Soutenez

Profession : acteur

Qui n’a pas rêvé  de monter un jour sur les planches? Pour autant, peu nombreux sont ceux qui parviennent à vivre du métier d’acteur au Québec.

À 29 ans, Mélanie Pilon fait partie de ceux qui ont réussi à se tailler une place sous les projecteurs, au théâtre comme à la télé. Les Québécois l’ont notamment vue dans les télé-séries (Les Boys, Toute la vérité, Lance et Compte, Caméra Café 6…), mais aussi au théâtre de la Licorne (Et je sais que cela doit être le paradis…), et encore dans la publicité de Koodoo où elle fait une professeure d’aérobie…

Vivre de sa passion
La comédienne, qui a été formée à l’école professionnelle de théâtre Lionel- Groulx, gagne sa vie grâce au jeu depuis près de cinq ans et demi. Pour cela, elle a diversifié ses activités et fait autant du coaching d’acteurs et d’étudiants, de la voix pour la publicité, des films, des télé-séries et des animations de rue. Paral­lèlement à ses con­trats, Mélanie a créé sa propre compagnie d’animation, Kaléa Théâtre, qui se caractérise par l’utilisation de masques balinais dans la comédie.

Mais elle est d’accord pour dire qu’en sortant de l’école, la réussite ne vient pas sur un plateau d’argent. Elle a d’abord dégoté un emploi en tant qu’animatrice dans un festival de rue. Son premier gros contrat, dans la série Les Ex, n’est venu qu’un an et demi après sa sortie de l’école… De quoi décourager les moins persévérants. «Ce contrat m’a amené une sorte de première exposure et a prouvé que j’étais capable de tenir un rôle de leader dans une série. Dans ce métier, les auditions de ce type sont rares et se présentent seulement deux ou trois fois par an.»

Des horaires variables
La durée des contrats de Mélanie Pilon peut varier «de 30 jours de tournage, pour un gros rôle, à une à deux journées, pour de petits rôles.»

Les premiers gestes de la journée sont pour la répétition des textes. Mais pas n’importe comment : «Ma mé­thode, c’est d’apprendre un texte en le jouant, car une analyse approfondie de la mise en scène est essentielle; il ne s’agit pas de faire du bourrage de crâne.»  Mélanie va jusqu’à emprunter des films et des livres, voire même jusqu’à rencontrer une personne qui occupe la même profession que son personnage afin de mieux le comprendre.

«Ce qui est extraordinaire, c’est qu’on a l’impression de pouvoir faire tous les métiers du monde. C’est une job où on reste enfant : on se déguise, on joue au gentil, au mé­chant… On a souvent tendance à nous cataloguer après un rôle, mais le rêve, c’est justement de pouvoir se métamorphoser tout le temps.»

Mélanie Pilon donne des conseils aux jeunes artistes

Quel regard portez-vous sur le marché du théâtre au Québec?

Le problème, c’est qu’avec le théâtre, on ne gagne souvent pas bien sa vie. En cinq ans et demi, j’ai seulement passé deux auditions. L’essentiel de notre métier se joue à l’échelle de la télé. Au Québec, le marché est petit. Il faut se diversifier au maximum pour élargir ses chances.

Quelle est la réalité de ce métier au quotidien?
On est souvent dans le brouillard. On ne sait pas à quel moment le téléphone va sonner. Il ne faut pas devenir dépendant de la sonnerie, car ensuite, au cours des auditions, on ne pourra pas faire bonne figure.

Quels sont vos trucs pour gérer votre budget?
Quand j’ai des projets artistiques, je les finance bien souvent avec des à-côtés que je fais en pub, en voix, en animation, sont financièrement plus intéressants. Il faut placer et planifier ses revenus dès que possible, car, certains mois, on gratte les fonds de tiroir. Parfois, on n’a d’autre choix que de faire des contrats qui nous tentent moins. C’est un métier très difficile, où il faut beaucoup persévérer. 85 % des membres du bottin de l’Union des artistes gagnent moins de 15 000 $ par année.

Comment gérez-vous votre image?
Il faut bien sûr faire attention aux projets auxquels on participe et assumer ses choix. On doit évidemment faire un peu attention à ce qu’on mange, entretenir sa peau et parfois, demander conseil si on veut changer son image : une coupe de cheveux peut aussi avoir un impact et fermer des portes.

Selon vous, un acteur doit-il accepter les scènes de nudité?
Dans Lance et compte, il était prévu que j’aurais deux scènes de nudité. J’ai refusé, mais en proposant des solutions de rechange, comme jouer sur la suggestion… Généralement, la nudité se négocie. Dans 90 % des cas, je pense qu’elle n’est pas justifiée. Seulement, pour certains films dont c’est le thème, elle peut parfois être exigée dans le contrat.

Que regardez-vous avant d’accepter un contrat?

J’ai trois critères pour accepter un projet : le financement, l’équipe et le fait qu’il m’amène à me réaliser artistiquement. Il faut au moins qu’il y ait deux de ces trois points, sinon on peut être amené à le regretter plus tard.

Que diriez- vous aux jeunes qui rêvent de devenir des stars?
Quand on est jeune, on rêve d’être une vedette, mais on ne peut pas devenir acteur pour ça. C’est avant tout un métier où il ne faut pas être paresseux. Il faut aussi bien se connaître; c’est parfois même comme une thérapie. C’est aussi un métier où il faut être humble et se souvenir que la majorité du travail se passe avec les autres.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.