Véronique Rivest, athlète de la sommellerie
La Québécoise Véronique Rivest s’est taillé un nom en sommellerie : Meilleure Sommelier du Canada en 2006 et en 2012, Femme du vin en 2007, et le dernier en date, Meilleure Sommelier des Amériques. Un titre qui lui permet de représenter le Canada et les Amériques au concours mondial du Meilleur Sommelier, qui se déroulera au Japon du 26 au 29 mars.
Métro s’est entretenu avec la sommelière en pleine préparation mentale et physique.
Comment vous êtes-vous sentie après avoir remporté en octobre dernier le titre de Meilleure sommelier des Amériques?
Ç’a été une vraie satisfaction. C’était une première! Il m’avait glissé des doigts en 2009. En septembre dernier, j’ai gagné le concours du Meilleur Sommelier du Canada pour une seconde fois en six ans. C’était déjà énorme pour moi!
Vous avez plus de 20 ans de métier. Comment avez-vous débuté?
C’est difficile à dire. J’ai eu mon premier job en restauration à 16 ans, tout en continuant mes études : un bac en langues et littérature moderne et un MBA en commerce international. Ça n’avait aucun rapport avec le vin. Mais très vite, j’ai acquis un goût pour la restauration et particulièrement le service. Et puis j’adore manger! (Rires) Donc, je me suis passionnée pour la bouffe puis ensuite pour le vin.
Pourquoi avoir choisi la sommellerie?
C’est un domaine dans lequel je peux continuer à apprendre. J’ai toujours aimé ça. Grâce à la sommellerie, je fais de la géographie, de l’histoire, de la géologie, de la chimie. C’est incroyablement vaste comme domaine.
Après toutes ces années dans le domaine, vous devez en connaitre un rayon?
C’est tellement vaste qu’on ne finit jamais d’apprendre. La masse d’informations n’arrête pas de se multiplier. Parfois je me dis qu’il faut que j’arrête. Il y a 40 ans, il n’y avait que Bordeaux, la Bourgogne et l’Italie. Mais aujourd’hui, on fait du vin partout dans le monde, en Chine, au Texas, au Brésil, en Thaïlande.
Justement sur les tablettes on trouve des vins produits partout dans le monde, mais tous ne sont pas bons…
C’est certain qu’il y a des vins meilleurs que d’autres. Personne n’a le monopole de la qualité. Il y a autant de piquette en France qu’il y en a ailleurs. Mais l’avancée de la science et de la technologie font en sorte qu’il n’y a presque plus de mauvais vin aujourd’hui.
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Vous faites partie des rares femmes à évoluer à l’international. Ce n’est pas difficile d’être dans un univers très masculin?
Ici, le milieu est autant féminin que masculin. Mais ce n’est pas partout comme ça. Il y a des endroits très macho, où la profession est essentiellement dominée par les hommes, et on nous regarde un peu de travers, parce qu’on est des femmes. Mais c’est de moins en moins le cas. Au concours du Meilleur Sommelier des Amériques, on était 7 femmes sur 20 participants, ce qui est beaucoup mieux réparti qu’au mondial de 2010, où on était 7 sur 54.
En mars prochain, vous participerez au 14e concours mondial du Meilleur Sommelier. Si vous l’emportez, vous serez la première femme à obtenir ce titre.
Oui, en effet, il n’y a jamais eu de femme ayant remporté le titre mondial. D’ailleurs, aucune femme ne s’est rendue en finale. Mais il n’y a jamais eu non plus quelqu’un du continent américain à remporter ce titre. Alors, si je pouvais me rendre dans le top 3, ça serait extraordinaire. Je me sentirais extatique!
Comment se positionne le Canada à l’échelle mondiale?
Le niveau en sommellerie est élevé au Canada. Même si pendant très longtemps le concours a été dominé par les Européens, on a eu, à deux reprises, des Canadiens en finale : François Chartier et Alain Bélanger – arrivés troisième tous les deux. Quand il y a un Canadien dans une compétition internationale, tout le monde est sur ses gardes parce qu’il y a de la concurrence.
Vous faites souvent des analogies avec le sport. Diriez-vous que votre préparation au concours mondial est digne de celle d’une compétition sportive?
Oui! Et, comme pour n’importe quelle compétition, il faut gérer son stress. C’est une grosse partie de la réussite de ces concours. Je consulte même un psychologue qui coache des athlètes de haut niveau. On a beau avoir les meilleures connaissances, si mentalement ou physiquement ça ne va pas, ça n’ira pas.
Il ne faut pas seulement maîtriser les vins…
Non. Il faut connaître les spiritueux, les liqueurs, les bières, le saké et aussi le thé, le café, l’eau plate, l’eau gazeuse ainsi que les jus. Il faut également connaître la base des cuisines du monde entier.
Pensez-vous avoir vos chances?
Oui, absolument! J’ai été deux fois en demi-finale. C’était proche en sapristi (sic)! Et puis, j’évolue à l’international depuis assez longtemps pour savoir où je me situe. C’est certain qu’il y a énormément de travail, beaucoup de talent, mais aussi une grand part de chance, comme pour n’importe quel concours.
Tout le monde a-t-il les compétences pour devenir sommelier ?
Tout ce qui touche au métier de sommelier peut s’apprendre et n’importe qui peut réussir. C’est sûr qu’il y a des talents différents et des odorats développés, mais je dis souvent que je ne suis pas la meilleure dégustatrice qui soit. Mais à force de travail et de rigueur pendant plus de 15 ans, j’y suis arrivée. Alors quiconque passe autant de temps à maîtriser ce qu’il fait va réussir. Par contre, la sommellerie, c’est avant tout un métier de service. Et si on n’a pas de plaisir à le faire, ce n’est pas la peine de se lancer.
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Ses coups de cœur
Bulles
Le Crémant du Jura Tissot
Pays : France (Jura)
Accords : Parfait avec des poissons ou des fruits de mer.
Code SAQ : 11456492
Prix : 22,25 $
Vin rouge
Clos de La Briderie
Touraine Mesland 2009
Pays : France (Vallée de la Loire)
Accords : Parfait avec de la charcuterie, du poulet rôti, de la comfort food en général.
Code SAQ : 00977025
Prix : 15,75 $
Vin blanc
Moschofilero Tselepos Mantinia 2011
Pays : Grèce (Péloponnèse)
Accords : Parfait avec du poisson et des fruits de mer. Idéal comme apéro.
Code SAQ : 11097485
Prix : 18,15 $