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Ce que la science du climat dit aux ingénieurs

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Membres de l’Ordre des ingénieurs du Québec - Collaboration spéciale

Nous sommes ingénieurs. Nous sommes des spécialistes des sciences appliquées. Nous les utilisons à tous les jours pour réaliser différents projets et pour contribuer à façonner la société de demain. Notre travail consiste, entre autres, à appliquer les recommandations contenues dans des rapports, qu’ils soient rédigés par des ingénieurs ou par d’autres scientifiques.

C’est l’application de cette science, par exemple, qui nous pousse à fermer un pont qui risque de s’effondrer. Conscients des impacts sur la circulation, mais soucieux de garantir la sécurité des usagers, nos collègues n’ont pas hésité un instant à fermer partiellement l’ancien pont Champlain en pleine heure de pointe en novembre 2013. Les décisions prises dans de telles situations suscitent beaucoup d’insatisfaction, mais la sécurité du public est fort heureusement la priorité absolue qui guide l’exercice de nos fonctions.

Dans le domaine de la science du climat, c’est le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui est la référence. Ce panel de spécialistes créé en 1988 relève de l’ONU et fonde ses évaluations objectivement sur des publications scientifiques largement reconnues. En octobre 2018, le GIEC publiait un rapport dévastateur affirmant que :

  • «Le réchauffement planétaire atteindra 1,5 °C entre 2030 et 2052 s’il continue d’augmenter au rythme actuel.»
  • «Dans les trajectoires qui limitent le réchauffement planétaire à 1,5 °C […], les émissions anthropiques mondiales nettes de CO2 […] atteignent un bilan nul vers 2050.»
  • «Les trajectoires qui limitent le réchauffement planétaire à 1,5 °C […] exigeraient des transitions rapides et radicales dans les domaines de l’énergie, de l’aménagement des terres, de l’urbanisme, des infrastructures […] et des systèmes industriels.»
  • «Les mesures d’atténuation annoncées par les pays au titre de l’Accord de Paris […] ne parviendraient pas à limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C.»

Le 10 septembre 2018, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, affirmait qu’il nous restait deux ans pour agir et pour éviter «des conséquences désastreuses pour les humains et les systèmes naturels qui nous soutiennent». Deux ans plus tard, rien n’a changé mis à part la pause économique exceptionnelle et temporaire. Pourtant, la pandémie que nous traversons nous démontre qu’il est possible de prendre des décisions rapides et audacieuses, basées sur la science, si toutes les sphères de la société se mobilisent ensemble.

Nous, les ingénieurs, avons une part de responsabilité importante dans la mise en place des changements qui s’imposent. Au Québec, 43,3 % des émissions de gaz à effets de serre proviennent du secteur des transports et 30,5 % du secteur industriel. Tous les travaux réalisés dans ces deux secteurs doivent être conçus et surveillés par des ingénieurs. Nous sommes donc responsables des infrastructures qui rendent possibles les trois quarts des émissions de gaz à effet de serre au Québec.

Nous avons un devoir envers la protection de l’environnement et la sécurité du public. Nous devons prendre conscience de notre impact et adapter notre pratique professionnelle. Le 24 septembre prochain, nous demanderons à notre Ordre professionnel de nous appuyer et de redoubler d’efforts dans la lutte aux changements climatiques. En ce sens, nous déposerons des projets de résolution à l’assemblée générale annuelle de l’Ordre des ingénieurs du Québec. Nous encourageons tous nos collègues ingénieurs à nous appuyer dans cette démarche qui se veut collaboratrice en participant à cette assemblée générale et en votant en faveur des propositions que nous présenterons.

Signataires

. Simon King, ing., MBA, PMP
· Audrey Véronneau, ing., D.E.S.S.
· Catherine Lavoie, ing. M. Sc.
· Geneviève Lefebvre, ing.
· Geneviève Pharand, ing. D.E.S.S.
· Jean François Barabé, ing.
· Minh Quang Tran, P.Eng., IntPE, APEC Engineer
· Alexandre C. Robert, ing.
· Elizabeth Caza, ing. jr, M.Ing.
· Eric Séguin, ing., RSP
· Dominique Brault, ing.
· Annabelle Gagné, ing.
· Simon Robidas Noiseux, ing. jr.
· Antoine Gerson, ing., M.Sc.A.
· Antony Albegre, ing.
· Isabelle Charpentier, ing.
· Issam.Kada-Yahya, ing.
· Audrey Yank, ing.
· Sébastien Hallé ,ing.
· Ludmilla Pommier-Morel, CPI
· Chantal Dagenais, ing., M.ing.
· Patrick Cigana, ing., M.Sc.A.
· Mahfoudh Messaoudene, ing.
· Laura Lévesque, ing.
· Marc-André Tousignant, ing.
· Shirley Fagnen, ing.
· Michael Larocque, ing.
· Jean-François Lussier, ing., MBA
· Menelika Bekolo, ing. M.ing
· Moustapha Seck, ing., MBA
· Jean Paquin, ing., MBA
· Guillaume Harpin, ing.
· Mireille Estephan, ing.
· Karine Kalache, ing.
· Marie-Noël Côté ing. M. Ing.
· Laurence Simard, CPI

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