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Grâce aux villes, on protège plus d’espaces verts qu’on le croit

Les élus
Stéphane Boyer, Catherine Fournier et Valérie Plante, respectivement maire et mairesses de Laval, Longueuil et Montréal. Photo: Photos Métro et La Presse canadienne, montage Métro
Ambre Giovanni - Collaboration spéciale

Seulement 10% du territoire du Grand Montréal est légalement protégé, croit-on. Or, bien que ce chiffre reflète la réalité la plus stricte, celui-ci n’est pas représentatif de l’ensemble des efforts de conservation. Les municipalités du Grand Montréal recourent à plusieurs moyens d’action pour protéger et conserver les milieux naturels, mais ces moyens sont mal répertoriés.

Métro a préparé une série de trois reportages sur le nouveau paradigme de protection de l’environnement qui s’installe dans le Grand Montréal. Voici le second texte de la série.

«On constate une tendance à faire plus et à vouloir faire plus, en partie en raison de l’arrivée au pouvoir d’élu.e.s sensibles à la biodiversité, aux services écologiques et à l’accès à la nature pour tout le monde», explique la directrice générale et biologiste de Nature Québec, Louise Gratton.

Les actions entreprises ne répondent cependant pas nécessairement aux critères d’une aire protégée, telle que celle-ci est définie par l’Union internationale pour la conservation de la nature. 

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) souhaite ainsi répertorier et comptabiliser ces initiatives dans un Répertoire métropolitain des initiatives municipales de conservation, afin de contrer ce biais de représentation. D’autres mesures de protection non comprises dans ce répertoire contribuent aussi à la protection du couvert forestier et des autres milieux naturels.

Initiatives soumises au répertoire

La Ville de Longueuil envisage d’inscrire au répertoire deux lots de 1162 mètres carrés acquis dans le boisé Du Tremblay. De plus, le Règlement de contrôle intérimaire (RCI) 2022-06 sur les milieux naturels de la CMM protège temporairement 6,9% du couvert forestier de la ville.

Les secteurs en vert montrent le couvert forestier de Longueuil. En jaune, les secteurs protégés par différentes mesures, excluant le RCI de la CMM. CRÉDIT: Montage Métro, données tirées de cartes de la CMM.

D’autres secteurs, comme les parcs Michel-Chartrand et de la Cité, sont également protégés par le règlement de zonage.

De plus, un Plan de protection et de conservation des milieux naturels est en cours d’élaboration. Il assurerait la protection à perpétuité de 1500 hectares (ha) de milieux naturels et humides ainsi que la mise en place de mesures de protection des espèces menacées. Son adoption est prévue en novembre.

Dans un milieu très urbanisé comme Longueuil, on a très peu de milieux naturels restants. On se doit absolument de valoriser les services écologiques qui sont rendus par les milieux naturels. […] C’est un des plus grands gestes qu’une ville peut faire en faveur de l’environnement.

Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

Ce plan envisage aussi de redonner accès à la nature à la population, par la mise en valeur et l’aménagement de plusieurs espaces verts actuellement non protégés.

D’autres municipalités du Grand Montréal ont aussi soumis des projets. Les Villes de Repentigny, Mascouche, Terrebonne, McMasterville et Delson font partie du lot.

Huit municipalités qui ont soumis ou vont soumettre leurs projets au Répertoire:
– Repentigny: les secteurs des sentiers de la Presqu’île, d’une superficie de conservation totale de 64 ha
– Mascouche: le parc métropolitain du Domaine-Seigneurial-de-Mascouche, qui s’étend sur 257 ha et les sentiers de la Presqu’Île, d’une superficie de 62 ha
– Blainville: 200 ha de milieux naturels protégés (lieux à définir)
– Terrebonne: le parc de conservation du ruisseau de Feu, soit 125 ha
– Saint-Constant: 14 aires boisées à intérêt faunique et floristique d’une superficie d’environ 65 ha
– McMasterville: le parc du Ruisseau-Bernard, correspondant à 10 ha
– Delson: le parc du Centenaire, soit près de 9 ha, et une portion du parc de la Tortue de près d’un ha
– Longueuil: deux lots dans le boisé Du Tremblay de 1162 m2

Acquisition et planification à long terme 

En plus d’inscrire des projets au répertoire, les municipalités effectuent également des démarches de préservation et de conservation des milieux naturels. Au nord de l’Île de Montréal, la Ville de Laval a mené des actions concrètes en ce sens.

«Toutes les initiatives de la Ville s’inscrivent dans le déploiement de sa vision stratégique Laval 2035: urbaine de nature. Cette vision exprime la volonté de l’administration municipale d’orienter le développement urbain en harmonie avec la conservation et la mise en valeur de ses milieux naturels», indique la conseillère aux affaires publiques de la Ville, Myriam Legault. 

La municipalité a entre autres instauré la Trame verte et bleue lavalloise et adopté trois plans directeurs concernant la foresterie urbaine, les parcs et espaces publics ainsi que la conservation et la mise en valeur des milieux naturels.

Elle a ainsi acquis douze milieux naturels d’une superficie de 45 ha au cours de la dernière année, tels que l’île Locas, deux lots dans le bois de l’Équerre de même que la berge Armand-Frappier. 

Les secteurs en vert montrent le couvert forestier de Laval. En jaune, les secteurs protégés par différentes mesures, excluant le RCI de la CMM. CRÉDIT: Montage Métro, données tirées de cartes de la CMM.

De plus, la Ville a instauré une réglementation sur l’usage de pesticides et octroyé une subvention de 500 000 $ à l’organisme CANOPÉE: Le Réseau des bois de Laval, pour la réalisation de projets de plantation afin de lutter contre les îlots de chaleur et augmenter la canopée.

Un arsenal de moyens 

La Ville de Montréal agit aussi en faveur de la protection des milieux naturels et de la préservation de la biodiversité. 

«La préservation des milieux naturels est prioritaire pour la Ville de Montréal. Afin d’augmenter à 10% la part de milieux naturels protégés sur le territoire, des investissements sont prévus pour la préservation des boisés, des habitats ainsi que des milieux humides et hydriques», déclare la relationniste de la Ville de Montréal Mélanie Dallaire.

Le Grand parc de l’Ouest s’étend notamment sur 3000 ha, ce qui équivaut à quatre fois la taille du mont Royal. Il regroupe l’Anse-à-l’Orme, le Bois-de-L’Île-Bizard, le parc agricole du Bois-de-la-Roche, le Cap-Saint-Jacques et les Rapides-du-Cheval-Blanc. D’autres secteurs d’intérêt sont répartis sur les territoires des arrondissements et des villes liées, à savoir Pierrefonds-Roxboro et L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève, les villes de Sainte-Anne-de-Bellevue, de Kirkland et de Beaconsfield, ainsi que le village de Senneville.

Plusieurs mesures différentes sont déployées pour lier tous ces territoires. En octobre 2019, Montréal a acquis un terrain de près de 10 ha à Sainte-Anne-de-Bellevue, par exemple. La Ville s’est aussi entendue avec au moins une partie des entrepreneurs qui souhaitaient développer le secteur de Pierrefonds-Ouest. L’Île-Bizard a aussi récemment été reconnue comme «paysage humanisé», un statut qui lui est propre au sein de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles. La réserve forestière Arboretum Morgan consolide ces terrains avec 245 ha, qui comprennent 25 kilomètres de sentiers et une diversité de paysages.

Les secteurs en vert montrent le couvert forestier de l’ouest de l’île de Montréal. En jaune, les secteurs protégés par différentes mesures, y compris le RCI de la CMM. CRÉDIT: Montage Métro, données tirées de cartes de la CMM et de la Ville de Montréal.

Des tensions peuvent cependant survenir entre les propriétaires des terrains et l’administration municipale. Une partie des promoteurs immobiliers du projet de Cap-Nature ont ainsi poursuivi la Ville et Valérie Plante pour plus de 170 M$ en Cour supérieure, en septembre 2019. 

Dans un autre dossier, la Ville a utilisé le zonage pour atteindre ses objectifs. L’administration Plante a accordé le statut d’espace vert à la section sud du Golf Métropolitain Anjou, empêchant la plupart des types de développement sur ce terrain.

Deux nouveaux règlements de la CMM

En revanche, le RCI 2022-96 de la CMM, adopté ce printemps, met temporairement les milieux naturels d’intérêt métropolitain à l’abri d’un développement résidentiel, commercial ou industriel. Il vise les milieux terrestres, les milieux humides et l’habitat de la rainette faux-grillon de l’Ouest. Adopté en avril, il doit normalement protéger la grande majorité des milieux naturels du Grand Montréal.

Un autre RCI, sujet à approbation par le gouvernement provincial, vise à assurer la protection de secteurs qui peuvent être reconvertis en espaces verts ou en milieu naturel. Six terrains de golf, situés à Belœil, Candiac, Chambly, Mascouche, Rosemère et Terrebonne, sont essentiellement ciblés.

Au moins 22,3% du territoire du Grand Montréal fait désormais l’objet d’une mesure de protection.

Les RCI ne garantissent toutefois pas une protection permanente. Ils permettent à la CMM d’identifier les moyens à mettre en œuvre afin de concrétiser les choix effectués en matière de protection et de mise en valeur des composantes naturelles d’intérêt métropolitain.

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