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Le savoir-vivre au travail en perte de vitesse?

Photo: Métro
Anabel Civitella - 37e avenue

Est-ce que le foisonnement des algorithmes, des réseaux sociaux professionnels et des méthodes d’optimisation des processus a piétiné au passage les règles les plus élémentaires du savoir-vivre lorsqu’il est question de relations interpersonnelles au travail?

Des recruteurs qui envoient des messages via LinkedIn sans même prendre le temps de dire «Bonjour». Des clients qui requièrent un service par texto. Des employeurs qui ne disent jamais «merci» ou «s’il vous plaît» lorsqu’ils envoient des courriels… N’avez-vous pas l’impression, parfois, que communiquer avec des machines serait plus humain?

Baisse du civisme
Fait-on réellement moins preuve de civisme aujourd’hui? Selon Crystelle Crépeau, rédactrice en chef de Châtelaine et chroniqueuse à l’émission C’est pas trop tôt, le savoir-vivre est en perte de vitesse parce qu’il existe un flou autour du concept. Prenons l’exemple, du vouvoiement. Au Québec, à ce sujet, il n’existe pas de règles claires. Le «vous» insulte certaines personnes, alors que d’autres le considèrent comme nécessaire. Devant un manque de règles établies, difficile de s’entendre sur ce qu’est le savoir-vivre.

Autre idée mise de l’avant par la chroniqueuse: on fait moins preuve de savoir-vivre parce qu’il n’y a pas vraiment de conséquences à ne pas respecter l’étiquette. Pour cause, il est beaucoup moins grave aujourd’hui qu’autrefois d’oublier certaines civilités. C’est comme si depuis une quarantaine d’années, l’individu avait oublié qu’il vivait en communauté avec d’autres êtres humains. Tant que tout est fait dans la légalité, il n’y a pas de honte à adopter certains comportements.

Si aucune incivilité (comme le tutoiement) n’est grave en soi, sur les lieux de travail, l’accumulation de petites frustrations peut vite devenir insupportable. Parler fort au téléphone, raconter ses malheurs aux collègues, critiquer ses patrons devant les clients ou les fournisseurs sont tout autant de choses qui peuvent avoir un grave impact sur le rendement de l’entreprise. Selon une firme de gestion américaine, parmi les personnes victimes de manque de savoir-vivre, une personne sur huit démissionne!

Les auteurs du livre Cost of Bad Behaviour soulignent justement que le manque de savoir-vivre a des répercussions sur la motivation au travail. Qui dit manque de motivation, dit moins de satisfaction au travail, ce qui entraîne une baisse de productivité. De plus, le stress psychologique résultant du manque de savoir-vivre finit par avoir un effet négatif sur les capacités des individus. Au final, c’est le rendement au travail qui en pâtit.

Impacts des outils technologiques
Il existe différentes manières de faire preuve de savoir-vivre. Mais avec les différents outils technologiques qui font partie de notre quotidien, il semble plus facile d’oublier certaines civilités. Par exemple, témoigner de l’empathie reste un des piliers des relations interpersonnelles dans le milieu de travail. Malheureusement, il faut avouer qu’il est plus difficile de témoigner de l’empathie lorsque toutes les interactions se déroulent par courriel. Sans intonation ou nuance, un message peut très bien être mal interprété… Et ce, même si les «émoticons» foisonnent.

Autre règle d’or au travail: ne pas trop s’épancher sur sa vie privée. Bien qu’il soit parfois gênant de parler de son intimité en face à face, de nombreux individus n’hésitent pas à révéler de grands pans de leur vie privée, ou même (pire!) à insulter clients ou collègues dans la sphère archipublique des réseaux sociaux.

Avoir l’air intéressé durant les réunions va de soi. Mais avec les appareils électroniques à portée de main – un iPad pour prendre des notes, un cellulaire pour être prêt à recevoir des courriels ou des appels, un ordinateur pour montrer la présentation –, difficile de ne pas être distrait par toutes ces stimulations. En pleine présentation d’un collègue, lire des textos ou des messages devant ses pairs, c’est passer le message que les personnes avec qui on se trouve sont moins importantes que l’appareil qu’on tient entre ses mains.

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