Travailler l’été, une bonne idée?
Alors que les étudiants cherchent activement un emploi pour les mois de juin, de juillet et d’août, plusieurs sont inquiets de savoir si l’argent gagné durant l’été modifiera à la baisse le montant de l’aide financière qu’ils recevront durant les sessions d’automne et d’hiver.
La responsable de l’aide financière de l’UQAM Juliette Perri essaie, dans le cadre de son travail, «de démystifier le programme d’aide financière et de le rendre plus compréhensible». Métro l’a rencontrée.
En quoi consiste ce programme?
La grande prémisse, c’est que l’étudiant doit contribuer au financement de ses études. Après les parents ou les conjoints, c’est le programme qui vient donner un coup de pouce. Donc, le salaire de l’étudiant est considéré comme sa contribution au programme d’aide financière.
«L’étudiant est déchiré: s’il augmente ses heures durant l’été, il reçoit moins d’aide pendant les huit mois d’école, mais en même temps, si l’emploi lui permet de bâtir un réseau ou mène à un meilleur emploi à la fin du bac, ça peut être gagnant.» –Juliette Perri, responsable de l’aide financière à l’UQAM
La première année, l’étudiant reçoit beaucoup d’aide parce que le calcul de sa contribution ne tient pas compte des revenus gagnés avant sa demande. La deuxième année, le calcul prend en considération le fait que 50% du revenu doit aller à la contribution de l’étudiant. Sa contribution étant présumément beaucoup plus grande, son aide sera donc réduite en proportion.
Si on résume, c’est donc plus difficile à partir de la deuxième année…
S’ils ont travaillé, ils ont de l’argent. Mais ça peut avoir des effets assez catastrophiques pour certains. S’ils font partie de la catégorie des étudiants qui sont à 50% de contribution, dès qu’ils font 1$, ils reçoivent 50 cents de moins en aide financière. On présume que l’étudiant a pu mettre de l’argent de côté pour financer ses études, mais ce sont toujours des présomptions.
Est-ce que vous recommandez aux étudiants de moins travailler?
L’étudiant est déchiré: s’il augmente ses heures durant l’été, il reçoit moins d’aide pendant les huit mois d’école, mais en même temps, si l’emploi lui permet de bâtir un réseau ou mène à un meilleur emploi à la fin du bac, ça peut être gagnant.
L’endettement étudiant, est-ce que c’est un gros problème?
Si on parle d’un étudiant qui fait son bac de 90 crédits en 3 ans, on peut dire qu’il sort avec une dette de 7000$ à 8000$. S’il prend plus de temps, c’est là que ça commence à être difficile. Si on prend cinq ou six ans pour faire un bac, on sait bien qu’on est un peu décalé. On est pris dans un cercle vicieux.
Qu’est-ce que vous changeriez dans le programme d’aide financière?
Je ferais une réforme du programme d’aide financière pour qu’il corresponde plus aux réalités des étudiants et aux réalités de la vie. Il faut revoir les critères pour que le programme soit plus transparent, plus facile à comprendre par l’étudiant, plus adapté à la réalité concrète de l’étudiant et à la diversité des parcours.
Pour les étudiants, ça serait bien qu’ils puissent avoir un revenu minimum garanti. Ils ne se casseraient pas la tête. Ce serait bien aussi d’établir le salaire minimum à 15$ l’heure et d’avoir des stages rémunérés.