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Une orientation forcée

Partout dans le monde, les jeunes ont du mal à se choisir une profession. Au Québec, 60 % d’entre eux sont incertains de leur choix de carrière, selon un sondage réalisé en 2009 par le Centre d’étude des conditions de vie et des besoins de la population (ÉCOBES). Tout le monde est d’accord pour dire qu’il s’agit là d’un problème sérieux, mais personne ne sait comment le résoudre.  Comment s’assurer que la plupart des jeunes auront des objectifs clairs avant de quitter l’école?

Selon un reportage du Huffington Post, l’État de l’Oregon a peut-être découvert la solution. Une nouvelle loi y exige que les élèves fassent la preuve qu’ils s’orientent vers une formation spécifique ou la poursuite de leurs études avant d’obtenir leur diplôme d’études secondaires. Dorénavant, tous devront présenter une demande d’admission dans un collège, une université ou un programme de formation en milieu de travail, prouvant ainsi qu’ils savent ce qu’ils feront après l’école. Sans cette preuve, pas de diplôme!

Comme on pouvait s’y attendre, cette loi suscite la controverse. Pour plusieurs, la nouvelle obligation est une barrière artificielle qu’on dresse entre le jeune et le diplôme qu’il a déjà mérité. D’autres y voient au contraire une mesure positive, qui amènera les jeunes à réfléchir à leur avenir et à réaliser l’importance de leur choix de carrière.

Devrait-on obliger les jeunes à s’orienter? Le recours à la loi a du sens lorsqu’on désire modifier un comportement, par exemple l’insouciance ou la négligence. Or, à première vue, il n’y a aucune raison de croire que les jeunes Québécois sont insouciants devant leur orientation. Selon le sondage d’ÉCOBES déjà mentionné, moins de 6 % des jeunes ne se préoccupent pas de leur choix de carrière. C’est donc environ 94 % d’entre eux qui n’ont pas besoin d’une loi pour réaliser l’importance de bien choisir leur avenir.

Les comportements en disent néanmoins plus longs que les sondages. Ces préoccupations des jeunes ne les amènent pas à chercher activement l’aide dont ils ont besoin. Autrement, la demande pour les services d’orientation exploserait et ce n’est pas ce qu’on observe sur le terrain.

Nous avons tous, jeunes comme adultes, tendance à éviter les tâches difficiles ou angoissantes, même si nous savons qu’elles sont importantes. Ce n’est que lorsque les conséquences néfastes de notre procrastination nous pendent au nez que nous nous décidons à agir, souvent trop tard.

Pour encourager le passage à l’acte au moment opportun, une loi comme celle de l’Oregon a du sens, dans la mesure où l’aide dont les jeunes ont besoin sera alors disponible, à l’école ou ailleurs. J’ai déjà suggéré que ce moment opportun correspond à celui de la demande d’aide financière pour les études. Avant d’emprunter des milliers de dollars, les jeunes devraient avoir choisi un objectif de formation clair. 

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