peu de musique qui bûche là-dedans.»  

En résulte un son stoner à la Black Sabbath et Jimi Hendrix, mâtiné de musique psychédélique, mais aussi de grunge, Nirvana étant une influence incontournable pour David Bujold. Pour preuve, l’album acoustique D​é​plogué au Grand Th​é​â​tre de Qu​é​bec, que Fuudge a sorti en 2021. 

L’une des grandes forces de cette proposition inusitée, du moins au Québec, c’est que ce mariage de genres musicaux s’allie à merveille avec les textes en joual de l’artiste. À aucun moment la voix de David Bujold ne semble plaquée artificiellement sur la musique ou donne l’impression de singer un genre américain. 

«Je trouve effectivement que c’est bien plus facile d’être violent et agressif – parce que c’est ça que ce genre de musique demande – avec des textes en joual qu’en français international.» 

Simplicité volontaire 

Interrogé sur la simplicité des paroles de ses chansons, David Bujold admet qu’il écrit «volontairement des textes courts et répétitifs».  

«C’est une économie de mots qui me permet d’être pertinent, parce que souvent, je n’ai pas grand-chose à dire d’autre qu’une chose assez simple. Fait que, commencer à élaborer et à faire de la poésie, c’est pas ma force.»   

Ça demeure drôlement efficace, comme dans la chanson Ta yeule, toute va ben où l’artiste aborde la positivité toxique. Comment ne pas être charmé par une pièce intitulée J’aimerais ben ça aimer ça (mais j’aime pas ça) ou encore une autre simplement titrée Pardon mononc’

Une autre particularité de Fuudge, ce sont les références récurrentes à la religion, comme dans la chanson On aime les Saints.  

«J’ai grandi dans une famille catholique, raconte David Bujold. J’allais à la messe tous les dimanches jusqu’à l’âge de 11 ans et j’ai même été servant de messe à l’époque.» 

Un passé religieux qu’il considère plutôt rare dans sa génération – David Bujold étant dans la quarantaine – ajoutant qu’il a peu d’ami.e.s qui ont vécu ça.  

«Il y a quelque chose qui me fascine dans les églises et dans les fables bibliques, mentionne l’artiste originaire d’Hochelaga. Je ne suis vraiment pas pratiquant et ce n’est vraiment pas par culte que je fais ça.» 

Encore une fois, exploiter ce bagage culturel – d’une manière plutôt glauque, avouons-le – sied merveilleusement bien au genre musical de Fuudge.  

«T’écoutes des bands comme Black Sabbath ou même Metallica, ils vont souvent dire “oh God help me” dans leurs tounes», affirme David Bujold. 

Les apôtres de Fuudge peuvent donc se procurer ce nouvel album en version numérique, mais également en vinyle. Une édition ultra limitée vinyle couleur dorée de …qu’un cauchemar devienne si vrai est d’ailleurs offerte pour un petit 5$ de plus que l’édition régulière noire. Garrochez-vous avant que les stocks soient épuisés!  

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