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Récession et scolarité

Photo: Getty Images

Travailler sans diplôme est risqué, surtout en période de ralentis­sement économique. C’est ce que montre une étude récente de Statistique Canada.

Cette étude (Le ralentissement économique et le niveau de scolarité), parue au mois de juin, porte sur les impacts de la récession de 2008 et de 2009 sur le chômage des travailleurs canadiens selon leur niveau de scolarité.

Or, selon les résultats, le nombre de travailleurs qui n’avaient pas de diplôme d’études secondaires a diminué de 10,2 % au cours de ces deux années. Les travailleurs qui avaient terminé une formation de niveau secondaire, y compris les diplômés de la formation professionnelle, ont aussi vu leur nombre diminuer, mais seulement de 3,6 %. Quant aux travailleurs possédant un diplôme collégial ou universitaire, leur nombre est resté stable, quasi inchangé pendant ces deux années de récession.

Les décrocheurs sont donc ceux qui souffrent le plus du chômage durant une récession, alors que, de l’autre côté, ceux qui ont terminé une formation après leur secondaire sont peu ou pas affectés.

L’étude montre également qu’une fois la récession passée, ceux qui n’ont aucun diplôme ont de la difficulté à retrouver un emploi. En effet, en 2011, après la fin de la récession, le nombre d’emplois parmi les travailleurs n’ayant aucun diplôme était moindre qu’en 2008, juste avant la récession. La différence était de 14,5 %.

À l’inverse, les travailleurs diplômés des collèges et des universités ont vu leur nombre augmenter en 2011 par rapport à 2008. Pour les diplômés du collégial, l’augmentation était de 5,1 %; elle était de 8,8 % pour les détenteurs de baccalauréats ou de diplômes universitaires avancés.

Ces chiffres convainquent que le diplôme est la meilleure protection contre le chômage qu’un travailleur puisse posséder pendant une récession. Durant une période difficile, l’employeur peut laisser partir un travailleur non diplômé sans trop s’en faire, car il sait bien qu’il pourra toujours le réembaucher (ou un autre comme lui) lorsque viendront des jours meilleurs. Il ne peut pas en dire autant de ses employés les mieux qualifiés, surtout s’il a eu de la difficulté à les recruter. Il aura donc tendance à les conserver malgré le ralentissement des activités, de peur de ne pas pouvoir les remplacer lorsque celles-ci reprendront.

Ces résultats intéressants méritent d’être nuancés. En effet, nous savons que, parmi les diplômés universitaires qui travaillaient, en 2011 toujours, le salaire n’avait augmenté que de 2 % depuis 2000 (voir ma chronique du 20 juin sur la valeur des diplômes).

Si leur diplôme protégeait leur emploi, apparemment, il ne garantissait pas l’augmentation des revenus. Nous savons aussi que plusieurs jeunes diplômés universitaires peinent à trouver un emploi lié à leurs études et acceptent des postes mal rémunérés. Il est donc possible que certains travaillent durant une récession, mais pas à un salaire reflétant leur niveau de formation.

La morale de l’histoire semble donc être la suivante : mieux vaut posséder un diplôme collégial ou universitaire durant une récession, car mieux vaut travailler à petit salaire que pas du tout!

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