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Photo: Métro

Des francophones fréquentent un cégep anglophone pour apprendre l’anglais. Est-ce bien nécessaire ou désirable?

Pauline Marois a annoncé tout récemment son intention d’appliquer la Loi 101 aux cégeps si elle est élue. Cela signifierait qu’un étudiant ne pourrait pas s’inscrire à un cégep anglophone s’il fréquentait l’école francophone au secondaire.

Cette politique ne plaît pas à tout le monde. Bien des francophones s’inscrivent dans des cégeps anglophones afin d’apprendre l’anglais. Ils pen­sent que c’est la meilleure façon d’apprendre une langue dont la connaissance est devenue une nécessité dans plusieurs domaines d’emploi, surtout à Montréal. Leur présence et celle des allophones expliquent que les cégeps anglophones connaissent présentement une augmentation sensible de leur clientèle.

Les parents pensent aussi qu’apprendre l’anglais est es­sentiel. Selon un récent sondage commandé par la CSDM, 82 % d’entre eux se sont montrés favorables à l’enseignement intensif de l’anglais oral en 6e année. On se souvient que c’était là une mesure préconisée par le gouvernement Charest.

Disons-le tout de suite, l’apprentissage d’une autre langue devrait faire partie de la scolarité de tous les jeunes. En Europe, il n’est pas rare de rencontrer des gens qui parlent trois langues ou plus, et c’est souvent à l’école qu’ils en ont commencé l’apprentissage. La connaissance des langues permet une ouverture tout à fait désirable sur le monde et sur la culture des autres. En Amérique du Nord, généralement, les systèmes d’enseignement n’ont pas assez mis l’accent sur l’importance du multilinguisme.

Néanmoins, l’apprentissage de la langue première doit demeurer une priorité. Notre langue reste le fondement de notre identité, et tous nos jeunes doivent la maîtriser ou être en bonne voie de la maîtriser avant de commencer l’apprentissage d’une autre langue. Les commissions scolaires s’inquiètent d’ailleurs que la fameuse année intensive d’anglais ait un effet négatif sur l’apprentissage des autres matières, dont le français. On pourrait d’ailleurs se demander pourquoi on n’a pas commencé par proposer une année intensive en français, considérant les lacunes bien connues de nos jeunes dans leur langue maternelle.

Il ne devrait pas être nécessaire de s’inscrire à un cégep anglophone pour apprendre l’anglais. C’est démesuré et cela favorise l’assimilation à la culture anglaise, comme le faisait valoir une étude récente de l’Institut de recherche sur le français en Amérique. Il faut plutôt assurer un meilleur enseignement de l’anglais durant l’ensemble du parcours scolaire. Cela signifie engager des professeurs d’anglais qui connaissent bien cette langue et savent l’enseigner. Or, plusieurs d’entre eux viennent d’autres domaines, n’ont pas reçu de formation adéquate et offrent donc un enseignement déficient. Pas surprenant alors que des jeunes, qui ont reconnu l’importance de la deuxième langue, s’inscrivent dans les établissements anglophones!

Nous voulons tous que nos jeunes occupent des emplois dans des domaines comme la finance, les télécommunications, le génie-conseil ou les transports, où la connaissance de l’anglais est nécessaire. Mais c’est aussi en tant que francophones que nous voulons qu’ils les occupent!

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