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Niipin

chamans autochtones
Maïtée Labrecque-Saganash - Métro

Cette semaine, mon conseil de bande demandait aux membres de la communauté de rester à l’intérieur : trop de fumée dehors. Pourtant, selon la SOPFEU, il y avait seulement quelques petits feux maîtrisés, non loin de Waswanipi. L’épaisse fumée sur le village provenait de 40 000 hectares de forêt qui brûlent en Ontario. Il faisait chaud et humide, le tout accompagné d’une quantité phénoménale de mouches noires. Niipin, l’été, est une saison particulière dans le Nord-du-Québec.

J’essaie d’aller dans le bois chaque fin de semaine, au camp de ma regrettée grand-mère. J’y suis toujours avec mon oncle «Red». L’autre jour, nous étions tellement pressés d’y aller après le travail que nous avons manqué d’essence deux kilomètres hors de Waswanipi. Nous avons fait du pouce pour revenir au gaz-bar, et c’est son ex qui nous a ramenés à sa voiture.

Chaque saison amène son lot d’apprentissages et la culture crie est si riche qu’on ne cesse pas de découvrir.

J’aime que mon oncle prenne le temps de m’amener en forêt pour rendre mon deuil un peu plus facile. Il m’apprend les noms cris des canards et m’amène pêcher.
Il y a beaucoup de castors autour du camp, mais on les laisse tranquilles. En été, ces ingénieurs nivellent l’eau entre leurs barrages et abritent leurs petits. Ils sont très occupés, alors nous irons les récolter seulement en automne.

Être à la maison me fait du bien. Les gens de ma communauté sont spéciaux. L’humour prend une grande place dans notre quotidien, et les femmes rient fort. Les femmes de Waswanipi ont un rire qui prend de la place, et j’adore ça. Cette année, c’est la 30e édition de Chiiwetau, un rassemblement qui s’étend sur deux semaines où durant lequel on retourne au site de l’ancien poste de traite où beaucoup de gens étaient autrefois établis. Deux semaines de programmation culturelle, sportive et culinaire. Vous m’y verrez certainement manger de l’esturgeon fumé et écouter les histoires des aînés. On y va en bateau, ce qui rend le tout encore plus agréable.

Bientôt, ce seront les bleuets qui pousseront, au grand plaisir des nombreux ours aux alentours de Waswanipi. Eux aussi, on les laisse tranquilles, puisqu’ils n’ont pas encore assez de gras. La graisse d’ours est utilisée de plusieurs façons ici. Je vous avouerais que j’ai hâte à l’automne et de ne plus sentir le chasse-moustiques constamment. J’ai hâte à la chasse et d’apprendre encore plus de choses. Chaque saison amène son lot d’apprentissages et la culture crie est si riche qu’on ne cesse pas de découvrir. Ma grand-mère me manque. Beaucoup. Par contre, la plus belle façon d’honorer cette femme est de vivre une vie saine et c’est ce que j’essaie de faire.

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