Les sciences sociales sur le billot
La qualité des études universitaires est régulièrement remise en question, surtout lorsque les droits de scolarité augmentent. Les formations dont la relation avec le marché de l’emploi est faible, les sciences sociales par exemple, sont celles dont la qualité est le plus souvent mise en doute.
La critique la plus commune est que, dans un marché du travail compétitif et dominé par les technologies, les sciences sociales (sociologie, anthropologie, sciences politiques, etc.) ont perdu leur pertinence et leur utilité. Les employeurs ont besoin de diplômés qui possèdent des compétences spécifiques que les sciences sociales ne permettent pas d’acquérir.
Au contraire, certaines personnes font valoir que les étudiants en sciences sociales acquièrent des compétences qui sont utiles dans une grande variété d’emplois et de domaines. Ces compétences, dites transférables, incluent le sens critique, la communication orale et écrite, l’analyse et la résolution de problèmes. Des études, entre autres celle du Conference Board du Canada, ont démontré que les employeurs recherchent bel et bien ces compétences chez les nouveaux diplômés.
Qui a raison dans ce débat? Une formation en sciences sociales prépare-t-elle bien au marché du travail? D’abord, s’il est vrai que les employeurs recherchent ces compétences transférables, ce n’est pas aux dépens des compétences spécifiques à leur domaine d’activités. Ce sont en fait les compétences spécifiques qui permettent d’obtenir un bon emploi. D’autres formations, par exemple le génie, le droit et les sciences de la santé, transmettent mieux les compétences spécifiques dont les diplômés ont besoin.
Ensuite, il ne faudrait pas penser que la seule façon de développer des compétences transférables est de suivre une formation en sciences sociales. Elles peuvent être acquises dans les autres formations universitaires ou même autrement que par les études. Certains étudiants ont déjà une bonne maîtrise de ces compétences avant même de commencer leur parcours universitaire.
Enfin, la preuve reste à faire que les formations en sciences sociales permettent à leurs étudiants d’acquérir ces compétences transférables. Plusieurs doutes ont été soulevés à ce sujet depuis bien des années déjà. Ces doutes sont devenus si importants qu’aux États-Unis, un test nommé le «Collegiate Learning Assessment» a été introduit afin de mesurer la capacité d’un programme de formation à transmettre ces compétences.
Voilà de bien mauvaises nouvelles pour les étudiants inscrits à ces formations. Que faire pour faciliter votre insertion en emploi plus tard? D’abord, si vous en faites un objectif et y mettez l’effort nécessaire, il est certainement possible de développer ces fameuses compétences transférables au moyen d’une formation universitaire, y compris en sciences sociales. Surtout, acquérez de l’expérience utiwwle à l’emploi que vous visez après vos études, grâce à un emploi à temps partiel ou comme bénévole. Les employeurs valorisent l’expérience avant tout.