C’est quoi ça, l’aftercare?

Aftercare, c’est un mot anglais qu’on pourrait traduire de façon très littérale par «prendre soin après». Après quoi? Pas après un coup de soleil ou une vilaine grippe. Nenon. C’est plutôt après une séance de BDSM ou, pourquoi pas, après un moment câlin plus vanille.  

«L’aftercare, c’est un mot anglais qui décrit les pratiques post-séance de BDSM où on va prendre soin de la personne soumise», explique la sexologue Catherine Desjardins, qui se spécialise entre autres dans les sexualités alternatives.  

Mais pas besoin d’aimer les fouets ou les menottes pour s’intéresser à l’aftercare, croit Myriam Daguzan Bernier, la sexologue derrière la page Instagram La tête dans le cul: «Si on installait l’aftercare dans toutes les relations, il y a bien des affaires qui ne se passeraient pas tout croche et il y a des conversations importantes qui auraient lieu.» 

OK, mais c’est quoi, au juste? 

L’aftercare peut être ce qu’on veut. Dans les milieux BDSM, les personnes ont tendance à communiquer leurs besoins à l’avance, puisque tout le monde n’a pas les mêmes.  

Il y a des gens qui vont préférer recevoir de la nourriture et de l’eau, d’autres vont vouloir des caresses et profiter d’un moment tendre. Il y a aussi des gens qui préfèrent juste avoir la paix et être dans leur bulle. D’autres encore vont vouloir discuter de la scène.

Catherine Desjardins, sexologue 

En fait, l’idée est simplement de se donner du temps et de l’espace pour revenir à soi et laisser la tension redescendre.  

Selon certaines recherches, une foule d’hormones et de neurotransmetteurs entreraient en jeu lors d’une scène de BDSM. Testostérone, cortisol, endorphine, dopamine, adrénaline, norépinéphrine, ocytocine, mélatonine, endocannabinoïdes… le high procuré peut être si intense que certaines personnes ne peuvent carrément pas se tenir debout, d’où l’importance d’en prendre soin.  

Et le sexe vanille dans tout ça? 

Un peu comme le consentement est arrivé dans le monde BDSM longtemps avant d’être compris du reste de la population, l’aftercare pourrait être pertinent pour les gens aux pratiques sexuelles plus conventionnelles, croient les deux sexologues. 

«Probablement que les gens font déjà de l’aftercare sans s’en rendre compte, pense Myriam Daguzan Bernier. J’ai vu une fille sur TikTok qui disait qu’après une pratique sexuelle, elle et son partenaire jouaient à des jeux vidéo ensemble. C’était leur moment pour relaxer. Ça peut aussi être bien d’autres choses: un massage, un souper… quelque chose pour ne pas retourner dans son quotidien tout de suite.» 

À son avis, l’aftercare peut aussi être spécialement intéressant pour les gens qui vivent le «blues post-sexe», aussi appelé la «dysphorie post-coïtale», c’est-à-dire un moment de déprime après une activité sexuelle, que ce soit parce qu’elle a éveillé des émotions fortes ou même des traumatismes.  

Une question de communication 

Quelle que soit la forme que prend l’aftercare ou les raisons pour le pratiquer, son intérêt est aussi communicationnel. En BDSM, une fois que tout le monde est revenu à soi, les personnes impliquées prennent un moment pour revenir sur la séance, discuter de ce qui était bien et de ce qui l’était moins.  

Amener l’aftercare dans d’autres types de relations pourrait favoriser ce type d’échange. «Je pense que la partie manquante dans les rapports sexuels, c’est la discussion qui suit, lance Catherine Desjardins. Revenir sur ce qui vient de se passer, se parler pour voir ce qu’on a apprécié ou pas, discuter de ce qu’on peut faire différemment la prochaine fois… Ça manque de communication, alors que dans le BDSM, c’est ce qui est mis de l’avant.» 

Myriam Daguzan Bernier est bien d’accord: «La base, c’est juste: communiquons! Les gens sont gênés de parler de sexualité, mais c’est comme pour n’importe quoi. Si on ne dit pas ce qu’on veut, les autres ne le devinent pas.» 

Se parler davantage de ses désirs et de ses besoins, ça permet aussi de ne pas se centrer sur le plaisir d’une seule personne. Après tout, aftercare, ça rime un peu avec égalitaire.