La peur des dettes d'études
Plusieurs étudiants ont peur de s’endetter. D’après un rapport déjà cité dans cette chronique, jusqu’à 7 000 étudiants, ou 2,5 %, pourraient décider de ne pas poursuivre d’études universitaires plutôt que de s’endetter pour composer avec l’augmentation des frais de scolarité de 1 625 $ prévue d’ici 2017.
Or, selon ce rapport du Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études (CCAFE), ce sont surtout les étudiants venant de familles à faible revenu qui décideront de ne pas poursuivre leurs études, car ils connaissent mal les programmes d’aide financière auxquels ils ont droit.
Toujours selon le Conseil, les familles à faible revenu ont également tendance à surestimer les coûts associés aux études universitaires et à en sous-estimer les bénéfices. Une prudence excessive pourrait donc les inciter à éviter les dettes qu’engendrent les études universitaires.
Une étude produite par le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) arrive aux mêmes conclusions. Selon le COQES, le nombre de jeunes venant de familles à faible revenu est resté le même en Ontario depuis des années.
La raison principale en serait que ces familles n’ont pas les connaissances financières qui leur permettraient d’apprécier toute la valeur d’un diplôme universitaire. Le COQES suggère lui aussi de publiciser les programmes d’aide aux études auprès de ces familles et de leur faire valoir que les études sont un investissement rentable.
Ces conclusions ne sont pas surprenantes. Déjà, dans les années 1980, des études avaient mis en lumière que les jeunes de familles à faible revenu préféraient des formations courtes et peu dispendieuses à des formations longues représentant un investissement financier important.
Cela avait pour effet de les confiner dans des emplois souvent peu rémunérateurs et instables, mais ces jeunes semblaient préférer cette situation à l’endettement nécessaire à la poursuite de longues études.
Évidemment, le parcours académique y est certainement pour quelque chose. Plusieurs programmes universitaires parmi les plus payants ont aussi des exigences académiques importantes, alors que ces jeunes éprouvent souvent des difficultés scolaires. Choisir un diplôme d’études professionnelles (DEP) est alors plus sage, d’autant plus que certains DEP sont très rémunérateurs (conduite de grue, mécanique d’ascenseur, etc.).
Néanmoins, la peur de l’endettement ne devrait pas vous décourager d’entreprendre des études universitaires dans un programme prometteur qui vous intéresse et pour lequel vous répondez aux exigences. N’oubliez pas que ce diplôme universitaire, comme je le disais dans la première de ces chroniques, représentera par année plusieurs milliers de dollars supplémentaires par année en comparaison de ce que vous pourriez gagner sans lui.
De plus, il y a fort à parier que la pénurie de main-d’œuvre qui s’annonce conduira à une augmentation générale des salaires. Vous aurez donc les moyens de rembourser vos dettes scolaires.