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Citoyenne du monde, entre avion et autobus

Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), des portraits de personnes immigrantes qui ont réussi à s’intégrer dans leur milieu de travail. Entretien avec Mireille Véronique Moussignac.

Comme elle le dit elle-même, Mireille Véronique Moussignac n’a pas sa langue dans sa poche. Devant les remarques mesquines, telles que : «T’as eu la job parce que t’es Noire!», elle répond par une boutade  : «Oui, c’est ça, c’est parce que je suis Noire, et parce que je suis belle, en plus!» raconte-t-elle en riant. Née au Québec il y a 32 ans de parents immigrants (sa mère vient de la Guadeloupe, et son père, d’Haïti), Mireille a fait 400 métiers, dont agent de bord et chauffeuse d’autobus, avant de devenir chef des opérations à la Société de Transport de Montréal (STM).

Elle se souvient qu’à l’école primaire qu’elle fréquentait, à Laval, ils étaient seulement cinq enfants à la peau noire, dont son frère aîné et elle-même. Sportive et frondeuse, elle n’a pas tellement souffert de sa différence, même si elle a toujours senti qu’il y en avait une. «Comme j’étais bonne dans les sports et dans plusieurs domaines, j’étais incluse facilement dans les groupes, mais ce n’était pas le cas de tous.»

De toute façon, ses frères et elle (elle a aussi un frère plus jeune) étaient plutôt fiers de cette différence. Ça faisait partie de leur identité, les rendait uniques, et ils la revendiquaient en ripostant haut et fort si on osait les attaquer. «J’étais un peu tannante. Je pouvais prendre ces bonbons en forme de serpent, tu sais, et les rouler dans la boue avant de les donner aux autres enfants!» rigole-t-elle encore. Une façon comme une autre de se défendre.

Les années ont passé et l’ont peut-être rendue un peu moins espiègle, mais Mireille Véronique est demeurée aussi rieuse et débrouillarde. Elle n’a jamais eu de problème à se trouver du travail. «Je n’ai pas d’accent et je suis de couleur assez pâle, ça aide. Parfois, les gens font des remarques, qui démontrent leurs préjugés, mais c’est surtout de l’ignorance. Il ne faut pas prendre ça trop au sérieux.»

Après avoir complété son secondaire dans un collège privé, elle a étudié au Collège Vanier en sciences sociales, a été recrutée pour ses talents au basket-ball, puis a entamé un baccalauréat à l’UQAM en immigration et relations interethniques avant que son travail d’agente de bord ne finisse par lui prendre tout son temps. Ensuite, pour rassurer papa qui, après le 11 septembre, trouvait son métier dangereux, elle a fait application à la STM et a réussi tous les tests.

Elle y est maintenant depuis plus de cinq ans. «Ici, les gens sont supergentils. Les gars sur la route, ce sont comme mes grands frères. On fait vraiment une belle équipe.» Quand on la questionne sur les différences culturelles, elle hésite. Elle est un exemple vivant du multiculturalisme, pigeant dans les origines de sa mère, de son père, ainsi que dans les habitudes du Québec, où elle a grandi, et dans les influences diverses d’amis provenant de partout. «Blancs, Noirs, Tunisiens, Québécois… J’ai vraiment de tout dans mes amis. Ce n’est donc pas une chose qui me préoccupe, la provenance des gens.» Si elle constate parfois des différences dans l’éducation ou les valeurs, elle voit cela davantage comme une marque de la culture familiale, plutôt que de l’origine ethnique.

Cette citoyenne du monde a maintenant installé ses pénates sur la Rive-Nord et, bien que son métier la fait moins voyager qu’avant, elle se rend tout de même chaque année dans la famille de sa mère en Guadeloupe, se débrouille bien dans les deux créoles (de la Guadeloupe et d’Haïti) et espère bien mettre les pieds sous peu dans le pays de son père.

L’émission Tam-Tam Canada de Radio Canada International a produit une version radio de ce reportage. Réalisé par le journaliste Adrien Lachance, ce reportage est disponible
sur le site de l’émission au www.rcinet.ca/francais.

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